Ni la pandémie, ni les feux ravageurs et meurtriers, ni encore moins le traumatisme national causé par l’abject assassinat du jeune Djamel, n’ont pesé lourd au moment où le pouvoir a décidé de programmer les élections locales pour le mois de novembre prochain. Cette décision risque toutefois de se heurter à un boycott de la part de la population, mais aussi de la part des opposants démocrates, qui ont déjà marqué les précédentes élection par leur absence.
Ceci dit, il faut noter que les élections locales revêtent un caractère singulier auprès des citoyens, qui enregistrent toujours un taux de participation élevé par rapport aux autres scrutins. Les partis de mouvance démocratique se retrouvent donc devant un choix difficile, à propos duquel aucun d’entre eux n’a encore tranché.
L’opposition dans le flou
Le FFS, le RCD, le PT, le MDS, ainsi que d’autres partis, ont tenté en vain, et à plusieurs reprises, de trouver une alternative démocratique à la crise politique dans laquelle patauge le pays depuis des années. Comme à chaque fois, ces partis se retrouvent face à un véritable dilemme. Participer ou non aux prochaines élections ?
Cette fois-ci cependant, la question se pose avec beaucoup plus d’insistance, et dans un contexte socio-politique très particulier. Le pouvoir d’achat des Algériens, au seuil d’une rentrée sociale angoissante, ne fait que chuter, un spectre menaçant pèse sur les libertés, sans oublier l’abstentionnisme devenu presque un réflexe chez la majorité des citoyens et aussi Fethi Gheras, le chef du MDS, qui se trouve encore en prison. Le choix de chacun de ces partis doit être doublement réfléchi.
Le FFS, qui a boycotté les législatives sous la pression de sa base populaire, a toujours pris part aux élections locales. Cette fois-ci y aura-t-il exception ? Le plus vieux parti de l’opposition va-t-il trouver de la peine à convaincre la population à le soutenir dans des programmes qui devront être réalisés sous la houlette de dirigeants avec lesquels la confiance a été fortement écornée ?
Vers une participation des partis démocrates ?
Les partis doivent, cette fois-ci, bien peser le pour et le contre. Choisir entre légitimer un système qu’ils veulent changer, ou perdre leur présence sur la scène politique officielle, qui ne va pas pardonner une énième absence sans résultats. Cet empressement du pouvoir à convoquer le corps électoral est vu par certains comme un ultimatum lancé envers les partis démocratiques. Participer ou disparaitre.
Le secrétaire général du FFS, lors de l’université d’été organisée en juin dernier à Souk El-Tenine, a déclaré que le FFS « a toujours fait de sa présence dans les assemblées locales un axe stratégique » et qu’être « au plus près de nos concitoyens, partager leurs souffrances et leurs combats, les accompagner, répondre un tant soit peu à leurs attentes et partager leurs espoirs, c’est là le socle sur lequel est fondé notre parti. C’est dans cette optique que notre présence dans les assemblées locales trouve tout son sens ».
Le RCD, qui a pour sa part fortement « dénoncé les multiples passages en force du régime à travers les précédentes farces électorales » et qui estime que « l’illégitimité qui frappe ce pouvoir est entière », a toutefois indiqué qu’il « reste attaché au fonctionnement constitutionnel des institutions et à l’application des seuls instruments prévus par la législation ».
Le PT enfin, va se pencher “avec responsabilité et lucidité” sur la question de sa participation ou non au prochain scrutin, a affirmé Hannoune vendredi dernier, via un communiqué très critique, voire incendiaire vis-à-vis du pouvoir et de sa gestion des multiples crises que connait l’Algérie. Le PT a notamment souligné que c’est “un fait étonnant que de convoquer le corps électoral, qui ne relève pas des soucis des citoyens (…) C’est un échec annoncé”.