En Egypte, l’armée s’apprête à déloger de force les pro-Morsi

En Egypte, l’armée s’apprête à déloger de force les pro-Morsi

Les partisans du président islamiste destitué Mohamed Morsi ont appelé à de nouvelles manifestations en Egypte alors qu’expire un ultimatum du pouvoir et que les autorités s’apprêtent à disperser de force leurs sit-in sur deux places du Caire. L’Alliance contre le coup d’Etat et pour la démocratie, groupe dirigé principalement par les Frères musulmans, veut organiser « dix marches » dans toute la capitale pour « défendre la légitimité des élections ».

Barricadés avec femmes et enfants, les manifestants réclament depuis plus d’un mois le retour au pouvoir du premier président égyptien élu démocratiquement, déposé et arrêté par l’armée le 3 juillet après des manifestations monstres réclamant son départ.

Le nouveau gouvernement intérimaire mis en place par les militaires a promis des élections pour début 2014, mais menace de déloger la foule des places Rabaa Al-Adawiya et Nahda après la fin des quatre jours fériés suivant l’Aïd-el-Fitr, la fête de fin du ramadan . Des sources proches du gouvernement et de la sécurité, citées par Reuters, évoquaient une intervention dès lundi à l’aube, qui n’a finalement pas eu lieu.

BLOCAGES POLITIQUE ET DIPLOMATIQUE

L’opération aurait été reportée en raison du grand nombre de manifestants qui ont afflué sur les sites de rassemblemen après l’annonce de l’imminence d’une intervention. En prévision de cette offensive, les manifestants avaient en plus fortifié leurs camps et édifié des barrières de protection en bois et en béton, selonAl-Jazeera. Ils se seraient également procurés masques à gaz, lunettes protectrices et gants.

Toute la nuit de dimanche à lundi, le centre de presse installé dans une annexe de la mosquée de Rabiya a diffusé des messages, tour à tour bravaches et alarmés. « De nouvelles marches arrivent à Rabiya pour nous renforcer », a-t-il fait savoir à 4 heures du matin, une heure après avoir annoncé que trente-quatre bataillons de l’armée étaient en mouvement sur la route entre Alexandrie et Le Caire pour venirles déloger. Cette information n’a pas été confirmée.

Lire notre reportage (édition abonnés) Au Caire, le compte a rebours a commencé pour les Frères musulmans

Les Frères musulmans, qui répètent à l’envi que leurs manifestations sont pacifiques, réclament la libération de M. Morsi et des principaux dirigeants de la confrérie arrêtés depuis le 3 juillet – certains seront jugés le 25 août notamment pour incitation au meurtre – et la restauration du président et de la Constitution suspendue. Le gouvernement intérimaire propose seulement aux Frères musulmans de participer au processus électoral.

Dans le même temps, le pouvoir intérimaire, relayé par la presse égyptienne quasi unanime, accuse les Frères musulmans d’être des « terroristes », d’avoir stocké des armes automatiques sur les deux places et de se servir des innombrables femmes et enfants qui s’y trouvent comme de « boucliers humains ».

La communauté internationale, Union européenne et Etats-Unis en tête, a multiplié les tentatives de médiation ces dix derniers jours, en vain pour l’heure. Elle redoute un bain de sang : en un mois, plus de 250 personnes, pour l’essentiel des manifestants pro-Morsi, ont été tuées dans des affrontements avec les forces de l’ordre et des partisans du nouveau pouvoir.