À j-2 du match Égypte-Algérie, la capitale est aux couleurs du onze national.
Des drapeaux placés aux quatre coins de la ville et une ambiance festive sont observés dans les rues d’Alger.
Voitures frappées des rubans rouge, vert et blanc avec des filles à bord déployant au vent l’emblème national et le tout sur fond de musique et des youyous qui fusent de part et d’autre. Malgré l’atmosphère festive, les algérois sont un peu sous tension ; ils ont tous le cœur serré et craignent une défaite face aux Pharaons. Mohammed, étudiant en interprétariat, rencontré devant la faculté centrale, est optimiste. “on n’a pas besoin de gagner, un match nul nous suffira. On fera 1 à 1 et avec l’aide de Dieu, on se qualifiera”, prie-t-il. “j’ai tout un programme le jour du match. Je verrai le match avec les jeunes du quartier, il y aura un écran géant, de la musique, des drapeaux, la totale quoi.” Cette “positive attitude” n’est pas partagée par l’ami de Mohammed, qui pense que les Verts vont perdre. Il argumente ses propos en disant qu’il n’est “pas trop foot”, et du fait que plusieurs joueurs sont blessés.
Par ailleurs, ils soulignent que grâce au football, les algériens sont heureux et s’aiment. “L’équipe nationale a réuni les algériens. Faire oublier les problèmes aux algériens c’est le plus important.” Même son de cloche pour une étudiante en interprétariat. “D’habitude, je ne suis pas le foot, mais cette fois-ci, c’est différent. Je suis stressée et j’ai peur qu’on perde contre les égyptiens. Je ne doute pas de la qualité du jeu de nos poulains, mais il ne faut pas oublier que c’est une grande équipe qu’il y a en face.” Un groupe de jeunes chômeurs rencontrés à la rue Maurice-Audin, croient en la victoire. “Avec les résultats réalisés jusqu’à l’heure, nous avons toutes les chances de gagner. Le moral est au beau fixe, nous n’avons aucune pression, contrairement aux égyptiens, de plus la qualité de jeu du onze national est meilleure que celle des Pharaons. Nous avons un jeu professionnel et on gagnera avec un score de 1 à 0”, ont-ils pronostiqué. L’un des jeunes suivra le match à la cité universitaire, où il nous rapportera avec fierté que plusieurs chambres sont transformées et que la cité-U vit au rythme du match. “Plusieurs étudiants ont accroché le drapeau national dans leur chambre. Tout le monde ne parle que de la rencontre de samedi. De plus, pour la rencontre, la direction va installer un écran géant dans la cour, on verra le match tous ensemble”. Bouzid, qui est un mordu du ballon rond, rencontré dans un café à la rue Larbi Ben-M’hidi, affiche un sentiment mitigé entre la confiance et la crainte de ce que réservent les supporters égyptiens à nos compatriotes. Pour lui, ce sera une rencontre très difficile, même si les algériens ont une grande chance de vaincre les pharaons. “Les égyptiens savent que nous avons plus de chances de remporter la rencontre, alors ils ont sorti la rencontre de son cadre ; la presse égyptienne fait dans le chauvinisme extrême. Ils veulent nous faire peur et nous terroriser. Ils ne gagneront jamais 3 à 0, car pour leur malheur, nous avons une équipe qui se réveille au bon moment, contrairement à eux. Je déplore toute cette animosité à notre égard, car quel que soit le résultat, ce n’est qu’un match de foot.” Notre interlocuteur a aussi exprimé son inquiétude face à ce qui attend les supporters algériens à Oum Dounia et l’accueil qui leur sera réservé. “Que Dieu soit avec les 2 000 algériens qui vont assister au match au Cairo stadium. Ils devront faire attention, car la guerre ne sera pas que sur le terrain ; ils risquent d’être agressés”, redoute-t-il. La “fièvre des verts” s’est emparée de tout le monde, partout où on va, on entend des jeunes, garçons ou filles, fredonner des chansons composées spécialement pour la rencontre de samedi. Liamine, jeune âgé de 16 ans, rencontré chez un disquaire, venu acheter un des nombreux CD concoctés pour soutenir l’équipe nationale, ne cache pas son stress : “je n’ai pas peur, mais je crains la défaite. On gagnera Inch’Allah.” Un sentiment paradoxal mais compréhensible. En effet, le jeune nous a confié que dans un match de foot, comme dans tous les sports d’ailleurs, tout est possible. “Pour le match, et avec les jeunes du quartier à Belouizdad, nous avons tout préparé : des fumigènes, des drapeaux et nous avons même peint trois voitures avec les couleurs du drapeau national. on suivra tous ensemble le match. Ce sera un jour de fête et le plus important, c’est la qualification ; si on la décroche, on défilera trois jours et trois nuits”, nous a-t-il confié. Pour sa part, Mme Charef, fonctionnaire et mère de 4 garçons, qui était en train d’acheter des CD, nous a révélé qu’elle a peur. “J’ai vraiment peur que mon cœur lâche. L’amour du pays coule dans mes veines. Et avec l’aide de dieu, on gagnera Inch’Allah.” Elle a ajouté qu’elle va voir la rencontre avec toute sa famille. “Nous allons préparer un dîner comme on le fait lors des fêtes. Il y aura la famille au complet.”
La ferveur des supporters du onze national est montée crescendo ces derniers mois. pour la rencontre de samedi, bien que le stade ne compte que 2 000 supporters, les joueurs algériens savent que 32 millions de cœurs ne battront ce jour-là que pour les soutenir afin de décrocher la qualification tant attendue pour le mondial.