Maintenant que l’impasse semble inévitable et l’agenda du régime compromis, des interrogations surgissent depuis quelques jours sur la représentation du mouvement populaire, sa structuration ou encore sur l’évolution de la situation politique dans les prochaines semaines et sur la manière dont sera éventuellement organisée une hypothétique période de transition.
Attaché à mener contre vents et marées son projet, comme en témoigne le maintien des “deux B”, malgré la demande de leur renvoi par la rue, la désignation à certains postes névralgiques de nouveaux responsables ou encore le maintien de l’Exécutif, le régime qu’incarne le chef d’état-major de l’armée ne semble pas disposé à quelques compromis ou, à tout le moins, concéder aux millions d’Algériens qui manifestent chaque vendredi la solution qu’ils réclament. Mais face aux partisans du statu quo et au malaise qui s’est emparé des partis politiques, incapables de peser sur le cours des événements pour moult raisons, la société se déploie depuis quelques semaines pour, d’une part, conférer une meilleure organisation au mouvement, et d’autre part, chercher des consensus avec toutes les dynamiques de la société civile dans l’espoir d’esquisser un contenu consensuel à tous ceux qui s’inscrivent dans la transition pour en sortir avec une alternative au régime.
C’est dans ce contexte que s’inscrit la conférence nationale que projettent d’organiser une trentaine d’associations et les organisations syndicales regroupées autour de la Confédération des syndicats autonomes. L’idée est née le 27 avril dernier au cours d’une réunion des dynamiques de la société civile. “On a estimé qu’il y a urgence à capitaliser et à faire converger les dynamiques, d’où l’idée de la conférence qui sera inclusive et qui rassemblera le maximum d’associations et de syndicats pour construire un consensus et sortir avec une vision commune”, explique Abdelouahab Fersaoui, président du RAJ. Si la date n’est pas encore fixée, la conférence devrait théoriquement avoir lieu avant la fin du Ramadhan. Et d’ores et déjà, une réunion préparatoire est envisagée pour ce samedi avec la Confédération des syndicats autonomes. Depuis le lancement de l’idée, des associations disséminées à travers le territoire national, ou encore activant à l’étranger ont exprimé le désir de se joindre à l’initiative. “On va faire participer ceux qui s’inscrivent dans la rupture avec le système, qui rejettent l’élection du 4 juillet et s’inscrivent dans la transition sans les figures du régime”, souligne le président du RAJ.
“On va discuter du contenu de la transition, des mécanismes pour sortir avec une alternative qu’on soumettra à la société, aux partis politiques et au pouvoir”, ajoute-t-il. Mais si le défi s’annonce laborieux, faut-il sans doute le souligner, la question est de savoir si le régime, qui s’emploie à réfuter toute représentation, concédera à accepter à engager le dialogue. D’où la nécessité d’envisager parallèlement d’autres formes de lutte.
Karim Kebir