El-Madania : le Confort opère son lifting

El-Madania : le Confort opère son lifting

Selon le descriptif du planning des travaux, il est prévu de conforter les édifices, à commencer par le sablage des murs de façade d’immeubles et refaire l’étanchéité des terrasses ainsi que l’assainissement des caves.

Le Confort d’El-Madania s’offre un lifting qui permet d’atténuer l’empreinte de l’usure du temps et de gommer tant d’actes d’incivilités perpétrés contre ce fleuron de l’architecture. Pour ce faire, la municipalité d’El-Madania et la direction de l’aménagement et de la restructuration des quartiers d’Alger, la Darq de la wilaya d’Alger, coopèrent pour l’aménagement de ce qu’il y a de plus beau et de plus réussi au chapitre de l’habitat urbain. Quatre mois ! C’est le délai imparti au bureau d’études et à l’entreprise de réalisation pour offrir aux riverains un Belvédère remis à neuf.

“Outre l’aménagement d’espaces publics, notamment la plateforme du balcon qui relève de nos prérogatives, le descriptif du planning des travaux de la Darq prévoit de conforter les édifices. À commencer par le sablage des murs de façade d’immeubles et de refaire l’étanchéité des terrasses ainsi que l’assainissement des caves, dont la plupart sont inondées. De plus, le devis prévoit également l’installation d’une antenne parabolique collective afin d’en finir avec l’image d’immeubles hérissés d’assiettes de paraboles”, a déclaré Boughadou Malek, vice-président chargé de l’urbanisme et du service technique à la mairie d’El-Madania. De la sorte, le belvédère du Confort sera d’ici peu la destination privilégiée des Algérois, pour peu que l’APC ait fini d’installer les bancs publics. Au demeurant, c’est la résurrection du belvédère, dont la construction fut ordonnée, on s’en souvient, par Jacques Chevalier, l’ancien maire d’Alger, pour y loger les autochtones qui s’entassaient dans les bidonvilles aux alentours d’Alger.

Édifié et fortifié avec de la pierre calcaire sur la crête du plateau qui domine l’inégalable beauté de la baie d’Alger, soit à un vol d’oiseau de Maqam Echahid (le sanctuaire du martyr), le Confort est né sous le “T” de l’architecte Fernand Pouillon, à l’instar des 732 logements de Diar Essâada (les maisons du bonheur) et de Diar El-Mahçoul (les maisons de la promesse tenue) livrés en 1955, où l’on inventorie un parc de 1550 logements. Située sur l’avenue Aïchi (ex-Suez) qui dissocie et qui différencie l’habitat “indigène” dit évolutive de Diar El-Mahçoul, le Confort était réservé à l’époque innommable aux Français d’Algérie. S’il en est une preuve d’un relogement sélectif en ce temps-là, celle-ci est à chercher dans le féerique site qui offre l’exceptionnelle vue sur le jardin d’essai d’El-Hamma sis à Belouizdad (ex-Belcourt), élevé sur une terrasse et au pied d’une tour.

Les habitants du Confort s’aèrent présentement de son belvédère (ex-place de la Mer) et s’embaument des jardins luxuriants de la villa des Arcades. Mieux, les habitants du Confort s’offrent également à partir de la place centrale le bol d’air revigorant qu’ils hument à pleins poumons de Djenane Lakhdar, situé à un vol d’oiseau dans la traversée du quartier de l’ancienne Redoute d’El-Mouradia vers El-Madania, dénommé Ghrissi-Amar qu’est contigu au boulevard Lalla-Abderrahmane (ex-Frédéric-Lang). Seulement, tout n’est pas aussi rose que ça au Confort, comme le laisse entendre notre guide : “La main malintentionnée de l’homme a abîmé l’esthétique de la gravure de 40 m de hauteur et de 6 m de largeur, œuvre de l’artiste sculpteur Jean Amado (1927-1995), qui enjolivait les balcons de la tour-clocher du Confort que lui avait commandé Fernand Pouillon en 1957. D’ailleurs, ce n’est pas tout, du fait que le Confort fut spolié de sa fontaine aux chevaux, œuvre de Louis Arnaud, qui ruisselait sur la place de la Mer, soit au pied de la tour et qui représentait un Neptune emmenant un char tiré par des chevaux agiles et aériens.”

Aujourd’hui que l’on en parle, l’œuvre à l’aspect hellénique enjolive l’accès du palais des Raïs sis au boulevard Amara-Rachid à l’estuaire de Bab El-Oued, où avaient bivouaqués Hercule et ses compagnons à Icosim, dit-on. Du reste, le confort s’était effrité également de son “Totem”, et l’hostile main des casseurs a abîmé les gravures esquissées de part et d’autre des arcades de la porte de la Mer, où il est loisible au visiteur d’admirer la céramique à la couleur bleu azur du minaret de la mosquée Bachir-El-Ibrahimi, qui n’était autre que l’ancienne église Saint-Jean-Baptise, œuvre de Mohamed-Boumehdi, qui faisait partie du staff technique de Fernand Pouillon. Certes, c’est tout petit par rapport à ce qu’il est attendu de la part du beylik, mais c’est toujours bon à prendre, ne serait-ce que pour pérenniser ce site digne de durer dans le temps. Seul couac, l’image de la baie d’Alger s’en trouve gâtée par le bidonville sis au lieudit Carrière de Belouizdad, que l’ont peut voir du belvédère.