Élection présidentielle de 2019: L’ex-FIS s’invite dans le débat !

Élection présidentielle de 2019: L’ex-FIS s’invite dans le débat !

Vicieusement “modéré”, le lexique du communiqué daté de mardi dernier, signé par Abdelkader Boukhamkham ne déroge pas au langage des résidus du parti islamiste dissous.

Le flou qui plane sur l’échéance électorale d’avril 2019 aidant, il n’en fallait pas plus d’une autre brèche à l’ancien membre dirigeant de l’ex-FIS pour s’incruster aux conciliabules douteux, répandant un décryptage hasardeux de la situation qui prévaut dans le pays.

Et en rendant compte de son exposé de la situation du pays à l’orée d’un rendez-vous électoral crucial pour son devenir, Abdelkader Boukhamkham prodigue un ton sentencieux qui contraste avec le penchant conciliateur de son discours. Il en arrive, en effet, à la conclusion que le pays serait face à deux options inéluctables : l’une périlleuse et l’autre salvatrice pour sa pérennité. “Le choix de la rue que nous récusons et dont nous prévenons des conséquences quand bien même tous les indicateurs prédisent ce cas de figure si les choses restent en l’état”, note l’ex-dirigeant du FIS dissous, avant de proposer l’issue qui réside, selon lui, dans “une convergence autour de l’idée d’une conférence nationale regroupant les acteurs au sein des institutions et les personnalités nationales actives, à l’effet de dégager un candidat éclairé, juste, droit, compétent et probe pour le poste de premier magistrat… qui saura faire éviter au pays tous les dangers qui le guettent et le débarrasser des cercles qui courent derrière leurs propres intérêts et privilèges et qui effacera les séquelles de la crise”. Vicieusement “modéré”, le lexique du communiqué, daté de mardi dernier, ne déroge pas au langage des résidus du parti islamiste dissous. Abdelkader Boukhamkham y arbore même une signature ostentatoire en paraphant sa diatribe : “Dirigeant du Front islamique du salut, le moudjahid Abdelkader Boulhamkham.” Estimant que les développements intervenus dans la tourmente depuis la fin des années 1980 ont contribué à l’aggravation des crises et catastrophes qui ont frappé le pays, Boukhamkham décèle des lézardes dans les fondements de l’État, lesquels ont rompu toute confiance du peuple dans ses dirigeants, institutions et systèmes politiques en vigueur. De même, il estime que la situation générale aux niveaux national, régional et international invite le peuple, le pouvoir, les institutions et les partis de l’opposition et de l’allégeance à dépasser leurs différends et règlements de compte qui ont déjà engendré à ses dires “près d’un quart de million de morts et environ 20 000 disparus”. Aussi, il estimera qu’il était du devoir des élites et des bonnes volontés dans et en dehors des institutions de l’État, indépendamment de leurs convictions doctrinales et culturelles, d’assumer leurs responsabilités en appelant au rapprochement, au travail et à la réflexion autour des crises grandissantes et des changements effrénés que connaît le pays. L’ex-dirigeant de l’ex-FIS apporte, néanmoins, dans son communiqué, une contradiction fondamentale aux promoteurs de la continuité et défenseurs d’un cinquième mandat pour le président Bouteflika, puisqu’il consigne dans ses “directives” le respect du choix du peuple pour accéder au pouvoir et le divorce d’avec la logique du maintien au pouvoir par tous les moyens. Autant dire qu’il se met en porte-à-faux avec une partie non moins importante de la mouvance islamiste, particulièrement ciblée par son appel du pied.

Kamel Ghimouze