Emigré dans ma ville

Emigré dans ma ville

Passant un sale moment à examiner les publications de certains amis sur les réseaux sociaux, je me suis glissé dans la peau d’un thérapeute pour décoder les images qui peuplent les pages Facebook.

J’ai eu l’impression comme si je voyageais dans une ville inconnue à la recherche d’un repère ou d’une plaque signalétique pour retourner dans ma ville natale, Mostaganem.

Je ne connais ni la ville où je me trouve ni le nom de la ruelle. Sans itinéraire, je n’ai pas d’autre choix que de marcher pour la retrouver.

Offusqué par des images de tas d’ordures, des sachets bleus qui couvrent les petits arbres plantés sur des trottoirs flambants neufs, des débris, des dos d’ânes à la taille d’un âne, des voitures garées en sens inverse et d’autres sur les trottoirs. Je ne me retrouve plus !

Soudain, je vois un immense chantier de tramway abandonné, avec des rails qui sectionnent les ruelles de cette agglomération en fragments de petites voies ceinturées par des tonnes de bordures, des routes presque impraticables pour les voitures, coupant la circulation aux piétons. Aucune fiche signalétique du projet, à part un écriteau en lettres déformées, intitulé ‘’cosider’’

Marchand un peu plus loin pour cesser de tourner en rond, je me trouve devant une petite chapelle, j’avais le pressentiment de connaitre cet endroit, puisque je vois un grand écriteau en haut, oui, c’est l’ancien siège de la daïra, mais je doute encore, puisque juste à côté , un portrait terrifiant d’amas de carcasses de maisons démolies, et des murs rasés, des commerces fermés ou abandonnés , un vide absolu et une cité déserte me fait revivre encore dans le suspense , comme si je pénétrais dans un champs de guerre ou une ville occupée par Daesh.

Le sentiment d’isolement m’invite à quitter l’anarchie du centre-ville et les malheurs des artères et aller retremper mon angoisse à la mer. Arrivant aux ‘’Sablettes’’ je l’ai bien reconnue cette plage avec ses commerces de bidonvilles qui décorent son accès principal, j’ai failli me perdre encore une fois à la vue de certains buildings qui cachent la vue à la mer,  ainsi que d’autres, squattent quelques parties de la plage. A côté, des dizaines de voitures se disputent des places devant les parkings à la matraque et les nids d’alcool. Je ne connais personne ! Tous ces nouveaux ‘’boss’’ qui dirigent ces nouveaux palaces et ces chauffeurs de 4X4 qui ne parlent pas l’accent de ma ville. Etranger dans ma propre ville, malgré le matricule 27 de mon véhicule, je suis resté hébété, étonné comme un émigré sans papier !

J’ai l’impression d’avoir voyagé dans le temps et surtout le sentiment de tristesse de voir ces quartiers massacrés et laissés à leur sort, cet émoi  m’invite encore une fois à observer la répétition d’un comportement irresponsable des responsables qui tournent le dos à cette merveilleuse ville d’antan ,jusqu’à  me détourner de la bonne route, et à prendre le chemin d’une ville sinistre qui ne ressemble guerre à cette Mostaganem , la perle de la méditerranée.

Belkacem