Le Mouvement de la société pour la paix (MSP), parti politique d’obédience islamiste, a averti, mardi, contre la tenue de la prochaine élection présidentielle dans les conditions actuelles et refuse la politique du « fait accompli ».
Dans un communiqué, diffusé hier, à l’issue de la réunion ordinaire du bureau national exécutif, soit au lendemain de la grandiose 37e marche des étudiants, le parti islamiste MSP a affirmé : « imposer la prochaine élection d’une façon « irrationnelle » constitue une menace pour la stabilité du pays, la possibilité de trouver un consensus politique et la relance économique du pays ».
Le prochain scrutin présidentiel n’est dans le fond qu’un alibi pour « régénérer le système avec les mêmes mentalités et les mêmes visages », lit-on encore dans le communiqué du bureau politique du MSP.
Et d’ajouter » le mouvement populaire du 22 février est la seule garantie pour sauver le changement et les réformes entamées à partir du mois de février », tout en saluant « la mobilisation millionnaire’’ du 1er Novembre, qui reflète, aux yeux du MSP, « le degré de conscience des Algériens qui n’ont pas abdiqué face aux menaces et déjoué les tentatives de récupération, en restant fidèles à la revendication du changement ». Le parti islamiste n’a pas omis, dans le même communiqué, de condamner »le mépris du pouvoir à l’égard des revendications du peuple « .
Par ailleurs, le MSP de Abderzak Mokri a dénoncé l’intervention musclée des forces antiémeutes contre les magistrats à l’intérieur de la Cour d’Oran, qualifiant cet incident d’’’un précédent grave », mais qui, a-t-il ajouté, servira de »leçon » non seulement au secteur de la Justice mais à tous ceux qui ferment les yeux sur les cas d ‘injustice, de la répression et de la fraude, et qu’à leur tour ils vont subir, tôt ou tard, les foudres du pouvoir.
Pour rappel, le MSP a annoncé, en septembre dernier, qu’il ne participera pas à cette élection, considérant que les conditions de transparence n’étaient pas réunies. «Les préalables requis, notamment la transparence de l’élection, la satisfaction des revendications du Hirak [le mouvement de contestation qui secoue le pays] ne sont pas réunis», avait alors affirmé le chargé de communication du parti, Bouabdallah Benadjimia. Il est à signaler que le parti de Mokri était le premier à avoir appelé à l’intervention de l’Armée pour « accompagner » le mouvement populaire, avant que le ciel ne lui tombe dessus à travers des réactions de la classe politique notamment de la mouvance démocratique, qui lui ont rappelé que l’Armée n’’’a pas à se mêler de la politique’’ et doit ‘’se contenter de ses missions’’ telles que définies par la Constitution. A-t-il alors eu vent de l’intervention de l’Armée, et que par stratégie politique, le MSP tentait alors de récupérer la démarche du commandement militaire à ses profit ? Difficile de répondre pour une formation politique qui a cette habitude de souffler le chaud et le froid et adepte de la politique mi-figue mi-raisin.
Brahim Oubellil