Le Caire – Une bombe a été désamorcée samedi sur une voie ferrée et les militaires disent avoir tué 10 islamistes dans le Sinaï, dans une Egypte en proie à la violence depuis que l’armée réprime dans le sang les partisans du président destitué Mohamed Morsi.
Une «bombe artisanale», deux obus de mortier et une grenade reliés à un système de détonation, a été neutralisée par les démineurs de l’armée sur la voie ferrée qui relie la ville de Suez à celle d’Ismaïlia, le long du canal de Suez, ont indiqué à l’AFP des responsables des forces de sécurité.
L’engin visait, selon eux, un train qui devait passer là à 6h00 du matin, mais des habitants du village d’Abou Aref l’ont aperçu et immédiatement appelé l’armée.
Samedi également, des inconnus ont lancé une grenade, sans faire de blessés, sur un commissariat de police dans un quartier populaire du Caire, selon des responsables de la sécurité.
Jeudi, le ministre de l’Intérieur Mohammed Ibrahim avait échappé à un attentat à la voiture piégée au Caire et aussitôt mis en garde contre une «vague de terrorisme».
Le ministre est l’un des principaux maîtres d’œuvre de la sanglante campagne de répression des manifestations pro-Morsi depuis que l’armée et la police ont ouvert massivement le feu le 14 août sur deux rassemblements de partisans du président déchu au Caire, tuant des centaines de manifestants.
Un millier de personnes ont été tuées dans la semaine qui a suivi, des manifestants pro-Morsi pour l’immense majorité, et l’armée et la police ont arrêté plus de 2.000 membres des Frères musulmans, la confrérie islamiste de M. Morsi qui avait largement remporté les dernières législatives de 2012.
Les Frères continuent d’appeler à des «manifestations pacifiques» mais ne mobilisent plus guère, décimés ou désorganisés par l’emprisonnement de quasiment tous leurs leaders. La confrérie est accusée, depuis la destitution et l’arrestation de M. Morsi par l’armée le 3 juillet, d’«actes de terrorisme» par le nouveau gouvernement mis en place par les militaires.
Des experts ont prévenu que des mouvements islamistes estimant que l’élection démocratique des Frères musulmans et de M. Morsi en 2012 ont été «volées», pourraient se radicaliser rapidement et lancer une campagne d’attentats. M. Morsi doit être prochainement jugé notamment pour «incitation au meurtre» de manifestants.
Par ailleurs, samedi, l’armée a mené plusieurs frappes aériennes visant des combattants islamistes dans leurs bastions de la péninsule du Sinaï et déployé des blindés autour de leurs repaires présumés à Sheikh Zuwayid et près de la frontière avec le territoire palestinien de Gaza, ont assuré des officiers à l’AFP sans fournir de bilan.
Selon des responsables des services de sécurité, l’armée et la police ont tué «10 combattants islamistes», en ont blessé 20 et capturé 15 à Sheikh Zuwayid. Des hélicoptères d’attaque Apache ont été utilisés dans l’attaque.
Les opérations militaires ont redoublé d’intensité ces dernières semaines depuis que les attaques visant les forces de l’ordre ont connu une recrudescence dans le Sinaï après la répression sanglante des manifestations pro-Morsi.
Les autorités affirment régulièrement tuer de nombreux «terroristes» dans des frappes dans le Sinaï, mais il est impossible de vérifier la véracité de ces informations, les zones visées étant interdites d’accès par les militaires.
Mardi déjà, l’armée avait assuré avoir mené sa «plus grande offensive» aérienne dans le Sinaï et affirmé avoir tué au moins huit combattants islamistes.
Le 19 août, 25 policiers avaient été tués dans l’attaque la plus meurtrière depuis des années dans la péninsule.
Des groupes radicaux ont établi leurs bases arrières dans cette région majoritairement peuplée de bédouins aux relations difficiles avec le pouvoir central et théâtre en outre de multiples trafics le long de la frontière israélienne. L’armée égyptienne a également récemment bombardé des islamistes qui s’apprêtaient à tirer des roquettes sur Israël.
Depuis deux mois, quand les attaques contre les forces de sécurité ont redoublé, les militaires ont assuré avoir tué une centaine d’islamistes dans le Sinaï et affirmé que ces derniers ont tué 58 policiers, 21 soldats et 17 civils. Ces bilans sont impossible à vérifier de sources indépendantes.