El Eulma : Opérateurs économiques, la longue attente des conteneurs

El Eulma : Opérateurs économiques, la longue attente des conteneurs

Otages des instructions du gouvernement, des dizaines d’opérateurs craignent la banqueroute en voyant leurs marchandises perdre de la valeur, puisqu’elles sont sous embargo dans les différents ports jusqu’à nouvel ordre. Les commerçants, qui jalonnent les rues marchandes et bruyantes d’El Eulma, que nous avons abordés n’étaient pas loquaces sur le sujet.

Nous avons beau essayer de les faire parler, le seul maître-mot qui revient, et pour des raisons que nous ignorons, était « je suis revendeur de deuxième main. J’acquiers la marchandise de l’importateur et je la revends. » Exception faite d’un seul opérateur qui a accepté de nous décortiquer la situation qui le touche et touche des dizaines comme lui. « Depuis vingt ans que j’exerce cette activité, je n’ai jamais vécu une situation pareille.

Mon dossier, à l’instar des dizaines de cas semblables, est bloqué au niveau de la banque Algeria Gulf Bank depuis le 12 juin 2017. Et à cet instant, aucun déblocage de situation ne se profile à l’horizon. On lit dans les journaux et on parle beaucoup à la télévision sur une imminente levée d’embargo, mais on ne voit rien venir », nous dit un importateur de tapis. Il poursuit : « Figurez-vous, de continent en continent, la marchandise met trois jours pour arriver ici, mais la banque, distante de quelques centaines de mètres de là, mettra je ne sais combien de temps pour nous remettre les documents.

La situation est vraiment pesante avec les charges et les employés à notre solde. Nous sommes de bons citoyens solvables qui payons régulièrement nos dus. Nous n’avons aucun souci avec le fisc ni autre institution, en retour, l’embargo doit être levé. » Même son de cloche à Bordj, où certains importateurs subissent le même contrecoup de l’embargo, d’autres sont épargnés. « On n’est pas concernés par les mesures qui touchent l’importation des produits alimentaires, agroalimentaires, électroménagers, meubles… Ce que nous importons est autorisé », se contente de nous dire M. Bougataya, importateur de mercerie et de textile.

La situation qui prévaut risque de paralyser toute la région et, par conséquent, l’économie nationale. Surtout pour une ville aussi dynamique qu’El Eulma, qui détient plusieurs atouts économiques qui font d’elle une plaque tournante entre les différentes régions du pays. Elle est à mi-chemin de Sétif et Constantine, deux villes aéroportuaires, et jouxte l’Autoroute Est-Ouest. Sa population connaît une croissance fulgurante, passant de 140 000 habitants en 2008 à 240 000 en 2014.

Toutefois, selon Reporters, dans son édition du 12 août, l’Association des banques et des établissements financiers (Abef) a instruit, jeudi, les banques de domicilier les importations des marchandises avant l’instauration du régime des licences et dont les documents d’importation prouvent la commande de la marchandise ultérieurement. En attendant, les opérateurs sont dans l’expectative.