Depuis le 23 septembre dernier, les protestations de nombreux voyageurs, à la gare d’El-Affroun, sont pratiquement permanentes et le cahier de doléances s’emplit de revendications : toujours les mêmes. Elles portent sur la suppression de trains et d’arrêts, avec de longues attentes entre deux départs lorsqu’un voyageur a manqué de justesse un train. Malgré la dernière révision des horaires avec ajout de trains supplémentaires, le mécontentement subsiste.
Si les trains électriques ont suscité beaucoup de satisfaction et de soulagement du fait du confort qu’ils procurent et de la sécurité qu’ils assurent, il reste que la desserte en train, aussi bien vers la capitale que vers l’Ouest, demeure insuffisante. Les départs et les arrivées ont été récemment limités à la gare de Blida et certains trains, supprimés les jours de semaine pour circuler uniquement les week-ends et jours fériés.
Du reste, à peine les voyageurs s’habituent-ils à un horaire qu’il est changé. Il y a les horaires d’été, ceux du Ramadhan mais encore, si par le passé, le changement d’horaires se pratiquait tous les quatre ou cinq ans, à présent, il intervient tous les deux-trois mois, voire même tous les mois.
La dernière modification des horaires date du 14 octobre dernier, la précédente, du 23 septembre (soit moins d’un mois). Entre le départ du train El-Affroun-Alger de 9h55 et le suivant (12h50), il n’y a aucun train pour Alger, celui de 11h36 (un horaire qui convenait beaucoup) d’El-Affroun ne circule plus en jour de semaine, au grand dam des voyageurs qui l’empruntaient pour se rendre, notamment, aux hôpitaux d’Alger pour des visites de malades.
Dans le sens inverse, le départ du train ouvrier 1051-1052, Alger-Khemis Miliana, a été retardé d’une heure. De 16h15 d’Alger, par le passé, il démarre, à présent, à 17h15. Avec des arrêts à toutes les gares, il transportait une foule impressionnante d’ouvriers et d’étudiants.
Aujourd’hui, quand il atteint la gare d’El-Affroun, à 18h50, il repart avec, à peine, quelques voyageurs pour Khemis Miliana où il arrive bien après 20h, du fait du retard occasionné par la croisée des trains. Il fait, en quelque sorte, figure de train de nuit, d’où l’absence de voyageurs au départ de la gare d’El- Affroun.
Le choix de ce recul d’une heure pénalise les usagers d’El Khemis — des ouvriers, pour la plupart — dont certains prévoient, les beaux jours passés, de rester le soir sur leur lieu de travail. Ils dormiraient, s’il le leur était permis, sur le chantier ou encore dans un des hammams d’Alger, d’El-Harrach ou de Gué de Constantine. Le 1081-1082 Alger-Chlef dont le départ d’Alger était fixé à 15h et qui arrivait, à El-Affroun, à 16h12 a été supprimé. Il s’arrêtait à toutes les gares. Encore un train de moins.
La plaie reste la destination Alger-Oran et retour. Depuis deux ans, le train qui partait d’El-Affroun à 7h20 ne s’arrête plus à cette gare.
Les voyageurs venant de Cherchell, Tipasa, Hadjout, Bourkika, Boumedfaâ, Mouzaïa et de leurs environs prenaient le train à la gare d’El-Affroun pour se rendre à Oran. Aujourd’hui, ils doivent se déplacer jusqu’à la gare de Blida (soit 18 km plus loin). Quant au retour, ces mêmes voyageurs, avec souvent bagages, femmes et enfants, sont contraints, faute d’arrêt à la gare d’El-Affroun, de payer le trajet jusqu’à Blida. Un gros supplément !
De là, ils n’ont d’autre choix que de prendre un taxi (qu’ils devront trouver) pour se rendre à El- Affroun. “Dépenses d’argent, perte de temps et fatigue supplémentaire : c’est une aberration !” nous lance, excédé, un père de famille rencontré sur l’avenue de la gare de Blida avec des enfants en bas âge. Enseignant, il avait voulu profiter des vacances de novembre pour rendre visite à ses parents à Relizane.
“Ce voyage est toute une expédition. Je ne le referai plus avec mes enfants”, ajoute-t-il. Pour Oran, il n’y a plus que le train 1003 (1004, pour le retour) qui marque un arrêt à El-Affroun, une gare importante où tous les trains à destination d’Oran (soit depuis près de 130 ans) se sont toujours arrêtés. Il n’est pas rare, aujourd’hui, que, sur les quais de cette gare, des voyageurs voient passer des trains qui leur font le pied de nez pendant qu’ils font, eux, le pied de grue.
Une aberration, un non-sens. Une grosse frustration, surtout, pour tous ces usagers du rail pour qui ce moyen de locomotion était synonyme de confort, commodité, rapidité, facilité et, souvent, économie. La nouvelle gare flambant neuf est belle, propre, moderne et bien éclairée. Cela ne console pas pour autant des longues attentes entre un train et le suivant.
À 18 km de là, la gare de Blida, chef-lieu de wilaya, accueille omnibus, autorails, rapides, trains diesel, trains électriques…
Pour une meilleure rentabilité et une tendance à la satisfaction générale, la SNTF gagnerait à pousser départs et destinations jusqu’à El-Affroun, chef-lieu de daïra et, sans doute, bientôt, wilaya déléguée… Toutes les revendications vont dans ce sens.
Deux trains diesel (14h40 et 15h50) ont été rajoutés au départ de cette gare pour pallier les insuffisances, et le train de 7h45 qui mettait près d’une heure pour arriver à Blida (du fait de l’arrêt de
20 à 30 mn qu’il observait à Chiffa pour permettre le passage de l’autorail) prend, depuis deux semaines, son départ à 8h05. Il arrive, à présent, au temps réglementaire. Ces efforts restent, toutefois, insuffisants.
F. SEMAN