Dilapidation de deniers publics, du foncier industriel, du foncier touristique, non-paiement des impôts par des oligarques, fuites de capitaux, corruption, jonctions entre affaires maffieuses et le pouvoir politique… En somme, Mme Hanoune a fait, hier, le procès du régime.
Jamais la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Mme Louisa Hanoune, ne s’en était prise aussi crûment et sans ambages aux tenants du système politique algérien comme elle l’a fait hier. La patronne du PT s’est lâchée, en effet, lors de l’ouverture des travaux de la session ordinaire du bureau politique de sa formation, contre le régime politique actuel qu’elle a qualifié de tous les noms. “Le système actuel est un danger pour le pays”, a-t-elle tonné, après avoir passé en revue les innombrables échecs des gouvernants, tranchant ainsi avec ses différentes déclarations où elle mettait, habituellement, de l’eau dans son vin, surtout lorsqu’elle évoquait le chef de l’État.
Même ce dernier, auquel Mme Hanoune a toujours trouvé “des circonstances atténuantes”, n’a pas été épargné. Il a eu, en effet, sa part de la volée de bois vert de la part de la SG du PT qui a estimé que le message du chef de l’État à l’occasion de la célébration de la Journée nationale du moudjahid était “creux”. Si sur le plan historique, les rappels faits par Abdelaziz Bouteflika ne sont pas, selon Mme Hanoune, sujets à débats, il n’en demeure pas moins que la pasionaria du PT n’a pas raté l’occasion pour dire le fond de sa pensée, qualifiant les orientations socioéconomiques actuelles “de coup de poignard dans le dos de la Révolution”. Une sorte de piqûre de rappel destinée directement au chef de l’État et à ses choix pour le pays qui tranchent avec les objectifs de la Révolution, notamment un futur État algérien démocratique et surtout social. Le réquisitoire contre le système politique “pétrifié”, l’a-t-elle qualifié encore, ne s’arrête pas en si bon chemin. La conférencière a, en effet, énuméré les ratages du système qui ont provoqué et qui provoquent toujours “une situation inextricable”, qu’elle qualifiera plus loin “de situation de guerre”.
Dilapidation de deniers publics, du foncier industriel, du foncier touristique, non-paiement des impôts par des oligarques, fuites de capitaux, corruption, jonctions entre affaires maffieuses et le pouvoir politique… En somme, Mme Hanoune a fait, hier, le procès du régime dont les pratiques ont provoqué, a-t-elle dit, “une situation de déliquescence institutionnelle avancée”. Elle a aussi fait référence à la dernière sortie de Taoufik Makhloufi, l’athlète qui a osé dénoncer les pratiques malsaines qui gangrènent le monde du sport. “Le gouvernement a ouvert les portes de l’enfer sur lui-même”, a-t-elle ajouté concernant les “solutions artificielles” qu’il propose comme remède contre la crise économique. “C’est comme un serpent qui se mord la queue”, a ajouté Mme Hanoune, en s’en prenant avec véhémence aux choix socioéconomiques du régime, faits d’austérité. “C’est un danger absolu”, a-t-elle dit, révélant, dans ce sillage, que des entreprises publiques, et pas des moindres, ont commencé à licencier des travailleurs. Pour elle, tout cela est de la provocation et de la fuite en avant. “Nos jeunes montrent des signes de détresse, tout comme les réfugiés syriens, yéménites et autres”, a-t-elle dit, ajoutant que si les réfugiés fuient une situation de guerre, “nos jeunes fuient des lendemains incertains”. Concernant les échéances électorales futures, elle a souligné que l’organisation des élections dans ce contexte “est une aventure”, car “le pays est dans une situation de guerre”.