Election présidentielle : La balle dans le camp de Bensalah

Election présidentielle : La balle dans le camp de Bensalah

Le panel de dialogue et de médiation, managé par l’ancien président de l’Assemblée nationale Karim Younès, a remis, hier, son rapport final au chef de l’Etat par intérim, Abdelkader Bensalah. Ce ne sera pas la fin de mission pour le panel tout compte fait, puisque, à la demande de Abdelkader Bensalah, l’instance de Karim Younès aura à compléter son travail par le lancement d’une nouvelle série de consultations en vue de mettre sur pied une commission indépendante de surveillance des élections.

Si le chantier de Karim Younès s’annonce encore vaste, le chef de l’Etat par intérim pourrait convoquer le corps électoral sans attendre la révision de la loi électorale et la mise en place de la commission de préparation et de surveillance des élections.
Sans aucun doute, la remise du rapport final dès cette semaine sur les grands axes des consultations avait pour objectif d’accélérer la cadence pour que le corps électoral puisse être convoqué au plus tard le 15 du mois en cours. D’ailleurs, la remise à Abdelkader Bensalah des conclusions des consultations politiques du panel intervient quelques jours après que le chef d’état-major de l’Armée, Ahmed Gaïd Salah, a appelé à convoquer, d’ici le 15 septembre, le corps électoral.
L’idée serait de mettre la machine en branle pour que le scrutin présidentiel puisse être organisé avant la fin de l’année en cours, étant donné que la convocation du corps électoral doit être suivie par la tenue d’une élection dans un délai réglementaire de 90 jours. Abdelkader Bensalah, désigné chef de l’Etat par intérim après la démission de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika, avait échoué à organiser une première élection présidentielle, prévue, faut-il le rappeler, le 4 juillet dernier. Il a été ensuite reconduit pour la même mission à l’issue des 90 jours durant lesquels il devait préparer les conditions de l’organisation d’un scrutin.
Cette seconde tentative d’organiser une élection se révèle comme un vrai test quant au degré d’adhésion des Algériens à la solution de sortie de crise par l’urne. Certes, le sondage effectué par le panel de Karim Younès auprès des partis, personnalités et autres organisations de la société civile est venu conforter l’idée d’accélérer le processus électoral pour que le scrutin puisse être organisé dans les plus brefs délais, mais l’échantillon sondé ne représente qu’une partie de l’opinion et ne saurait refléter une tendance réelle quant aux intentions de vote de l’électorat. Il faut se rendre à l’évidence que même du temps où l’élection était un simple exercice, les électeurs ne se bousculaient pas aux portes des bureaux de vote et les taux d’abstention étaient souvent élevés. D’où la difficulté de prévoir un quelconque avenir à l’élection à laquelle tiennent les tenants du pouvoir, quand bien même elle pourrait être une solution à l’impasse politique actuelle. La balle est désormais dans le camp du chef de l’Etat par intérim. Ce dernier devrait présider, aujourd’hui, un Conseil des ministres où il serait question de débattre de la loi organique de l’élection ainsi que de la commission chargée de sa préparation, son organisation et sa surveillance. C’est dire toute l’effervescence autour de la nécessité de hâter l’agenda électoral pour être dans les délais suggérés par le chef de l’état-major.
Il est ainsi peu probable que le chef de l’Etat par intérim puisse rater la date du 15 septembre fixée initialement par Ahmed Gaïd Salah au vu de cette agitation officielle autour de l’élection. Les préparatifs techniques et juridiques connaissent déjà une vitesse de croisière, quelques jours seulement après l’appel du vice-ministre de la Défense nationale en faveur de la convocation du corps électoral à la mi-septembre. Il ne reste plus qu’à enclencher officiellement le processus. C’est une question de jours seulement.
La tenue d’un Conseil des ministres dédié exclusivement à l’examen de la loi électorale et de l’instance de préparation et de surveillance des élections témoigne de l’attachement du pouvoir à la solution par les urnes.