C’est avec une heure de retard que le président du mouvement El Islah, Filali Ghouini, s’est présenté ce mercredi 13 mars, devant une poignée de journalistes venus pour sa conférence de presse qui s’est résumée à une lecture d’un communiqué du parti. C’est au siège du mouvement, sis à Bir-Mourad-Raïs-Alger, que le président du parti islamiste, visiblement tendu, a expédié les réponses aux très rares questions (3) de journalistes présents dans une salle exiguë et défraîchie.
Il est vrai que le contexte des marches nationales à leur 20e jour n’incite pas les partis satellites du pouvoir à la sérénité d’autant qu’ils se trouvent forcés de se prononcer quant au Hirak qui a investi les villes du pays toutes catégories sociales et socio-professionnelles confondues. Rien pour l’heure n’indique un quelconque signe d’essoufflement ou de lassitude. Bien au contraire. Filali Ghouini qui prend fait et cause pour les partis de la coalition gouvernementale, et fervent soutien au 5e mandat pour Abdelaziz Bouteflika, s’invite à un exercice ardu de justification de son adhésion totale aux récentes initiatives et notamment au contenu de la dernière à la nation.
Les cadres d’El Islah ne pouvaient donc se dérober à l’interpellation de la société politique. La rue gronde et le mouvement se serait bien passé pour mieux se fondre dans son soutien pro-Bouteflika. Ainsi, les événements qui s’accélèrent ont poussé le dissident d’Ennahda de Abdallah Djaballah de réunir son bureau politique en une session extraordinaire. C’est sans surprise que le mouvement El Islah apporte sa caution à la démarche présidentielle, la qualifiant de réponse appropriée aux revendications du Hirak.
Le communiqué rendu public développe six points exprimant la position du parti islamiste en des termes plutôt lénifiants se félicitant des marches pacifiques, la maturité des Algériens, le professionnalisme des services de sécurité.
El Islah, faut-il s’en étonner, déclare clairement son adhésion au contenu de la dernière lettre de Bouteflika et notamment sa non-candidature à la prochaine élection présidentielle, le report du scrutin et la démission du gouvernement. Même appui aux réformes politiques préconisées et «demande plus de garanties» afin d’être en phase avec les revendications de» vastes secteurs» de la population.
La Conférence nationale préconisée dans la foulée du retrait du 5e mandat et à laquelle El Islah annonce sa participation, en tant que parti politique sérieux et responsable, est considérée ainsi comme une solution de sortie de crise. Fidèle à son allégeance au pouvoir, le parti de Filali Ghouini ne rate pas l’occasion d’affirmer son soutien au nouveau premier ministre, Noureddine Bedoui, et l’appelle à «concrétiser l’Etat de droit, le respect des libertés et l’activation des réseaux de communication entre tous les acteurs de la société».
El Islah déclare son adhésion à la feuille de route et estime que celle-ci n’est pas soutenue par toute la classe politique et qu’il faut donner les garanties nécessaires à la jeunesse par l’ouverture d’un débat entre tous les acteurs pour sérier les priorités et les inscrire dans des délais précis pour leur mise en œuvre. Le mouvement El Islah conclut sa déclaration par un appel aux Algériens et en particulier les jeunes à s’organiser dans des structures de représentations qu’ils soient dans les partis, les organisations syndicales et les associations afin, dit le parti islamiste, d’être représentés dans la Conférence nationale à venir. C’est là l’unique proposition du mouvement suite au conclave de plus de deux heures tenu hier.
Quant au reste, le mouvement El Islah démontre une fois de plus sa promptitude à s’aligner sur le pouvoir et reste sourd aux échos clairs et nets qui s’élèvent dans la rue, réclamant un véritable changement… à tout point de vue, banderoles brandies et slogans scandés sous une multitude de drapeaux au vent…
B. T.