Les morts du cimetière d’El Kettar, commune de Oued Koriche, ne reçoivent pas le respect qui leur est dû par les vivants. Ils ne peuvent, en effet, prétendre reposer en paix tant que les ordures entourent leurs tombes.
En entrant dans le cimetière d’El Kettar, sur les hauteurs de Bab El Oued, la première idée qui frappe l’esprit est qu’une fois le mort enterré, il est vite oublié parmi les déchets jetés par les passants ou les visiteurs qui n’ont pas conscience de la symbolique des lieux. L’entrée nord du cimetière est toutefois propre.
Peut-être que les agents postés ou le gardien du parking veillent à l’entretien. Histoire de laisser place aux visiteurs et de donner bonne impression aux automobilistes. A l’intérieur, on peut constater par-ci, par-là des déchets jetés à même le sol. Par endroits, le cimetière ressemble à une décharge sauvage. Même les restes de bois et d’herbes sauvages coupés par les agents d’entretien sont abandonnés dans les allées.
Les visiteurs auront parfois du mal à passer, ce qui les oblige à emprunter les petits espaces entre les tombes. Le simple citoyen grincerait des dents en voyant des tombes mal aménagées.
D’autres donnent l’impression qu’elles ont été endommagées par un séisme.
En réalité, beaucoup de familles de personnes décédées reviennent rarement sur les sépultures de leurs proches. Le manque d’entretien, la passivité, voire l’oubli laissent les tombes dans un piètre état.
Nous avons également pu constater que des tombes sont érigées sur une pente. Le relief accidenté d’El Kettar est bien connu des Algérois. C’est un cimetière aménagé sur une colline abrupte. Car du temps de la colonisation, les autorités françaises interdisaient aux musulmans d’enterrer leurs morts sur des terrains plats.
Autre fait, plus alarmant, la consommation de boissons alcoolisées à l’intérieur du cimetière. Selon des habitants du quartier, «des jeunes gens investissent les lieux, à la nuit tombée. Ils passent toute la soirée à s’enivrer. S’ils veulent boire, ils n’ont qu’à le faire dans des jardins publics ou dans des coins isolés», affirme un jeune résidant du secteur.
Mais, les dires de nos témoins ne sont pas vérifiés, puisque lors de notre visite, nous n’avons pas vu la moindre bouteille d’alcool. Enfin, il est à signaler que durant les fortes averses, on indique que des ruisseaux de boue coulent du haut du cimetière pour se déverser à la sortie des portes sud. Si les morts pouvaient parler, ils auraient demandé un transfert dans un autre cimetière plus propre et où l’on fait preuve de respect.
Mehdi B.