La logique de la «guerre» fratricide électorale est de mise, parmi les démocrates, les nationalistes et les islamistes. Cependant, au plan idéologique, la bataille sera très évidente, à mesure qu’avance la campagne électorale.
A moins de deux mois de la prochaine échéance électorale, la cartographie partisane permet de s’attendre à des bras de fer à plusieurs niveaux. Il y a d’abord celui qui oppose les deux «géants» de la scène politique le RND et le FLN qui, au final se partageront le pouvoir, ne sont pas moins adversaires. Présents tous deux dans les 48 wilayas, avec en prime une organisation qui a fait ses preuves lors des précédents scrutins, les deux partis qui forment présentement le gouvernement, se livreront une guerre sans merci dans toutes les circonscriptions. Défendant tout deux le même programme électoral, celui du président de la République, le FLN et le RND se battront tout de même pour une meilleure représentativité au sein de l’APN. Chaque parti jouera sur le prestige et l’aura de la personnalité tête de liste. L’enjeu n’est peut-être pas stratégique à première vue, mais il l’est véritablement parce qu’il est question de celui qui pèsera le plus et, en définitif qui formera le gouvernement. La Constitution oblige, en effet, le chef de l’Etat à choisir le nouveau Premier ministre au sein de la formation arrivée premier aux Législatives. C’est également cette même formation qui pourra prétendre à une présence plus «visible» dans l’exécutif. Pour des politiques qui se respectent, cela suffit à justifier «une guerre» électorale».
L’autre bras de fer auquel les observateurs s’attendent, opposera les deux familles de partis qui composent le paysage politique. Si l’on peut d’ores et déjà affirmer que les nationalistes et les nationalo-démocrates ont la côte, il reste que l’influence des islamistes n’est pas à négliger, d’autant qu’ils montrent ces derniers temps des velléités d’union, susceptible de donner au pôle islamiste une meilleure visibilité.
Les tentatives du MSP d’un côté et d’El Adala de l’autre, de donner du sens à leur activisme politique en affichant clairement leurs prétentions islamistes, apporte à la famille politique un minimum de cohérence, à même de constituer une sorte de bloc idéologique. Même si dans ce camp, la logique de la «guerre» fratricide électorale est de mise, il reste qu’au plan idéologique, la bataille sera très évidente, à mesure qu’avance la campagne électorale. Le pôle islamiste face au pôle nationaliste et démocrate sera l’une des donnes centrales des prochaines élections.
Il reste que dans le paysage politique, les islamistes sont nettement minoritaires. Et pour cause, on retient dans le camp de l’opposition des formations politiques, irréductibles vis-à-vis du pouvoir, mais qui restent très ancrés idéologiquement dans la famille nationalo-démocrates. L’entrée en lice, du RCD, du FFS et du PT apportera plus d’écho à l’idéal démocratique et républicain qu’à celui de l’islamisme, plus internationaliste et surtout porteur de régression politique et sociale. Les trois formations de l’opposition défendront chacun un programme différent de celui des partis au pouvoir, mais se rejoignent néanmoins sur la définition de la République.
Il reste que la scène politique est également porteuse d’une multitude d’autres formations politiques, mais dont le poids programmatique et idéologique reste assez peu audible. Leur audience sera limitée et ne pèseront donc pas sur les véritables forces en présences. Celles-ci se dessinent déjà et l’important pour nombre d’observateurs sera de jauger l’influence véritable des islamistes algériens cinq années après avoir échoué à renverser la tendance, lors des élections de 2012.