Egypte / Législatives : en l’absence de l’opposition

Egypte / Législatives : en l’absence de l’opposition

Scrutin n La Commission nationale électorale a annoncé hier dimanche, qu’elles auront lieu entre le 17 octobre et le 2 décembre 2015.

Le chef de l’armée et aujourd’hui président, Abdel Fattah El Sissi, avait promis ces élections initialement prévues pour début 2014, mais l’annonce de la date avait été plusieurs fois reportée. Le Parlement, qui sera en place «avant la fin de l’année» selon le président de la Commission électorale Ayman Abbas, sera entièrement acquis au nouveau «Raïs» et le scrutin va essentiellement servir, selon les experts, à apaiser les partenaires occidentaux de l’Egypte qui veulent voir en Sissi le dernier rempart contre le «terrorisme islamiste». La nouvelle chambre unique comptera 568 députés, élus selon un scrutin mixte complexe, à la fois uninominal et de liste, en deux tours, d’après un calendrier solennellement annoncé par M. Abbas.

Ces législatives se dérouleront cette fois en l’absence quasi-totale d’opposition. Les 568 députés de l’unique chambre du Parlement égyptien seront élus au cours d’opérations de vote très complexes mêlant scrutin uninominal et de liste en deux phases, a annoncé devant la presse le président de la Commission électorale suprême. Les élections s’ouvriront le 17 octobre par le vote d’une partie des Egyptiens résidant à l’étranger, suivis, les 18 et 19 octobre par les électeurs de 14 des 27 provinces du pays. Ces électeurs de la première phase revoteront éventuellement les 26, 27 et 28 octobre pour départager les candidats admis au second tour. La seconde phase, concernant d’autres Egyptiens de l’étranger et les 13 autres provinces, aura lieu les 21, 22 et 23 novembre pour le premier tour, le 30 novembre et les 1er et 2 décembre pour le second tour. L’Egypte n’a légalement plus de Parlement depuis que la justice a invalidé en juillet 2012, juste avant l’élection de l’islamiste Mohamed Morsi à la présidence de la République, celui qui avait été élu après le soulèvement contre Hosni Moubarak début 2011 et qui était dominé par les partis islamistes -Frères musulmans et salafistes.

Le Parlement a plus ou moins continué à se réunir jusqu’à ce que Mohamed Morsi, premier président librement élu de l’histoire du pays, soit renversé par l’armée en juillet 2013 après de grandes manifestations contre son pouvoir. Les Frères musulmans, qui dominaient l’opposition en Egypte depuis près de  neuf décennies, ont été décrétés «organisation terroriste» en 2013, presque tous leurs dirigeants sont en prison et leur branche politique, le Parti de la  Liberté et de la Justice, est interdite d’élections. De même, les principales voix dissidentes laïques et libérales, en  particulier les leaders de la jeunesse révolutionnaire qui chassa Moubarak du  pouvoir en 2011, croupissent derrière les barreaux. L’avènement d’un «Parlement croupion» ne fait donc aucun doute pour les  observateurs : car M. Sissi, élu président en mai 2014 avec 47% de participation  et après avoir éliminé de la scène politique toute opposition, demeure  extrêmement populaire dans son pays.

R. I. / Agences