L’élection présidentielle du 4 juillet a tout l’air de relever déjà du passé avant même l’avènement de sa date comme sa précédente du 18 avril, ajournée suite à la pression de la rue qui ne veut pas entendre parler d’un quelconque scrutin sous le parrainage des restes du régime en place.
M. Kebci – Alger (Le Soir) – Tout le monde en est convaincu, même parmi ceux qui ont le souci de ne pas sortir du cadre strictement constitutionnel et ceux qui s’attellent à sa préparation, l’élection présidentielle du 4 juillet prochain n’aura probablement pas lieu. Même le chef d’état-major de l’ANP et vice-ministre de la Défense nationale n’y a pas fait explicitement mention dans sa sortie à Ouargla, lui qui s’est juste contenté d’appeler à «l’accélération de l’installation d’une instance indépendante chargée de l’organisation et la surveillance des élections».
Un détail de taille qui n’a pas échappé à la vigilance d’observateurs surtout que Ahmed Gaïd Salah s’est dit, un peu plus loin, soucieux de la «nécessaire organisation de la présidentielle afin de sortir de la conjoncture actuelle et entamer une phase de réformes radicales sérieuses», sans s’attarder sur le timing de cette échéance que tout le monde appelle mais selon des scénarios et des démarches autres que celle préconisée en haut lieu. Surtout que la mise en place de pareille instance, non prévue dans la loi fondamentale du pays qui, elle, parle d’une Haute Instance indépendante de surveillance des élections, dissoute par l’ex-président de la République Abdelaziz Bouteflika quelques jours seulement avant sa déchéance, suppose bien de procédures et d’autres mécanismes d’accompagnement, comme la révision de la loi électorale, nécessitant débats et consensus, loin de ce que suggère la Constitution.
Autant de préalables pour organiser des élections conformément aux exigences de crédibilité et de transparence du mouvement populaire qui font que, logiquement, l’élection du 4 juillet prochain est impossible à tenir. D’où, d’ailleurs, le plaidoyer d’une quasi-majorité d’acteurs politiques dont même le FLN, syndicaux, personnalités nationales et autre société civile, pour le report de ce scrutin présidentiel.
Il reste, cependant, l’artifice à trouver pour justifier cette démarche. Visiblement, on ne voudrait pas en haut lieu rééditer le scénario de l’annulation «anticonstitutionnelle» des élections du 18 avril dernier par le Président démissionnaire. On agirait ainsi tout autrement en brandissant, fort probablement comme argument en béton, le fait qu’aucun parmi les 75 candidats à la candidature n’ait pu déposer son dossier auprès du Conseil constitutionnel à la date-butoir, demain vendredi à minuit, le seul postulant capable de réunir les signatures d’électeurs et d’élus locaux nécessaires, Abdelaziz Bélaïd, songerait, par conviction ou «vivement conseillé», à renoncer, à la dernière minute, à concourir dans un scrutin rejeté par la quasi-majorité du peuple.
Ce qui constitue un cas que ne prévoit pas la Constitution, ouvrant grande ouverte la porte à la jurisprudence constitutionnelle qui se situe au «croisement» de l’exigence de l’enclenchement d’une transition démocratique prônée par une grande majorité et d’une solution constitutionnelle à laquelle tient le pouvoir.
M. K.