Des émeutes ont fait 27 morts, mercredi 26 juin dans la matinée, près de Tourfan, dans la région chinoise à majorité musulmane du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine, a rapporté l’agence officielle Chine nouvelle. Dix-sept personnes ont été tuées – neuf policiers et vigiles ainsi que huit civils –, avant que la police n’ouvre le feu et tue dix émeutiers, a rapporté un responsable sous couvert de l’anonymat à l’agence officielle chinoise.
Le Xinjiang est régulièrement secoué par des troubles en raison de fortes tensions entre Hans, ethnie ultra-majoritaire en Chine, et Ouïgours, invariablement accusés de « terrorisme » ou de « séparatisme » par les autorités.
Vers 6 heures mercredi (minuit heure française), « des émeutiers armés de couteaux ont attaqué les postes de police et le bâtiment du gouvernement local »de la ville de Lukqun, située à environ 250 km au sud-est de la capitale régionale Urumqi, non loin de l’oasis de Tourfan.
Les émeutiers ont « poignardé des gens et mis le feu aux véhicules de police », a ajouté l’agence, citant des responsables régionaux du Parti communiste chinois (PCC). Trois émeutiers ont été arrêtés sur place, et la police était à la poursuite de ceux qui se sont enfuis, a ajouté Chine nouvelle, sans pouvoir préciser leur nombre.
MILITARISATION
« La répression incessante et la provocation expliquent les heurts », a réagi mercredi après la dernière tuerie le porte-parole en exil du Congrès ouïgour mondial, Dilxat Rexit. Ces nouveaux heurts meurtriers interviennent après que des affrontements armés ont fait 21 morts, dont six policiers, à la mi-avril entre des« séparatistes » de la minorité ouïgoure, la population turcophone musulmane du Xinjiang et des policiers, selon la version officielle chinoise.
La police chinoise a arrêté 19 « terroristes » dans le Xinjiang
Les plus graves affrontements entre Hans et Ouïgours se sont produits en juillet 2009 à Urumqi, la capitale de la région, faisant environ 200 morts. Les autorités ont renforcé le déploiement de forces de sécurité chinoises dans une région déjà très militarisée. En avril dernier, une unité de l’armée chinoise spécialisée dans la lutte antiterroriste a ainsi conduit des exercices au Xinjiang, selon le Quotidien de l’Armée populaire de libération.
« DISCRIMINATION ETHNIQUE »
En 2011, Pékin a affirmé que des affrontements ayant fait 19 morts avaient été provoqués par des « terroristes » séparatistes qui s’étaient entraînés au Pakistanvoisin. Mais des groupes ouïgours en exil ont rejeté ces accusations de terrorisme, rendant les inégalités et la répression religieuse responsables des troubles.
Le Xinjiang a concentré à lui seul l’an dernier plus de la moitié des procès pour« atteinte à la sécurité de l’Etat », alors qu’il n’héberge que moins de 2 % de la population chinoise, selon la fondation Duihua (« dialogue »), installée aux Etats-Unis. Cette organisation spécialisée dans l’aspect juridique des droits de l’homme en Chine considère qu’il existe une « discrimination ethnique » à l’encontre des Ouïgours en Chine.
Selon les chiffres officiels, le Xinjiang compte 46 % de Ouïgours et 39 % de Hans, le reste de la population appartenant à d’autres minorités comme les Kazakhs, les Kirghizes, les Tadjiks ou encore les Mongols.