L’arrestation et l’emprisonnement de Karim Tabbou, le coordinateur national de l’Union démocratique et sociale (UDS-parti non agréé), par le juge d’instruction près le tribunal de Koléa, continuent de susciter l’indignation de personnalités nationales et d’ONG qui ont dénoncé cet acte d’atteinte à la liberté d’expression.
“L’arrestation et l’emprisonnement de l’opposant Karim Tabbou sont un acte inacceptable et renseignent sur la persistance de l’instrumentalisation politique de la justice et de la restriction des libertés individuelles et collectives”, a indiqué l’ancien ministre de la Communication, Abdelaziz Rahabi sur sa page Facebook. Dans sa déclaration, Abdelaziz Rahabi estime que “le pouvoir politique appelle à la normalisation de la situation mais limite parallèlement le champ politique et médiatique. Cette duplicité ne favorise pas l’apaisement et la confiance mais encourage plutôt la radicalisation politique. Il envoie ainsi des signaux négatifs à une opinion publique déjà inquiète et appelée à voter dans un environnement inadéquat”. Selon lui, “Karim Tabbou, comme tout citoyen algérien a le droit de donner son opinion sur l’État et sur ses institutions tout comme il a le droit de ne pas partager la voie adoptée par le commandement de l’armée pour sortir de la crise et de soutenir une autre option”. “La libre opinion, socle fondateur des droits humains, est le sens même du combat politique pacifique choisi par des millions de citoyens pour une Algérie plus juste et plus forte”, conclut-il. Le sociologue Nacer Djabi a estimé, aussi, que “Karim Tabbou unit plus les Algériens, cette fois-ci, de sa prison”. Il a indiqué vendredi, que “son arrestation est un mauvais message et une provocation contre les Algériens”, en arguant le fait que “Karim n’a pas dit des choses pour lesquelles il mérite d’être arrêté” mais, que Karim est “nationaliste dans ses slogans et ses positions”.
Très forte encore a été la réaction de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (Laddh), qui, tout en dénonçant vigoureusement le placement en détention provisoire de Karim Tabbou, rappelle que “la liberté d’expression n’est pas un crime”. La liberté d’expression “englobe aussi bien la critique que la valorisation des rôles joués par les différents acteurs politiques et institutionnels dans le contexte précis que traverse l’Algérie, marqué par une imbrication des prérogatives et des contradictions dans les positions au sujet de la manière de concrétiser les revendications du peuple, exprimées à travers le hirak pacifique depuis le 22 février”, a rappelé, en effet, la Laddh. L’ONG estime que la répression choisie par le “pouvoir réel” qui “s’acharne contre ceux qui ne partagent pas ses vues et formulent des issues contraires à ses souhaits ne permettra pas de dépasser la crise profonde que traverse le pays”.
Aussi, l’organisation met en garde contre la propagation des “discours de haine faits d’accusations en trahison et de racisme entre les individus d’un même peuple” souvent employés par “le pouvoir réel”. Mais aussi et surtout contre “l’utilisation de médias publics et privés comme fenêtres pour ces dépassements et la haine symbolique qu’ils comportent”. Elle estime comme de juste que le “langage de la force et la violation des droits de l’Homme ne permettront pas de construire un nouvel horizon que le peuple algérien” demande de manière pacifique depuis le 22 février.
A. R.