“El Hadj Lakhdar a tué mon frère”. Les malades de l’hôpital de Kouba otages d’une sitcom

“El Hadj Lakhdar a tué mon frère”. Les malades de l’hôpital de Kouba otages d’une sitcom

Un homme est décédé à cause d’une sitcom ! Il ne s’agit pas d’un énième épisode de la successful série Urgences où le charmant Georges Clooney campe le rôle d’un urgentiste passionné par son métier, en prise avec le chronomètre pour sauver le plus de vies humaines possible.

Non, ce n’est pas de la fiction, le drame a eu lieu dans la vie réelle malheureusement, en Algérie. Précisément aux urgences de l’hôpital de Kouba, le 11 juillet dernier.

Ce jour là, Mme Djaouida Himrane transportait son frère qui était dans le coma et qui avait besoin d’être admis en urgence au service de réanimation dudit hôpital. Une fois sur place, le malade est mis sur un brancard dans le couloir du pavillon des urgences. On demande à sa sœur de patienter le temps que la salle de réanimation soit libérée…des caméras.

« Devinez pourquoi la salle de réanimation était inaccessible ? On tournait « L’hôpital de Hadj Lakhdar» ! Eh ben oui. Et ce tournage s’est Prolongé jusqu’à 22h alors que des dizaines, voire des centaines de malades n’étaient pas pris en charge !! Cela s’est passé le lundi 11 juillet 2011, et beaucoup de personnes peuvent témoigner ! » raconte Mme Djaouida.

La série en question est programmée par l’ENTV pour le mois de Ramadhan. Et bien sûr, il faut respecter les délais quitte à créer la pagaille dans le service public. Qui plus est, dans un service aussi vital que les urgences d’un hôpital.

Excédés par ce blocage, des malades et leurs familles font du forcing et libèrent la salle de réanimation. « Nous étions là bas en force et nous avons pu accéder à la salle de réanimation » dit Mme Djaouida. Et de préciser : « Mon frère n’est pas décédé suite à cette négligence, il est mort 48h après. Je mets en cause la série puisque c’était cette série qu’on tournait du matin à 22h ».

Qui est le responsable alors ? « Je n’incrimine pas le personnel médical et paramédical qui n’avait aucun pouvoir pour arrêter ce tournage. Ils étaient eux-mêmes perturbés et se plaignaient de ne pouvoir prendre en charge les patients. Le responsable à mon avis c’est la personne qui a autorisé une telle chose » répond la sœur du défunt, avant de s’interroger incrédule : « Pourquoi le service des urgences? ça s’appelle bien “Les Urgences”, on n’y va pas pour faire du tourisme ! ».

Mme Djaouida ne compte pas en rester là, elle a décidé de rendre public cette affaire. Elle a lancé un appel sur Facebook dans lequel elle demande la mobilisation de « ses amis » pour dénoncer « cet acte criminel » et pour que « justice soit faite ». Une pétition,- « Boycottons les productions”ElHadj Lakhdar”qui paralyse un hôpital »- a été lancée sur internet suite à son témoignage. La pétition sera envoyée au ministre de la santé et à la production de l’ENTV.

RAF