Les chiffres de la déperdition scolaire, en Algérie, font peur. Selon une enquête du ministère de l’Education nationale, le taux de redoublement est de 20% des effectifs, à l’échelle nationale, et avoisine les 30% dans les collèges et lycées, 8,5% dans le primaire, qui connaît, également un taux de déperdition de 2,34%.
Nedjadi Messeguem, Inspecteur général au ministère de l’Education nationale a estimé, hier, mardi que «ce sont des indicateurs alarmants». Dans un entretien à la radio nationale, il a reconnu que «nous avons constaté qu’au niveau des parties importantes du cursus scolaire, il y a des taux de redoublement importants, que nous avons identifiés, et nous menons une stratégie globale pour réduire ce phénomène». L’Inspecteur général du ministère de l’Education nationale explique que «ce n’est pas un problème social, mais pédagogique, car le système pédagogique est défaillant». M. Messeguem précise que le système pédagogique national est défaillant parce qu’on ne prend pas «en charge les élèves en difficulté». Il citera, ainsi, le taux de 30% de redoublants en 1re année moyenne, et «cela nous pose problème». «Ce passage nous pose problème. «, a-t-il ajouté, avant de relever que «le système doit se réguler et trouver une solution immédiate, car le problème affecte sérieusement, le budget du ministère de l’Education nationale.»
Selon M. Messeguem, à titre d’exemple, le redoublement en 1re année secondaire coûte 6% du budget global du ministère, et 9% entre déperdition scolaire et redoublements. Pour lutter contre ce phénomène, il a annoncé que le ministère de l’Education nationale a mis en place «une stratégie de nationale de remédiation, on est en train de former nos inspecteurs du primaire pour lutter contre ces phénomènes. «En bout de course, il n’y a que 50% des élèves, qui arrivent au BAC, le reste est perdu en cours de route. Grosso modo, la déperdition scolaire se chiffre à la perte de 200.000 élèves par an, avec une proportion importante dans le moyen et le primaire. «Nous avons une population entre 6 ans et 15 ans qui quitte l’école chaque année, on va mettre, en place, bientôt un programme de reprise des enfants déscolarisés, qui ont quitté l’école, de façon libre, par leurs parents, qui doivent les mettre à l’école obligatoirement». Au primaire, les chiffres sont entre 80.000 et 90.000 élèves, soit 2% du global national.
Une enquête conjointe UNICEF-ministère de l’Education nationale, rendue publique, en juin dernier, sur les enfants hors système scolaire a révélé que «497.000 enfants, âgés entre 6 et 16 ans ne sont pas à l’école (cycles primaire et moyen), en Algérie, avec un taux de 4,5 % du nombre total des enfants, en âge légal de scolarité».
Par ailleurs, M. Messeguem a annoncé que le ministère va mettre en place, en 2016-2017, de nouveaux programmes pédagogiques, qui ont trait aux valeurs. «Nous mettons en exergue toutes les valeurs morales que la constitution et les différentes lois mettent en valeur», a-t-il dit, ajoutant qu’ «on va mettre en place un système où chaque enfant sera suivi, avec ses compétences, par ses enseignants. Ces nouveaux programmes de seconde génération sont issus d’un diagnostic qu’on a fait, c’est-à-dire une correction dans les programmes et la pédagogie, et sont plus cohérents.» Il explique, en outre, que «c’est un nouveau dispositif qu’on met en place et qui aura une plus-value sur l’enseignement des élèves.»
Sur la surcharge des classes, qui est, actuellement, gérée par la double vacation, M. Messeguem a reconnu que «nous avons un retard dans les réalisations, qui se traduit par une surcharge dans les classes.»
L’Inspecteur général du ministère de l’Education nationale reconnaît par ailleurs, sur le niveau moyen des enseignants, que «les recrutements ne sont pas conformes à nos attentes», et a précisé, sur le dialogue social que la mise en place de la charte de l’éthique «a permis d’apaiser le dialogue qui était très tendu, et la ministre a pu faire accepter un ensemble d’idées aux syndicats, pour aller vers une école de la perfection.» Le même responsable a indiqué, enfin, que le ministère est en train de préparer un nouveau cahier des charges pour que les écoles privées soient réalisées, selon les normes du ministère de l’Education.