Elles ont eu un enfant hors mariage ,Mères célibataires : victimes ou coupables ?

Elles ont eu un enfant hors mariage ,Mères célibataires : victimes ou coupables ?

Les filles-mères ne sont pas des «pratiquantes du sexe. Elles sont souvent prises au dépourvu faute d’éducation sexuelle, viol ou inceste»

Selon les statistiques du ministère de la Solidarité nationale, 3 000 enfants «illégitimes» naissent chaque année dans notre pays et la moyenne d’âge des mères célibataires est de 18 ans. La plupart vont dans des centres spécialisés, tels que Diar-Errahma ou le centre de Bou Ismaïl, mais il y en a qui préfèrent l’oreille attentive des associations à utilité publique, comme SOS Femme en détresse, Femme en communication, Réseau Wassila et bien d’autres encore. Plus d’une dizaine de pouponnières sont implantées au niveau national et accueillent des enfants abandonnés âgés entre 0 et 6 ans. Ces chiffres, encore une fois sont loin de refléter la réalité, du fait que certaines mères célibataires accouchent dans l’anonymat absolu, dégageant ainsi toute responsabilité au géniteur.



Dans notre société, tous les regards sont braqués sur la femme considérée comme la seule fautive, alors qu’à aucun moment l’homme n’est incriminé, lui qui est tout autant responsable si ce n’est plus. Cela sans parler de la situation désastreuse à laquelle sont confrontés les enfants privés de famille, que ce soit ceux placés dans des instituions spécialisées, ou alors dans des foyers pour orphelins, en raison du manque de qualification du personnel et des structures défaillantes.

Pour ce qui est des mères, Nacéra Merah, sociologue, estime qu’il est important de prendre en charge ces femmes en détresse, tout en précisant que c’est d’abord un acte humanitaire, médical, social et de citoyenneté. «Quels que soient leur statut et les «erreurs» qu’elles ont commises, la société doit jouer un grand rôle pour éviter le pire». Encore une fois, il faut poser la question de savoir où sont les pères biologiques de ces enfants nés sous x ? Il est question, selon elle, de responsabiliser la société et de retrouver les pères pour partager cette responsabilité, mais avant tout, il faut inciter ces filles à dénoncer les géniteurs pour qu’ils prennent en charge l’enfant.

L’Etat doit veiller au bon traitement de ces enfants et veiller à ce qu’ils ne soient pas traumatisés, qu’ils aient les mêmes chances, peut-être même plus. Le principe de discrimination positive devrait leur être appliqué.

Notre interlocutrice affirme que les filles-mères sont licenciées de leur travail ou sont confrontées à un refus de recrutement, par crainte sans doute qu’elles aient une mauvaise influence sur leur entourage.

Pour arriver un tant soit peu à traiter ce fait sociétal, de larges campagnes de sensibilisation doivent être initiées pour dissiper les préjugés sur ces femmes, somme toute victimes. Il faudrait également instaurer une large communication au sein même du milieu familial, notamment, et appeler à une éducation sexuelle, selon Mme Nacéra Merah.

En tant que militante pour les droits de la femme, Nacéra Merah avoue que ce n’est pas facile de tendre la main à ce genre de personnes. Pourquoi ? La majorité des gens considère ce geste comme un encouragement à suivre ce chemin.

«C’était la même chose lorsque nous nous battions pour le droit des femmes au logement après le divorce. Nous étions également accusées d’encourager les femmes à divorcer», Dit-elle. Elle déplore : «C’est toujours pareil, lorsque nous essayons de pallier les différents problèmes que les femmes subissent, on prétend que nous voulons encourager la débauche. Or, celle-ci est la conséquence de la négligence et du mauvais traitement des victimes en détresse.»

S.L