La grève dans les établissements du primaire est partie pour durer au vu de l’impasse à laquelle a abouti la réunion, tenue durant le week-end, entre la tutelle et la coordination nationale des enseignants du primaire.
Cette coordination a décidé, en effet, de reconduire sa protestation pour trois autres jours de grève à partir de demain lundi et le boycott des examens du premier trimestre dans ce qui peut s’apparenter à un début de pourrissement dans le cycle primaire de l’Education nationale. La même coordination a annoncé également un rassemblement de contestation demain (lundi) devant l’annexe du ministère de l’Education nationale à Ruisseau (Alger).
Mettant sur la table des revendications socioprofessionnelles et d’autres d’ordre pédagogique, la coordination des enseignants du primaire n’a pas eu ce qu’elle attendait de la tutelle à l’occasion de la réunion marathon qui aura duré 13 longues heures, selon un communiqué de la même coordination. Cette dernière fait état de la reconnaissance par des représentants de la tutelle de la « légitimité » des revendications, mais qui n’a formulé que des engagements « oraux». Les représentants de M. Belabed à cette rencontre ont défendu l’idée selon laquelle «la plupart des revendications ne relèvent pas que du ressort du ministère notamment celles relatives au statut».
Cette séquence de dialogue intervient, faut-il le souligner, après un durcissement du ton de la part du ministre de l’Education nationale qui avait brandi la menace de licenciement contre les enseignants grévistes. Le ministre avait formalisé sa menace dans une correspondance aux enseignants exhibant un risque de licenciement en cas de deux jours d’absence consécutifs et dans le cas où les grévistes ne « rejoindraient pas leurs postes dans les plus brefs délais». Les enseignants grévistes ont été par ailleurs destinataires des mises en demeure qui ont été remises aux directeurs d’établissement primaire en grève.
A cela s’ajoutent des ponctions sur salaires subies depuis le début de leur mouvement par les enseignants grévistes ainsi que des mesures dissuasives de l’administration notamment les menaces d’exclusion.
Provoquée à la surprise générale à la mi-octobre, la grève des enseignants du cycle primaire a été lancée par des appels anonymes partagés sur les réseaux sociaux sans que l’opinion publique ni les parents d’élèves ne sachent de qui émanait l’idée du débrayage. Les organisations syndicales du secteur, notamment celles représentatives dans le cycle primaire, si elles se démarquent de l’action, n’en font pas plus pour clarifier une situation pour le moins confuse dans un secteur où elles sont censées encadrer toute action de contestation syndicale. Dans leur plateforme de revendications, les enseignants du primaire réclament la révision du décret exécutif n° 12/240 portant le statut principal des corps communs de l’Education nationale, le reclassement, l’augmentation des salaires et la réduction du volume horaire. Dans le chapitre des doléances d’ordre pédagogique, ils exigent l’amélioration des conditions de travail et les moyens pédagogiques nécessaires comme ils demandent également l’uniformisation des fiches techniques et des approches pédagogiques pour les manuels scolaires de tous les niveaux du primaire. Ils réclament, dans le même registre, la limitation des missions des enseignants du primaire au volet pédagogique uniquement et de les dispenser des séances d’éducation sportive ou de surveillance des élèves.
Nazim Brahimi