Un préavis de grève générale illimitée a été déposé après que plus de 5 000 travailleurs d’ArcelorMittal Annaba se sont prononcés pour un débrayage à partir du 20 juin.
Le vote a eu lieu à l’unanimité, jeudi, au cours d’une assemblée générale convoquée par le syndicat d’entreprise suite à l’échec des pourparlers menés des semaines durant avec l’employeur. Ce dernier s’est confiné dans un silence qui a contraint les travailleurs à opter pour le débrayage pour faire valoir leurs droits.
Intervenant devant une imposante assistance composée du collectif des travailleurs, le représentant du syndicat d’entreprise, M. Smaïn Kouadria, avait déploré la position on ne peut plus négative de l’employeur vis-à-vis de leur plate forme de revendications.
«Nous avons recouru, dit-il, à toutes les voies réglementaires possibles pour régler ce conflit social, malheureusement la direction générale est demeurée insensible (…)
Aujourd’hui, nous passons à une nouvelle étape qui s’inscrit dans le cadre logique du processus déployé pour satisfaire nos revendications. Aussi, une grève générale débutera huit jours après l’achèvement de la durée du préavis de grève que nous venons de voter à l’unanimité.»
Applaudi à maintes reprises par les syndicalistes venus, comme d’habitude, nombreux exprimer leur ras-le-bol d’attendre un dénouement tardant à venir, le représentant des travailleurs a affirmé que bien qu’il reste ouvert au dialogue et à toutes possibilités de règlement du conflit sans recours au débrayage, le syndicat ne fera pas marche arrière, et ce, jusqu’à la satisfaction de cette plate-forme de revendications. Fort de la mobilisation des travailleurs, Kouadria a évoqué également les messages de solidarité des syndicats de POVAL, ORFEE groupe BCR, EMB-FBR, CABEL, etc.
Il a rappelé particulièrement l’appel lancé par la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Mme Louiza Hanoune dans le cadre du soutien aux revendications des travailleurs. En plus, Mme Hanoune a interpellé le chef du gouvernement, M. Ahmed Ouyahia, pour soutenir les revendications des travailleurs et pour l’application stricte des dispositions de la tripartite, a-t-il tenu à souligner.
Aucun incident grave n’a entaché le déroulement du vote, a-t-on constaté, si l’on excepte certaines tentatives de dissuasion d’une dizaine de travailleurs. Ils se sont, d’ailleurs, vite rangés aux cotés de leurs camarades qui semblent déterminés à aller jusqu’au bout.
A signaler que la direction générale d’ArcelorMittal Annaba a placardé, mercredi dernier à travers toutes les unités du complexe sidérurgique, une lettre signée par Vincent Le Gouic, le gérant principal de l’entreprise, expliquant aux travailleurs les effets néfastes d’une nouvelle grève.
M. Le Gouic rappelle que la dernière grève de 9 jours avait occasionné de graves préjudices à la production. Il écrit que « la grève (de 9 jours, NDLR) nous a coûté 6 millions de dollars, soit 45 milliards de centimes ; nous avons perdu 36 000 tonnes de production. Un nouvel arrêt du haut fourneau pourrait être catastrophique ».
Pour le leader du syndicat d’entreprise ArcelorMittal, M. Smaïn Kouadria, que nous avons contacté : «Les travailleurs ont voté la grève générale et illimitée en présence d’un huissier de justice ; nous restons intransigeants devant nos revendications qui sont légitimes, particulièrement l’application de la convention de branche signée lors de la dernière tripartite.»
Nabil Chaoui