La wilaya d’El Oued est sur tous les fronts. En plus d’être une région pionnière dans la production agricole, la ville aux mille coupoles compte faire mouche dans les autres secteurs. Son premier magistrat, Salah Affani, donne le ton promettant de faire de la wilaya la plaque tournante de l’économie et du commerce. Plusieurs créneaux aussi vitaux les uns que les autres sont dans la ligne de mire.
Les autorités locales tentent de trouver la meilleure formule à même de permettre à El Oued de retrouver sa renommée d’antan en matière de tourisme. Chose à portée de main grâce à son patrimoine riche et varié qui l’habille d’une grande diversité touristique. Ses mosquées, ses sites naturels, ses zaouïas, ses étendues infinies de dunes de sable et ses palmeraies on fait d’elle l’une des plus belles régions d’Algérie. El Oued est belle. La région croit à ses atouts pour séduire les touristes. « Elle recèle d’énormes potentialités. La wilaya est plus que jamais déterminée à développer ce secteur », affirme Nabil Oubira, chef de service à la direction du tourisme. Les projets ? Relancer d’autres formules aussi attractives les unes que les autres comme l’agro-tourisme qui consiste à réaliser des lieux d’hébergement à l’intérieur des fermes agricoles pour les faire découvrir aux touristes. Il cite l’exemple de la ferme de l’homme d’affaires et l’enfant du bled, Djillali Mehri, qui constitue, selon lui, une véritable attraction pour les touristes, notamment les étrangers. Autre attrait : les « Ghouts », ces cuvettes dans lesquelles sont implantés les palmiers. Une technique de culture des palmiers propre à la région d’El Oued. Parallèlement, on compte augmenter les capacités d’accueil des hôtels ainsi que la réalisation d’autres hôtels de luxe. Là encore, la direction du tourisme de la wilaya rassure quant à la réception, au plus tard en juin 2015, de la Gazette d’or. A cela s’ajoutent les projets de réalisation de quatre hôtels de deux à quatre étoiles. La wilaya dispose, aujourd’hui, de cinq hôtels : Gitane Palace, un trois étoiles d’une capacité d’accueil de 106 lits, Grand Souf, trois étoiles d’une capacité d’accueil de 182 lits, l’hôtel Louss de deux étoiles avec une capacité d’accueil de 192 lits. Deux autres établissements sont destinés à l’hôtellerie à l’image de l’Hôtel central d’une capacité de 54 lits et Si Moussa d’une capacité de 76 lits. Au total, le parc hôtelier dispose d’une capacité de 601 lits. Le nombre de touristes étrangers qui ont visité la wilaya de janvier à septembre de l’année 2014, par nationalités, s’élève à 46.810 Tunisiens, 1.256 Libyens, 43 Italiens, un Britannique et 118 Français.
Un village et des loisirs…
Côté loisir, un village dédié à la population d’El Oued a ouvert, gratuitement, ses portes. Un véritable espace de détente à ciel ouvert, notamment pour les jeunes et les enfants : jeux électroniques, cinéma « 7D », pétanque, patinoire, terrain pour skateboard, trampoline, baby-foot, un circuit pour VTT, un manège, un restaurant… Bref, rien ne semble avoir été laissé au hasard par la direction de la jeunesse de la wilaya qui chapeaute l’opération d’accueil des visiteurs dans les meilleures conditions possibles. La plupart des familles présentes sur les lieux sont unanimes à exprimer leur entière satisfaction quant aux prestations et services proposés. « C’est une bonne initiative surtout pour les gosses », estime Mohamed, père de famille. Il dit que pour rien au monde il ne fera pas l’impasse sur cet endroit pour y faire venir ses enfants. Idem pour Soumia, une mère de deux enfants. Elle a indiqué que c’est un espace magnifique et un lieu de détente par excellence où tout le monde trouve son compte. Pour elle, il n’y a rien à dire, l’endroit offre toutes les commodités et un programme riche pour les enfants. Abdallah, qui semble prendre du plaisir à se pavaner dans ce site, note que l’espace a pu, l’espace d’un temps très court, le conquérir lui et ses enfants. Ce qui n’est pas le cas de Benmoussa Hafnaoui. Ce père de cinq enfants, en retraite, n’a pas manqué de dire tout le mal qu’il pense du site : « Ce n’est pas un lieu idéal. Même mes enfants ont regretté d’y être venus. Ils m’ont demandé de retourner à la maison quelques minutes après notre arrivée », raconte-t-il. Pour cet ancien conseiller à la direction de l’éducation d’El Oued, la wilaya manque terriblement d’infrastructures de loisirs. Mais El Oued n’est pas seulement une beauté de la nature, elle n’est pas uniquement un espace de détente et de loisirs, elle est aussi riche par la valeur de ses habitants.
Le travail dans la peau…
Celui qui arrive pour la première fois dans la wilaya d’El Oued a cette impression que le travail dans cette région est une seconde nature pour tous les Soufis. Il n’a pas tort. Les témoignages viennent d’ailleurs. Brahim, natif de Bordj Bou Arreridj, cadre dans une entreprise publique, a remarqué cette singularité : « Les soufis sont de véritables bosseurs. Ils ne s’intéressent qu’au travail. Depuis que je suis ici, j’ai remarqué que la ville possède peu de cafétérias. Celles qui existent peinent à se remplir. Les gens d’ici ne fréquentent par ce type d’établissement ». Il ajoute qu’il est rare de trouver des gens oisifs. Un témoignage confirmé par Ahmed, un quadragénaire originaire d’El Oued. Selon lui, seul le travail intéresse les habitants de la région. « Un jour, j’ai visité El Taref. J’y ai trouvé des gens en train de se relaxer autour d’un café. Les lieux publics étaient bondés de monde alors que de vastes champs de terre restaient inexploités. Ça ne peut pas exister chez nous. Ici, le travail est sacré » indique-t-il, non sans rappeler les propos du Premier ministre, Abdelmalek Sellal qui, lors de sa visite à Ouargla, avait demandé aux habitants de cette wilaya de prendre El Oued en exemple en matière de labeur. « La population du Souf est besogneuses et les résultats obtenus dans l’agriculture en est la meilleure preuve », souligne-t-il. Loin du brouhaha de la ville et de la circulation routière des voitures, Laïd vit avec ses trois enfants dans une « khaïma ». Il dit qu’il gagne très bien sa vie. Il fait savoir qu’il réussit à gagner au moins 7 milliards de centimes par an. Laïd est éleveur. Il affirme posséder une dizaine de voitures dont quatre toute neuves et 13 logements au centre-ville, tous loués. Cette vie réussie de Laïd a donné des idées à son enfant de 14 ans. « Mon père est un exemple à suivre. Moi, les études ne m’intéressent pas. Les gens qui ont poursuivi des études à l’université finissent tous par s’adosser aux murs à défaut de ne rien faire », juge-t-il. Son père ne dit rien, sinon : « Mes enfants sont libres de faire ce qu’ils veulent. C’est leur vie ».
Marché : rush des Tunisiens
Le marché de la ville est plein à craquer. Les vendeurs viennent à 3h du matin pour poser leurs étals de marchandises. La plupart viennent des localités limitrophes. Depuis les événements qui ont secoué la Tunisie et la Libye, l’endroit ne cesse d’enregistrer une influence record, tous les jours. Autre argument : les prix pratiqués dans le marché sont raisonnables. Pas la peine de faire une comparaison avec le Nord. Il n’y a pas photo. Jugez-en. La pomme de terre se vend à 35 dinars, les carottes s’affichent à 30 dinars et 15 dinars lors de la saison, la courgette est cédée à 50 dinars. Les légumes secs ne sont pas en reste : les lentilles sont affichées à 140 dinars le kg, les haricots blancs sont cédés à 200 dinars, les pois-chiches à 150 dinars. Cerise sur le gâteau, les produits sont de meilleure qualité. Au marché, tout est fait pour rassurer l’acheteur. De quoi attirer les gens des localités limitrophes mais aussi et surtout nos voisins Tunisiens. La renommée du souk dépasse les frontières d’El Oued. En solo ou en groupes, les Tunisiens viennent ici chaque jour pour faire leurs courses. Amine est chauffeur au niveau de la wilaya. Il dit que les « Touanssa » achètent tout : habillement, alimentation et autres produits électroménagers. Pour Nabil Oubira, chef de service de la direction du tourisme, le séjour de nos voisins s’inscrit dans le cadre du tourisme dit commercial. Il fait savoir que depuis que les Tunisiens viennent, les commerçants travaillent à plein régime. « Ils ouvrent de 5h à 22h. Or, par la passé, ils baissaient rideau à partir de midi », indique-t-il. Pour le wali, ce mouvement entre Tunis et El Oued n’est pas nouveau. « Ils font leur commerce ici et les Soufis font le leur en Tunisie. C’est dans le cadre des échanges commerciaux », recadre Salah Affani qui rassure qu’El Oued, sous sa direction, va encore « déborder » d’activités économiques pour aller au-delà de l’agriculture, la force de frappe des Soufis.
A. H.