En l’absence d’un cadre légal défini : La finance islamique en manque de souffle

En l’absence d’un cadre légal défini : La finance islamique en manque de souffle

Écrit par Bouzid Chalabi

«Sans ancrage juridique clair et ne souffrant d’aucune ambiguïté, l’implémentation en Algérie de la finance islamique et de ses instruments risque de tarder.» C’est du moins ce que redoute Mohamed Boudjelal, universitaire et membre du Haut-conseil islamique algérien (HCI), qui s’étonne que l’Algérie n’ait pas encore introduit cette formule alors que près de 50 pays, dont certains non musulmans, ont adopté ce mode de financement.

S’exprimant, à l’occasion d’un point de presse de présentation du Premier symposium algérien de l’assurance et de la finance islamiques, organisé sous le patronage du Haut-conseil islamique par le cabinet conseil Saafi, spécialisé dans la distribution et la conception de solutions Takaful et en finance islamique, qui se tiendra du 24 au 25 novembre prochain à Alger M. Boudjelal considère que «si l’on veut vraiment développer la financement chez nous, il va falloir introduire des aménagements dans la loi sur la monnaie et le crédit». Et d’ajouter dans ce sens : «La Banque d’Algérie devrait mettre en place une plateforme spécifique pour faire accélérer sa mise en place.»

De son côté, le président fondateur du cabinet conseil Saafi, Azzedine Ghlamallah, a estimé que «tout semble rouler au ralenti dans le processus d’implémentation de la finance islamique, alors que le pays aurait tout à gagner à l’accélérer. Et pourtant, depuis quelques mois, on attend que se soit mis sur rail». Et de rappeler, dans le même ordre d’idées : «Bien que de multiples annonces aient prévu l’offre par trois banques publiques de solutions conformes à la finance islamique, avant fin 2017, seule la Cnep a lancé, en novembre 2017, un produit de financement immobilier islamique.» Et d’ajouter que «malgré ce contretemps, l’actuel ministre des Finances, Abderrahmane Raouia, a récemment affirmé, selon l’APS, que d’autres produits participatifs proposés par la BDL et la Badr seront lancés au cours du premier semestre 2018.

Le ministre avait, par ailleurs, indiqué que les autres banques publiques devaient lancer leurs produits participatifs au cours du second semestre». On doute fort que cela puisse se concrétiser dans la mesure où, jusqu’ici, il n’existe pas de cadre légal qui puisse rendre effective l’implémentation de la finance islamique et ses instruments.

Cela dit, et pour revenir au symposium, selon un communiqué remis à la presse par l’agence événementiel et de voyages Med Voyages, co-organisatrice, ce sera une occasion pour les acteurs du système financier algérien, institutionnels et professionnels, de procéder à un benchmark de pays sur les expériences de réussite ou d’échec, relatives à l’implémentation de la finance islamique en vue d’en tirer les meilleurs enseignements. Toujours d’après cette même source, l’objectif de ce symposium est de soutenir les efforts des pouvoirs publics dans leur rôle d’intégrer les produits de la finance islamique, dits alternatifs, et conformes aux préceptes de l’islam dans le système financier national en vue de l’élargissement de la bancarisation et l’inclusion des ressources financières disponibles.

Rappelons, enfin, que la finance islamique représente, aujourd’hui, moins de 2% du secteur financier mondial, avec plus de 2 200 milliards d’euros d’actifs.

Mais sa réserve de croissance est considérable dans la mesure où seuls 40 millions, sur 1,6 milliard de musulmans en sont aujourd’hui clients.

Ajoutons que le FMI y a consacré un rapport qui estime que les actifs des institutions financières islamiques on été multipliés par 9 entre 2003 et 2013.