En contrepartie de son intégration à la politique européenne de voisinage, L’Algérie exige un partenariat gagnant-gagnant

En contrepartie de son intégration à la politique européenne de voisinage, L’Algérie exige un partenariat gagnant-gagnant

Le ministre algérien des Affaires étrangères n’a pas écarté la modification de certaines clauses de l’Accord d’association avec l’Union européenne.

Bruxelles propose, Alger refuse. L’Union européenne veut intégrer l’Algérie dans sa «politique de voisinage». Le commissaire européen responsable de l’Elargissement et de la Politique européenne de voisinage, M.Stefan Füle, a fait part de son souhait de relancer le débat.

«Je crois qu’il est important de relancer le dialogue sur la politique de voisinage», a-t-il déclaré lors d’une conférence conjointe qu’il a animée, dimanche dernier, avec le ministre des Affaires étrangères Mourad Medelci.

Le commissaire européen a réagi à chaud à la déclaration du chef de la diplomatie algérienne qui a réitéré le refus de l’Algérie à y adhérer. L’Algérie n’a pas changé de position sur cette question. «L’Algérie n’a pas intégré et n’a pas décidé d’intégrer la politique de voisinage», a-t-il martelé avec fermeté.

«Ceci dit, explique-t-il, cela n’empêche pas l’Algérie de continuer le dialogue avec l’UE sur toutes les questions, y compris celle du voisinage.» En prévision de la réunion du Conseil de l’Accord d’association prévue le 15 juin prochain, Bruxelles tente de remettre sur le tapis la politique de voisinage. Or, le gouvernement algérien veut d’abord négocier un partenariat gagnant-gagnant pour redresser les déséquilibres signalés de la balance commerciale.

M.Medelci a mis le doigt sur les questions d’intérêt qui préoccupent l’Algérie. En adoptant un langage plus clair, le ministre a cité entre autres, le volet économique, les relations commerciales, l’investissement et le transfert des technologies. Le ministre n’a pas écarté la modification de certaines clauses de l’accord à l’occasion de la réunion du 15 juin.

«L’Accord d’association porte sur 110 articles et offre la possibilité aux deux parties de demander des adaptations», a expliqué le chef de la diplomatie algérienne confirmant ainsi indirectement l’amendement de certains articles.

«Nous ne voulons pas aggraver les équilibres, il y a des dispositions qu’il faut prendre pour la promotion de tous les volets économique, politique et humain. Cinq années après sa mise en vigueur, l’Algérie tire un constat négatif marqué par la croissance de ses importations et la faiblesse des investissements.» Des critiques acerbes réitérées à plusieurs reprises, ce qui a d’ailleurs mené l’UE à réagir.

Or, tout en se disant compréhensive, l’UE veut relancer l’intégration de l’Algérie à la politique de voisinage. Le commissaire européen a précisé que les discussions qu’il a eues avec M.Medelci ont été «très franches et très ouvertes permettant même de dégager les voies à suivre pour renforcer notre coopération à l’avenir».

Toujours sur la réunion du 15 juin, M.Füle a estimé qu’il est «grand temps de faire un bilan des progrès réalisés dans la voie de la coopération bilatérale pour la renforcer davantage dans un climat de confiance mutuelle». Il a, dans ce contexte, souligné que l’Algérie est un partenaire «très important» pour l’UE, rappelant qu’elle fournit à l’Europe 20% de ses besoins en gaz.

M.Füle a insisté sur l’importance pour les deux parties d’élargir leur coopération hors hydrocarbures, ajoutant que des domaines comme l’agriculture, l’eau, le transport et les PME offrent de grandes possibilités de coopération.

Par ailleurs, il a indiqué avoir évoqué avec M.Medelci le rôle «capital» de l’Algérie dans l’intégration de la région du Maghreb arabe et dans la sécurité de la région du Sahel ainsi que la coopération entre l’UE et l’Union africaine (UA). La visite du commissaire européen à Alger a été l’occasion pour les deux parties de se concerter quant à l’élargissement de leur coopération hors hydrocarbures.

Une feuille de route a été dégagée pour baliser la voie lors de la réunion du Conseil d’association. Par ailleurs, un mémorandum d’entente relatif à la programmation financière 2011-2013 ainsi qu’une convention de financement relative au programme d’appui à l’enseignement supérieur d’une valeur financière de 172 millions d’euros ont été signés.

Nadia BENAKLI