Élection présidentielle de 2019, Mohcine Belabbas: “L’idée du report n’est pas de Bouteflika”

Élection présidentielle de 2019, Mohcine Belabbas: “L’idée du report n’est pas de Bouteflika”

Dans cet entretien, le président du Rassemblent pour la culture et la démocratie (RCD) livre son analyse sur la situation politique qui prévaut dans le pays à la veille de l’élection présidentielle d’avril 2019. S’il écarte la possibilité de voir le chef de l’État briguer un cinquième mandat au vu de son état de santé, il dit ne pas croire, pour autant, au report de cette échéance comme préconisé par certains acteurs politiques. Pour lui, cela ne rentre pas dans la démarche de Bouteflika qui en fait, depuis son arrivée au pouvoir, un argument phare pour vendre l’image d’une stabilité retrouvée”. Il aborde, également, la guerre des clans…

Liberté : À moins de cinq mois de l’élection présidentielle, c’est le flou total qui entoure cette échéance. Comment analysez-vous cette situation ?

Mohcine Belabbas : Le flou par rapport à la présidentielle n’est pas nouveau. Il est dû, essentiellement, à la dégradation de l’état de santé du chef de l’État. Cette maladie fait qu’à l’intérieur même d’un système opaque par nature, les clans sont dans l’attente d’instructions qui ne leur arrivent pas. D’où un silence ou des gesticulations difficilement lisibles.

La brusque détérioration de l’état de santé de Bouteflika fait que tout le monde est tétanisé car les courtisans, pris de court, n’osent pas évoquer l’après-Bouteflika qui est un tabou. Entre-temps, l’encadrement compétent qui gravitait autour du régime a été mis à l’écart avec des exclusions spectaculaires ces dernières années et plus encore, par des sanctions allant jusqu’à des emprisonnements ces derniers mois dont seuls les parrains connaissent les véritables causes. Les acteurs du système se sont retrouvés dans une situation où il n’y a plus d’alternative à l’intérieur.

Les luttes entre les clans se sont exacerbées. Il y a ceux qu’on qualifie du clan présidentiel, ceux qu’on dit proches de l’armée et d’autres qui hésitent tout en surveillant la solidité d’interconnections d’intérêts construites depuis longtemps. Ces derniers essayent dans leur positionnement de ne pas apparaître comme catalogués proches d’un clan donné. Il y a aussi le déplacement de certains acteurs du système d’un clan à un autre, selon les conjonctures. Par exemple dans les polémiques de ces derniers mois, on a vu des acteurs réputés être des proches du clan présidentiel se positionner du côté du clan de l’armée et l’inverse est vrai.

C’est selon les évolutions des rapports de force à l’intérieur du système. Mais pour l’instant, il semble qu’aucun de ces clans n’arrive à s’imposer de manière définitive face à l’autre. Le traitement d’un certain nombre de dossiers, notamment l’affaire d’emprisonnement puis la libération de généraux, de journalistes, de comédiens, d’ex-joueurs de football, de blogueurs et de militants en général, ne peut s’expliquer autrement. Souvent, ces différents clans envoient des messages même à travers les personnes arrêtées pour dire que, nous, on n’y est pour rien ; ce sont les autres qui abusent.

Une guerre indirecte ou par procuration est en cours. Mais malgré une situation gravissime à tous les égards, la vraie question est rarement abordée : faut-il oui ou non changer de système ? La société clientélisée spécule sur les chances de tel ou tel sans poser la question du fond, à savoir comment envisager de nouveaux processus de représentation crédibles ?

Cette vague d’arrestations est-elle en lien direct avec la présidentielle ?

L’exacerbation de la lutte des clans est manifeste. C’est difficile de détacher ces règlements de compte de cette échéance, la plus importante constitutionnellement. Ceux qui sont arrêtés et isolés, le sont généralement sans aucun dossier sérieux et les plaintes sont souvent déposées deux ou trois jours après leur arrestation et leur audition. Ce n’est pas une procédure judiciaire sérieuse. Il y a aussi des messages qui leur parviennent à travers leurs avocats et leur entourage de la part de ces différents clans, chacun essayant de se dédouaner en chargeant un clan rival. Certains diront qu’il s’agit de simples scenarii car leur incongruité et leur timing ne plaident pas pour des opérations de diversions maîtrisées.

Donc, selon vous, les clans sont identifiés…

En fait, ce sont des vases communicants. Il y a des gens qui sont dans l’armée, mais qui se réclament plutôt du clan présidentiel. Il y a d’autres qui se structurent dans les organisations proches du clan présidentiel, mais qui sont plutôt du côté de certains militaires. Enfin, comme je le signalais plus haut, il y a un troisième courant qui n’est pas systématiquement structuré comme clan. Celui-ci est constitué d’un certain nombre de cadres de l’État qui, eux, disent vouloir sauver l’Algérie.

Ces personnages se veulent non marqués par un clan ou un autre. D’ailleurs, c’est la tendance qui risque de l’emporter à la fin. Parce que le système algérien a de tout temps opté pour des hommes dits de consensus. En quelque sorte, ceux-là qui ne sont pas trop étiquetés, mais qui sont toujours adoubés par les parrains. C’était le cas des Boudiaf, Zeroual et Chadli. Même Bouteflika n’était pas revenu comme quelqu’un de catalogué, étant loin des centres de décision de l’époque. Et cette tendance existe toujours à l’intérieur du système. Je peux citer, à titre d’exemple, Ramtane Lamamra qui reste difficile à classer. Ce personnel politique du système n’est pas le plus visible certes, mais il a toujours existé et existe encore.

Ils ont des chances de rallier la cause des différents clans en l’absence d’un accord entre les deux groupes les plus en vue et qui se font la guerre. Mais encore une fois cette pratique est désuète et maintenant dangereuse. On parie sur un homme comme on mise sur un cheval dans un tiercé. Quid des programmes, des principes et des fondamentaux qui redonnent la parole au citoyen ? Autant de questions éludées oubliées depuis 1962.

Qui visez-vous ? Pensez-vous à Ouyahia, comme le redoute le MSP ?

Je ne pense pas à une personne déterminée, mais sauf à aller vers un suicide politique, les clans ne peuvent pas rester à se regarder en chiens de faïence.

Des circonstances peuvent favoriser des passages en force pour le parrainage d’une personnalité d’un clan ou d’un autre. Mais ces personnes sont interchangeables, car leur ambition est de se faire désigner pour des missions, dont ils peuvent tout ignorer. La politique de l’entrisme ou du recrutement par soumission est la cause du malheur national.

L’option du report, telle que défendue par le MSP, est-elle envisageable, selon vous ?

Dans la conjoncture actuelle, il n’y a aucune base légale sur laquelle on pourrait s’appuyer pour reporter les élections. Ensuite, depuis 1999, Bouteflika a toujours tenu à organiser les élections dans les délais. Le non-respect des délais constitutionnels signifie une situation d’instabilité. Or, malgré une situation alarmante, il a toujours nié des réalités qui minent le pays et préoccupent observateurs et partenaires.

Depuis son arrivée au pouvoir, il essaye de vendre l’image d’une stabilité retrouvée. La troisième raison qui ne plaide pas a priori pour un report, c’est que différer des élections ne va pas régler le problème du régime dans le sens où plus on éloigne l’échéance de la présidentielle plus le système s’affaiblit sous l’effet des contradictions et des revirements. En réalité, le système a intérêt à organiser les élections rapidement parce que plus on attend, plus la situation économique et sociale s’aggrave.

D’ailleurs, le choix du recours à la planche à billets a été décidé en 2018. C’est une manière d’anticiper la crise, car les décideurs savaient déjà qu’ils ne pouvaient pas se permettre des mesures antisociales en 2019. Je suis de ceux qui croient qu’il est temps, notamment pour l’opposition, d’agir dans le sens de pousser vers l’organisation d’une période de transition. Ce qui est différent du report de l’élection présidentielle. Le report c’est donner, encore une fois, la possibilité aux dirigeants actuels de gérer le pays de manière illégale et pour une durée sur laquelle on n’a pas d’emprise.

Dans une période de transition, il faut que l’on se mette d’accord sur les priorités, le calendrier et les délais avec une définition d’un cahier des charges fixant des préalables démocratiques qui s’imposeront à tous les compétiteurs. C’est une conjoncture qu’on va exploiter pour mettre en place une instance indépendante d’organisation des élections, réviser le code électoral et la Constitution, aller vers un gouvernement d’union nationale et surtout communiquer avec les citoyens parce que sans leur adhésion toutes

les solutions seront précaires. Il faut tracer des objectifs précis et des échéances bien définies. On est loin des paris qui spéculent sur les chances des uns et des autres ou des agitations ciblant un clan et encensant un autre.

Quelle est, par ailleurs, la position du RCD par rapport à l’appel à une conférence nationale ancé par le président de TAJ, Amar Ghoul ?

Il est très clair, depuis des années, qu’un certain nombre d’acteurs politiques qui sont en accord avec le pouvoir n’ont aucune autonomie dans leur prise de position ou leur discours politique. Au minimum, ils agissent pour le compte d’un clan qui les actionne pour contrer une initiative en préparation chez l’autre clan. Pire, ils peuvent être instrumentalisés pour polluer d’autres démarches plus sérieuses.

C’est là un classique des méthodes de la police politique. J’ai entendu parler effectivement d’une conférence nationale. Mais cela n’est pas nouveau. Elle est semblable à celle de 1996 qui a été organisée sous l’égide de Liamine Zeroual. Les décideurs ont l’habitude de tenir ce genre de kermesse avec les acteurs qui composent le système. Évidemment, pareille conférence ne nous intéresse pas. C’est de l’improvisation.

Et puis, dans une proposition, il y a évidemment le contenu, la conjoncture et la crédibilité de l’auteur. Dans des périodes difficiles comme celle que vit le pays actuellement, les initiatives doivent être conçues dans le cadre d’un dialogue pluriel. C’est ensemble que l’on doit penser et agir. On ne peut pas dormir des années et se réveiller un matin et dire : tiens on va faire ceci ou cela et demander aux gens de vous suivre. Les tenants du pouvoir sont autistes depuis longtemps. Ils ne sont pas prévoyants. Ils n’ont pas de vision en dehors des manipulations qui leur permettent de rester aux commandes. Ils ne mesurent même pas l’ampleur de la gravité de la crise. Ils s’entêtent à croire qu’il y a moyen de renouer avec la rente. Pour eux, il suffirait, par exemple, d’aller vers l’exploitation du gaz de schiste et de certaines ressources minières pour pérenniser le régime.

Plus que cela, ils sont en train de donner l’exemple égyptien dans la gestion des hydrocarbures ; ce pays a aboli toute loi dans le domaine et discute au cas par cas avec les partenaires étrangers. Le pouvoir prépare une loi sur les hydrocarbures qui se rapproche de cette sorte de bazar instauré par Sissi. Ils sont prêts à faire toutes sortes de concessions s’agissant de l’extraction des ressources naturelles en vue de l’exportation.

Certains acteurs politiques ne croient pas à l’option d’un cinquième mandat pour Bouteflika. Êtes-vous du même avis ?

On était les premiers à émettre cette hypothèse. On avait dit depuis longtemps qu’à 90% le chef de l’État n’allait pas être candidat, et ce, essentiellement, à cause de la dégradation de son état de santé. L’impossibilité du cinquième mandat est liée uniquement à l’état de santé du chef de l’État. Pas plus. On n’est plus dans la situation de 2014. D’ailleurs, personnellement, je ne pense pas que le chef de l’État voudrait d’un autre mandat pour la bonne et simple raison que ses dernières apparitions le discréditent encore plus. Même ceux qui sont tentés de le pousser à se représenter parce qu’ils n’arrivent pas à trouver un consensus pour son remplacement seraient juste tentés de gagner du temps. Ils seraient tentés de le reconduire même s’ils savent que le prochain mandat sera écourté d’une manière ou d’une autre. À la limite, c’est une forme de report qui ne dit pas son nom.

Qui verriez-vous comme potentiels candidats du système ?

Je serais tenté de vous dire que cela regarde ledit système. Mais les esprits sont conditionnés à ne penser que dans les périmètres soigneusement cloisonnés. Il est très difficile de prédire le nom de celui qui va être choisi parce que nous sommes dans un système opaque où le choix est toujours fait à la dernière minute et la balance a toujours penché à la faveur d’un acteur qu’on n’a pas imaginé au départ. Je prends l’exemple le plus récent qui concerne la crise de l’APN. Personne n’avait pensé que Mouad Bouchareb allait être désigné à la tête de l’Assemblée. Ils nous ont habitués à cette manière de fonctionner. C’est pareil, dans la gestion des crises successives qu’a connues le FLN où personne n’avait prédit que Amar Saâdani allait succéder à Belkhadem, puis Djamal Ould Abbès pour remplacer Saâdani, encore moins Mouad Bouchareb actuellement. Je parle du FLN parce que c’est l’instrument essentiel par lequel le pouvoir impose ses choix. Ce n’est jamais une démarche réfléchie sur le moyen et le long termes. C’est toujours le court terme qui prime, car la question n’est pas d’offrir des perspectives au peuple mais de confisquer la rente. Alors redisons ces propos de bon sens : le problème n’est pas dans les candidats mais dans les conditions d’organisation de cette “compétition”. Et aujourd’hui, tout pousse à croire qu’il n’y aura pas une élection ouverte. Dans les conditions actuelles, on va certainement avoir une élection semblable à celles qu’a connues l’Algérie depuis 1962. Autrement dit, une farce officielle à travers laquelle il va y avoir nomination du chef de l’État. Le plus important qu’il faut essayer de décrypter, c’est la persistance de cette crise à la veille d’une échéance aussi importante, sachant que le système s’est toujours arrangé à régler ses problèmes en interne, généralement, une année avant la présidentielle au minimum. Pour cette fois-ci, nous constatons que la crise s’aggrave de plus en plus. Nous avons assisté à la crise au niveau de l’Assemblée nationale qui aurait pu être évitée parce que l’APN c’est plus une chambre d’enregistrement qu’autre chose. Malgré cette soumission, il y a la crise du FLN.

Que cachent, dans le fond, ces crises ?

Aujourd’hui, il y a un climat de suspicion générale au sein du système : c’est tout le monde qui soupçonne tout le monde, y compris à l’intérieur d’un même clan. On soupçonne certains d’avoir des contacts avec le clan adverse et de travailler en sous-main pour lui. Ils se sont rendu compte que si ça continue comme ça, ils n’ont aucune chance de rééditer le scénario de 2014. En tout cas, cela risque de laisser des traces qui peuvent conduire à une explosion dans la rue. Donc, les parrains qui ne sont pas nécessairement ceux que l’on voit le plus essayent de réorganiser leurs rangs, quitte à abuser de moyens illégaux, de violer la loi, que ce soit dans la gestion de la crise de l’APN, que ce soit dans la gestion de celle du FLN ou dans l’instrumentalisation de la justice. Ce qui se passe au niveau du FLN est sidérant. Ils ont violé leurs statuts et leur règlement intérieur, mais ils ont surtout violé aussi la loi sur les partis. Si jamais une telle décision avait été prise par un parti de l’opposition, le ministère de l’Intérieur aurait certainement réagi. Ce ministère et celui de la Justice sont déjà intervenus dans des crises beaucoup moins graves, pour ne pas dire préfabriquées, vécues par certains partis de l’opposition.

Pourquoi autant de violations des lois dans cette conjoncture ?

La violation des lois dans notre pays n’est pas nouvelle. Elle a commencé un certain juillet 1962 quand une certaine armée des frontières a défié le GPRA. La violation des lois par les dirigeants algériens est une forme de gestion, c’est même la règle et non l’exception. On vient de la subir en l’espace de deux mois à de très hauts niveaux de responsabilité, à savoir l’Assemblée nationale, puis la gestion de la crise du FLN dont on vient de parler. Pour le pouvoir algérien, la loi ne pose jamais de problème (la loi ce n’est pas le problème, avait avoué Zerhouni en son temps). La nouveauté est que ces violations étaient subies par le citoyen ou les opposants ; aujourd’hui elles touchent aussi les affidés du système. Il y a eu des situations similaires auparavant, mais ça n’a jamais pris autant d’ampleur. Pour rappel, en 2014, le système était contraint de rappeler Belkhadem et Ouyahia, le premier comme ministre d’État et le second comme directeur de cabinet. Les deux étaient, pourtant, écartés en 2012. Nul ne sait pourquoi ils ont été jetés ni pourquoi ils sont recyclés. Le fait du prince a toujours existé et les courtisans s’y sont accoutumés, car ils n’ont jamais pensé à détenir leur pouvoir du citoyen. Les choses sont un peu plus violentes maintenant. Les mécanismes d’arbitrage s’usent et les ressources font défaut, c’est tout.

À l’époque, ces décisions ont été l’œuvre de Bouteflika. Pensez-vous que c’est encore lui qui décide aujourd’hui ?

Cela ressemble aux démarches de Bouteflika. Ça a commencé avec la création des anciens élus du FLN, en réalité cela ne date pas de décembre mais de fin septembre ou début octobre. Le pouvoir a compris qu’il s’agit d’une force avec laquelle il fallait renouer et l’intégrer dans la nouvelle démarche. Pour l’essentiel de ces élus ou ex-élus, ils étaient marginalisés, poussés à la porte, et le temps de les récupérer était venu car des nouvelles conjonctures imprévues ou mal anticipées ont perturbé le sérail. Mais comme tout bricolage, il a ses limites. On s’est rendu compte que l’association des anciens élus n’est pas suffisante. D’où l’idée d’éliminer Ould Abbès et dissoudre l’ensemble des instances – en dehors de toute légalité – et de justifier la réhabilitation des militants marginalisés. D’après des fuites des gens proches de ce clan, il y a des scénarii en préparation. Pour certains, il y a l’idée d’aller vers un congrès en janvier où sera annoncé officiellement la candidature soit du chef de l’État, soit de celui que les décideurs voient capable d’agir au nom du FLN et qui ait l’échine souple et la conscience légère pour avaler toutes les couleuvres qui l’attendent. Mais on a tort de s’appesantir sur les misères du régime, le débat devrait être ailleurs.

À seulement quelques semaines de la convocation du corps électoral, ne pensez-vous pas que les délais sont très serrés pour ce genre de manœuvres ?

Il ne faut pas voir les choses en termes de délais pour un parti comme le FLN. Nous sommes dans un pays où il n’y a pas d’élections au sens où on l’entend. Nous sommes dans un pays où il y a une désignation officielle du chef de l’État qu’une farce électorale va valider. C’est-à-dire que l’on fait confirmer un choix fait en amont. Maintenant, il y a l’idée chez certains acteurs du système d’exploiter le FLN pour l’annonce d’un candidat.

Que préconiseriez-vous pour sortir le pays de la crise ?

Nous sommes dans une conjoncture périlleuse pour l’avenir de la nation. Depuis des mois, des dirigeants sont rentrés en guerre contre l’emploi, contre le pouvoir d’achat, contre l’investissement, contre les libertés et contre la classe politique qu’on empêche d’activer et d’agir. Une guerre qui vise l’affaiblissement de la société algérienne et le pays en général, parce que pour le pouvoir et ses prolongements parasitaires il faut saper les ressorts de la société pour garantir le maintien et le renforcement du système. Nous assistons, par ailleurs, depuis des années et davantage ces derniers mois à l’amplification du phénomène des harraga. Il y a une moyenne de 10 jeunes qui meurent par semaine en Méditerranée.

On ne s’exprime jamais assez sur ce phénomène qui endeuille régulièrement des familles algériennes. Nous devons tous agir de façon solidaire. Il y a urgence. La situation est très grave. Le salut de l’Algérie nécessite la mobilisation de tous les citoyens. Chacun d’entre nous doit comprendre qu’il doit se mobiliser, sensibiliser et agir dans son entourage immédiat. Si on ne fait rien, le statu quo suicidaire va tout emporter. Le maire de Si Mustapha, si les informations dont on dispose sont exactes, a démissionné car il a refusé d’exécuter des instructions illégales de la wilaya de Boumerdès. La population s’est immédiatement solidarisée avec lui. Les soulèvements populaires font des dégâts collatéraux certes, mais ce qui est anéantissant pour le pays c’est l’entêtement des dirigeants officiels à maintenir le pays dans une situation de non-droit et de contre-développement. En définitive, il n’y a pas de salut dans le système. La solution est dans la fin du système.

F. A.