En dépit de ses richesses inestimables, Ouargla cherche touristes désespérément

En dépit de ses richesses inestimables, Ouargla cherche touristes désespérément

Tourisme. Voilà un vocable bien méconnu de la population de Ouargla. Pourtant, du point de vue géographique, cette wilaya n’a rien à envier à d’autres régions du pays, car elle recèle d’énormes potentialités qui peuvent justement donner au mot tourisme toute sa signification et toute son étendue. Mais hélas, tel n’est pas le cas. On tourne le dos à ces potentialités, pour ne pas dire qu’on fait tout pour qu’elles restent ignorées.

Pendant une semaine, nous étions les invités de l’office du tourisme local de la commune d’El Allia, 115 km au sud du chef-lieu de wilaya d’Ouargla. Ses membres nous ont fait modestement découvrir les petites merveilles de cette wilaya, considérée comme la plus riche du pays, puisque c’est dans ses profondeurs que bouillonne l’inestimable source pétrolière. Si la nature a comblé Ouargla, l’homme, quant à lui, n’a pas su en faire un bon usage.

Reportage au cœur du «poumon» algérien

Située à quelque 800 km d’Alger, Ouargla s’étale dans l’ultime cuvette aquifère d’une rivière, l’oued Mya, «le fleuve aux cent affluents». Le ksar, à lui seul, est une référence mondiale. Dotée de sites pittoresques, elle donne vers le nord une vue imprenable sur une gigantesque palmeraie verdoyante. A l’est également d’immenses dunes de sable doré culminent à Aïn Beïda et à Hassi Ben Abdallah.

Plus loin encore, toujours à l’est, on peut voir quelques timides hamadas. Au sud, fleurissait autrefois la ville mythique de Sedrata, engloutie par le sable. Des images époustouflantes qui méritent d’être numérisés en séquences vidéo. Elle reste le parent pauvre, pour ne pas dire le souffre-douleur de tout ce qui est lié au tourisme.

Plus les années passent plus cette région sud du pays perd de sa superbe et bat de l’aile lorsqu’on soulève le couvert et qu’on s’approche pour examiner plus sérieusement le secteur touristique.

Pour corroborer le constat cité plus haut, il suffirait de jeter un coup d’œil au cœur des petites tribus, des villages, des communes et des daïras. La lumière d’Ouargla s’éteint chaque jour un peu plus comme une bougie qui annonce sa dernière flamme. Et c’est tout naturellement le secteur qui subit toute cette foudre, ce recul, cette nette dégradation. Pis encore, ne pouvant attirer aucun visiteur, cette wilaya se referme sur elle-même.

Oui, nulle personne étrangère ou venant d’une autre région du pays ne peut s’aventurer dans un lieu où aucune infrastructure touristique digne de ce nom n’est érigée pour l’accueillir en bonne et due forme. Aucun endroit ne permet effectivement de s’offrir des moments de détente entre familles ou amis. Les seuls occupants des chambres d’hôtels du chef-lieu communal sont des «routiers qui font une halte pour se reposer et reprendre la route vers d’autres horizons», nous confirme un maître d’hôtel.

Du gâchis !

Le chef-lieu de wilaya est repoussant, comme si une chape le couvre continuellement. Les habitants en veulent aux responsables et aux autorités qui ne font rien pour concrétiser des projets à même de donner à Ouargla une réelle image touristique, tout comme à ses alentours, notamment l’extrême Sud.

Les sites déjà existants sont en net dégradation. Les zaouïas, principale destination des visiteurs, sont également dans un piètre état. Les responsables à tous les niveaux, autorités locales y compris, se contentent d’observer une situation de dégradation avancée sans pour autant «pouvoir» ou vouloir faire quelque chose. La gestion de ces lieux doit faire l’objet d’une autre politique de gestion, d’une autre réflexion. La question que se pose cependant le citoyen et même tous ceux viscéralement attachés à la beauté du grand désert est : «C’est pour quand le changement ?»

Office du tourisme d’El Allia, un exemple à suivre

La wilaya d’Ouargla est un diamant à l’état brut. Nous l’avons constaté sur place. Les jeunes, bien qu’ils n’aient ni la capacité ni les moyens pour tailler les superbes sites de la wilaya et en faire un bijou national, activent dans des mouvements associatifs et tentent, tant bien que mal, de redonner à leur région la «renommée» qu’elle mérite amplement d’avoir. Les jeunes d’El Alia l’ont compris et ont décidé d’entamer des activités pour attirer des visiteurs et faire sortir leur région de son enfermement. El Alia compte, pour ce faire, investir ses efforts dans le tourisme spirituel, à défaut d’une politique touristique globale.

La zouia Sidi Bel Almi El Tidjania et celle de Shegua et bien d’autres attirent à elles seules plus de 8000 visiteurs chaque année. Ces derniers n’ayant pas où passer la nuit rentrent généralement chez eux quelques heures seulement après leur «pèlerinage» bien qu’ils doivent parcourir des centaines de kilomètres pour rejoindre leurs domiciles avant que ne tombe la nuit, synonyme aujourd’hui chez nous, au sud notamment, de «risques et dangers».

C’est sur ce point que les membres de l’office local du tourisme tentent d’attirer l’attention des autorités car c’est là, pour ces nombreux «volontaires», une façon de booster l’économie touristique et permettre à ces visiteurs de passer plus de jours sur place. Les jeunes d’El Alia «rêvent de voir des touristes venir de partout chez eux». Ils comptent d’ailleurs tout faire pour que ce rêve «devienne réalité».

Thanina Benamer