Élection présidentielle: La confusion aggravée

Élection présidentielle: La confusion aggravée

Elle serait, en partie, l’œuvre d’“un microcosme affolé par la perspective d’un changement de président  de la République qui serait formé de gens soucieux de leur carrière et de leurs intérêts”.

Ni l’éditorial d’un journal gouvernemental ni les réticences de certains responsables de partis de “la majorité” n’ont réussi à lever le brouillard qui entoure la prochaine élection présidentielle. La confusion règne toujours. Et en l’absence d’un geste de la présidence de la République, c’est la rumeur et la spéculation qui règnent en maîtresses.

Alors qu’au moins une partie du pouvoir a démenti, par le biais d’un éditorial publié dans le quotidien gouvernemental El Moudjahid, l’idée de reporter l’élection présidentielle, la clôture du congrès de TAJ a donné lieu à de nouvelles spéculations. La relance du débat sur l’idée d’Amar Ghoul, qui appelle à la tenue d’une conférence nationale autour de l’élection présidentielle, a donné lieu à d’incroyables lectures. Alors que le président de TAJ n’a pas prononcé le terme “report de l’élection”, une bonne partie de la presse est allée jusqu’à affirmer que l’ancien ministre des Travaux publics plaide en faveur du report de l’élection présidentielle et surtout de la prorogation du mandat d’Abdelaziz Bouteflika. Une thèse relayée par nos confrères du Soir d’Algérie qui vont jusqu’à affirmer que l’élection présidentielle sera bonnement annulée par le biais d’une révision constitutionnelle qui justifiera, légalement, une telle option.

Dans l’état actuel des choses, et en l’absence d’éléments concrets, il est quasiment difficile de confirmer ou d’infirmer une des options sur la table. Mais des hommes issus du système écartent l’éventualité de reporter l’élection présidentielle. “Cela me paraît être une plaisanterie de mauvais goût. Nous sommes dans une situation normale, nous savons depuis bientôt cinq ans qu’il va y avoir une autre élection et tout le monde devrait être prêt à aller vers cette échéance. Je ne vois pas de raison de prolonger le mandat ou de changer la nature du système politique dans l’urgence. Je pense vraiment que c’est une lubie qui n’a aucun fondement”, a, par exemple, estimé l’ancien président de l’APN, Abdelaziz Ziari, invité par le site TSA. Ce sont des ballons-sondes envoyés par “un microcosme qui est affolé par la perspective d’un changement de président de la République, non pas parce qu’ils sont soucieux du bien-être des Algériens ou du président Bouteflika lui-même, mais surtout pour leur carrière et leurs intérêts”, ajoute Ziari, qui pense même à des campagnes d’intoxication.

Du côté de l’opposition, en dehors du MSP, dont le chef, Abderrezak Makri, s’interroge désormais sur les intentions d’Abdelaziz Bouteflika, d’autres composantes ne croient pas au scénario du report. Le report “ne va pas régler le problème du régime dans le sens où plus on éloigne l’échéance présidentielle plus le système s’affaiblit sous l’effet des contradictions et des revirements”, a, par exemple, expliqué le président du RCD, Mohcine Belabbas, dans une interview accordée à Liberté. Le chef du parti démocrate rappelle même que depuis son arrivée au pouvoir, Abdelaziz Bouteflika “essaye de vendre l’image d’une stabilité retrouvée”. “La prolongation du mandat présidentiel est tout simplement un attentat à la morale, à l’État de droit, à la démocratie et aux intérêts stratégiques du pays”, estime, quant à lui, le coordinateur national du mouvement Mouwatana, Soufiane Djilali. Ce conglomérat de partis et personnalités de l’opposition a toujours appelé Abdelaziz Bouteflika à ne pas briguer un nouveau mandat

présidentiel.

Cette confusion est nourrie par les nouveaux éléments de langage utilisés par les partis de la “majorité présidentielle”. Continuité, soutien au chef de l’État ou encore “parachèvement” de l’œuvre sont les maîtres-mots de ces partis et personnalités qui ont construit leur assise sur le seul soutien à Abdelaziz Bouteflika. Mais point de référence à un nouveau mandat dès avril prochain. Ce qui signifie que les paris sont ouverts !

Ali Boukhlef