Le propos de chaque formation politique est on ne peut plus dur et le constat est sĂ©vère, mais tous les partis estiment que la solution n’est pas dans une «aventure» sans issue.
Les partisans de l’application de l’article 102 de la Constitution ne trouvent aucun relais Ă leur campagne au sein de la classe politique nationale. Le RCD, le MPS, Talae el houriat et le FFS qui ont eu Ă s’exprimer sur le sujet ont tout simplement ignorĂ© cette option, estimant que la solution n’est aucunement opportune dans les conditions qui prĂ©valent actuellement en AlgĂ©rie et dans la rĂ©gion. Ces partis qui font l’essentiel des voix de l’opposition n’ont pas mĂ©nagĂ© le pouvoir pour autant. Le propos de chaque formation politique est on ne peut plus dur et le constat est sĂ©vère, mais tous les partis estiment que la solution n’est pas dans une «aventure» sans issue qui n’amènera aucune plus-value Ă la dĂ©mocratie.
Ce positionnement remet les choses Ă leur place et identifie les «forces politiques», qui agitent l’article 102 de la Constitution. Il n’est pas difficile de les Ă©numĂ©rer puisqu’il ne s’agit que d’une seule formation politique, sans aucun ancrage populaire. Ce parti dont la voix porte bien plus loin que sa popularitĂ©, grâce aux relais mĂ©diatiques, trouve dans les Ă©crits d’un ancien ministre motif Ă poursuivre son «combat» en faveur de la destitution d’un prĂ©sident Ă©lu. Le motif invoquĂ© aurait pu faire dĂ©bat, sauf que personne, dans la classe politique, n’entend aller dans le sens d’une suggestion qui n’a d’autre raison d’ĂŞtre que de «polluer» le paysage politique, dans un contexte particulier oĂą tout le monde a besoin de tout le monde pour affronter les difficultĂ©s socio-Ă©conomiques qui s’annoncent.
Les partis de l’opposition ne donnent pas de chèque Ă blanc au pouvoir, mais semblent plus enclins Ă entrevoir une dĂ©marche politique plus consensuelle. Il suffirait pour les uns et les autres de trouver le bon moyen d’engager un dialogue serein et responsable. On peut supposer donc que l’opposition n’est pas restĂ©e sourde Ă la proposition de dialogue lancĂ©e par Bouteflika dans son message aux AlgĂ©riens, le 20 aoĂ»t dernier et son intervention dans le Conseil des ministres du 6 septembre.
MĂŞme si l’on ne perçoit pas encore un changement dans l’attitude des principaux partis d’opposition Ă l’Ă©gard du pouvoir, il est nĂ©anmoins certain que leur principale prĂ©occupation ne semble pas du tout aller dans le sens d’un changement immĂ©diat Ă la tĂŞte de l’Etat. Politiquement stĂ©rile et juridiquement impossible, cette «fausse solution» est donc rejetĂ©e par ces partis qui attendent certainement d’autres signaux de «bonne volonté» de la part du chef de l’ExĂ©cutif, rompu au dialogue politique, pour en avoir dĂ©jĂ conduit.
Ahmed Ouyahia n’a d’ailleurs pas manquĂ© d’appeler l’ensemble des acteurs politiques Ă une large concertation Ă l’effet d’adopter une position commune face aux dĂ©fis qui s’annoncent très difficiles Ă relever. Le Premier ministre doit savoir qu’un gouvernement, mĂŞme appuyĂ© par une majoritĂ© confortable Ă l’APN, ne pourra pas convaincre la sociĂ©tĂ©, en l’absence d’un large consensus politique.
Il est entendu que ledit consensus auquel a appelĂ© le chef de l’Etat est sans doute une mission aussi difficile, si ce n’est plus difficile encore que la direction du pays en pleine bourrasque financière. C’est dire que la mission politique de Ahmed Ouyahia est aussi compliquĂ©e que ce qui l’attend dans l’Ă©conomie. Saura-t-il trouver le «bout du fil» pour amener tout le monde ou tout au moins une bonne majoritĂ© de partis autour de la table du dialogue, avec l’objectif d’avoir un projet unifiĂ© de sortie de crise? C’est toute la question que se posent les observateurs de la scène nationale, après que l’idĂ©e de l’article 102 eut Ă©tĂ© officiellement enterrĂ©e par les acteurs politiques.
Il est difficile, pour l’heure, d’imaginer ce que seront les propositions du Premier ministre, mais le rĂ©veil de l’alliance prĂ©sidentielle et la volontĂ© de la maintenir ouverte Ă toutes les formations politiques, avec en prime, un discours «rassurant» Ă l’endroit de l’opposition, supposent une dĂ©marche susceptible d’entrevoir des initiatives politiques novatrices.
Le Premier ministre n’est pas dĂ©nuĂ© d’imagination et l’apport significatif de l’expĂ©rience prĂ©sidentielle aura, Ă n’en pas douter, un impact certain sur l’attitude et les discours des partis de l’opposition.
Il convient de relever que si les partis algĂ©riens affichent tous une disponibilitĂ© au dialogue, car c’est par le dialogue que la RĂ©conciliation nationale a pu trouver sa voix au sein de la sociĂ©tĂ©. C’est Ă©galement la RĂ©conciliation nationale qui sera le moteur de la sortie de crise, estiment de nombreux observateurs.