Houria Moula
Encore une fois, l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM) s’invite au débat et refuse de rester spectatrice face à la situation de crise.
Frange très respectée des Algériens pour son passé glorieux, les moudjahidine joignent leurs voix à celle des partis, associations et autres acteurs de la société civile qui se solidarisent avec Lakhdar Bouregaâ et les jeunes incarcérés pour port de l’emblème amazigh.
«Ce que nous souhaitons du pouvoir actuel, c’est que les responsables fassent un geste de clémence et de fraternité envers les personnes emprisonnées à cause des revendications populaires», a déclaré Mohand Ouamar Benelhadj, secrétaire général par intérim de l’Organisation, dans une vidéo mise en ligne. Et de préciser qu’il parle de personnes détenues «pour un écart de langage ou bien pour port de l’emblème amazigh». Pour lui, il y a eu durant les marches plusieurs emblèmes notamment «sportifs » et même « de zaouïas » et toute personne « peut se tromper », dans une allusion aux propos de Lakhdar Bouregaâ, qui lui ont valu la détention préventive.
Cet appel «est au nom de l’ONM aux responsables», a expliqué Benelhadj pour qui ces personnes «ne sont ni des criminels ni des voleurs». Par la même occasion, le SG intérimaire de l’ONM interpelle les magistrats à qui il demande de faire la part des choses quand ils viennent à prononcer des sentences. « Emprisonner quelqu’un pour avoir brandi un slogan à un an de prison ferme et d’autres pour faux ou dilapidation à 6 mois de prison ferme, il y a un déséquilibre», a lâché Mohand Ouamar Benelhadj, estimant que les jeunes détenus pour port d’emblème ou encore Bouregaâ « ne méritent pas la prison ». Depuis le début du Hirak, l’ONM s’est en tout cas distinguée par un ton plus clair et qui tranche catégoriquement avec l’ancien discours sous le régime de Bouteflika. Fini la langue de bois et place aux positions fermes.
C’est en ce sens qu’elle a défendu le moudjahid Lakhdar Bouregaâ au lendemain de son incarcération, se réservant « le droit d’engager des poursuites judiciaires à l’encontre des parties qui (lui) ont donné un autre nom autre que son vrai nom et qui ont porté atteinte à son honorable parcours». Dans une déclaration, l’ONM, passant sur « les raisons qui ont amené la justice à décider de son arrestation », avait souligné « l’importance historique du rôle joué par cette personnalité durant la guerre de Libération au niveau de la wilaya IV historique ».
Cette fois-ci, c’est un appel franc à sa libération qui s’ajoute à d’autres appels déjà lancés en direction du pouvoir, notamment le chef d’état-major de l’ANP. Le 1er juillet dernier, l’ONM a estimé qu’«en ignorant l’application des articles 7 et 8, réclamée avec insistance par le Hirak populaire, la période de transition instituée par l’article 102 de la Constitution a engendré le constat actuel, à savoir un échec total ». Une accablante conclusion qui constituait une réponse au général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah qui ne cessait alors de vanter les résultats de l’application de l’article 102 de la Constitution.
Sur un autre registre, le secrétaire général de l’ONM s’est exprimé sur le cas de la députée Naïma Salhi qui s’en est pris à la moudjahida Djamila Bouhired, l’accusant d’être « la création de la France», indiquant que l’Organisation n’allait pas se constituer dans cette affaire, en respect à la volonté de la concernée. « Pour Djamila Bouhired, on nous a reproché de n’avoir pas réagi.
C’est vrai qu’elle est une icône comme toutes les autres icônes. Mais, puisqu’elle ne veut pas répondre, nous n’allons pas agir en solo. Nous respectons sa volonté et nous n’irons pas en justice contre cette députée », a déclaré Benelhadj. Avant d’enfoncer Naïma Salhi qui, selon lui, «a dépassé toutes les limites » et « doit aller consulter à l’hôpital Franz-Fanon de Blida pour un examen psychiatrique, car elle n’a pas toutes ses facultés mentales ou peut-être est-elle actionnée» ?