Dans une déclaration rendue publique hier, la famille Maillot a décidé de rompre le silence sur l’ostracisme et le déni dont continue à faire l’objet le martyr de la Révolution algérienne, Henri Maillot, au même titre que d’autres moudjahidine d’origine étrangère, qui ont sacrifié leur vie pour la cause nationale sans jamais bénéficier d’une reconnaissance officielle après l’indépendance.
Ainsi, lit-on dans cette déclaration à la fois puissante et émouvante : “Nous, membres de la famille du chahid Henri Maillot, mort au champ d’honneur les armes à la main, le 5 juin 1956, osons briser le silence que nous nous sommes imposé pendant 55 ans et, pour cause, notre frère et oncle est victime d’un ostracisme et d’un déni de reconnaissance énigmatique (…) et demeure banni du panthéon réservé aux martyrs, au même titre que son ami et voisin de quartier, le chahid Fernand Iveton, guillotiné à Serkadji le 11 février 1957.” Alors que “des centaines de citoyens se font un devoir de venir se recueillir sur leurs tombes”, ces deux grands martyrs ne sont toujours pas reconnus et considérés à leur juste valeur, déplore en substance la famille Maillot.
Pis encore, fustige-t-elle, “en juin 2015, l’APS a publié une dépêche dans laquelle le chahid Henri Maillot était qualifié d’ami de la Révolution algérienne”. Un qualificatif qui “illustre, on ne peut mieux, le sort réservé aux chouhada et moudjahidine d’origine européenne”, considèrent les auteurs de la déclaration, tout en jugeant “regrettable” d’avoir à rappeler certains faits historiques pour prouver leur attachement à leur patrie. En ce sens, indiquent-ils, “la famille Maillot est installée en Algérie depuis six générations et ne l’a jamais quittée en dépit de tous les drames qui l’ont secouée”. Le chahid Henri Maillot, ajoutent-ils, a offert, quant à lui, “sa vie”, c’est-à-dire “ce qu’il avait de plus précieux pour défendre sa patrie”. À l’indépendance, poursuivent les signataires de la déclaration, “tous les membres de la famille Maillot ont opté pour la nationalité algérienne au lieu de la française”.
Revendiquant sa prise de position pour la cause algérienne, le martyr Henri Maillot, rappelle, par ailleurs, sa famille, avait adressé à l’époque à la presse parisienne un message on ne peut plus clair pour justifier sa désertion de l’armée française, avec un camion rempli d’armes et de munitions. “Je considère l’Algérie comme ma patrie et je dois avoir à son égard les mêmes devoirs que tous ses fils…”, clamait-il ainsi à travers ce message. Aussi, insistent les membres de la famille de ce grand martyr de la Révolution : “Nous aimerions voir son nom gravé sur le fronton d’un lycée, d’une université, d’une cité ou bien lui dédier un lieu de mémoire pour que son sacrifice pour une Algérie libre, indépendante, fraternelle, tolérante et juste ne soit pas vain…” Ce serait, concluent-ils, “une juste reconnaissance qui le sortira de la nuit de l’oubli où il a été longtemps confiné, à l’instar d’autres martyrs algériens d’origine étrangère”.
Akli R.