«L’emblème qui se vend sur le marché provient soit de Chine ou de spéculateurs qui se sont empressés pour en confectionner à l’occasion, sans aucun respect des normes et des règles».
Pour satisfaire cette ahurissante demande, les couleurs vert, blanc et rouge fleurissent sur des étals de commerce informel un peu partout, au bas des immeubles, dans les rues et les marchés.
Une question se pose alors, celle de la provenance des ces drapeaux. Certains vendeurs qui auront déployé tous les supports possibles et imaginables allant du petit pin’s à 50 DA jusqu’au drapeau géant de 8 m x 4,5 m cédé à 2 000 DA, diront les avoir acquis chez des grossistes et confectionneurs convertis pour la circonstance (la participation de l’équipe nationale aux sélections de la Coupe d’Afrique mais surtout de la Coupe du monde). D’autres, par contre, finissent par avouer qu’ils les (ndrl les drapeaux) «achètent chez des importateurs qui s’approvisionnent de Chine».
Ces emblèmes vendus ainsi dans une anarchie, sans aucun contrôle de quelque autorité qui soit, sont donc fabriqués en Chine. Où est donc passée la production nationale ? N’y a-t-il pas d’entreprises ou de sociétés spécialisées et agréées dans la confection de ce produit ?
La réponse est qu’elles sont une trentaine environ sur le territoire national, notamment à Aïn Defla, Khemis Miliana, Béjaïa, Constantine et Alger, à exercer et qui «peuvent largement subvenir à la demande nationale sans avoir recours à l’importation», affirmera un confectionneur contacté à ce sujet. En effet, ce dernier a une entreprise agréée de confection de l’emblème national depuis voilà une dizaine d’années.
Il dira que son entreprise, à l’instar des autres, «réalise le drapeau national dans une multitudes de formats pour le compte des collectivités locales, des hôpitaux, de divers organismes et de sociétés». A la question de savoir s’il approvisionnait aussi les grossistes et revendeurs de ce produit, notre interlocuteur répondra par la négative, soutenant que «l’emblème qui se vend sur le marché, provient soit de Chine ou de spéculateurs qui se sont empressés pour en confectionner à l’occasion, sans aucun respect des normes et des règles». Il rappellera à ce sujet les lois qui régissent la confection de l’emblème. Arguant que «les agréments sont donnés au compte-gouttes». Il poursuivra que «pour postuler et être autorisé à exercer cette activité, l’histoire et le passé de la famille ne doivent pas aller à l’encontre des valeurs de la Révolution». Il soulignera également, à propos de la vente parallèle du drapeau, que «la loi interdit d’imprimer le drapeau». Ce dernier, dira t-il, «doit être cousu après avoir assemblé le morceau de tissu blanc au vert, et au milieu le croissant et l’étoile rouges. Alors que ceux qui se vendent actuellement dans leur majorité sont imprimés».
Ainsi, la confection parallèle et surtout l’importation de ces produits de la Chine a fait que les importateurs «ont flairé le bon filon et ont depuis une dizaine d’années importé des quantités considérables sans aucun contrôle sur leur provenance», indiquera notre interlocuteur. Il soulignera à cet effet qu’«il aurait fallu accorder plus d’importance à ce créneau», relevant à ce sujet que son activité, tout comme ses confrères, «est en nette régression depuis l’invasion chinoise». Le chiffre d’affaires de son entreprise qui habituellement tourne autour de
1 500 000 de dinars par an, se trouve être à sa moitié parfois même à ses 3/4. Selon lui, «la trentaine d’entreprises existantes, même si elles ne font pas dans l’occasionnel, peuvent largement satisfaire cette demande si on les avait sollicitées». «Ce qui mettra un frein à l’insatiabilité des spéculateurs de tout bord qui ne ratent pas une occasion pour s’enrichir».
Pour leur part, en vendeurs avertis, les petits commerçants occasionnels questionnés sur les prix auxquels sont cédés ces drapeaux rétorqueront que «le drapeau de l’Algérie n’a pas de prix», refusant tout de même de les donner.
Quant à l’engouement de la population de tous âges et des deux sexes sur ce produit, ces marchands «de fortune» diront que «depuis 1982 (faisant référence à la Coupe du monde qui s’est déroulée en Espagne et où l’équipe nationale a enregistré d’excellentes performances à la surprise de tous), on n’a pas vu une telle demande».
L’un d’eux ajoutera que «c’est une question de nationalisme. Pour l’équipe nationale qui doit aller en Coupe du monde, le peuple algérien s’unit encore plus que pour une autre circonstance».
Par Hind Bensaid