EN : Les conditions de Gourcuff

EN : Les conditions de Gourcuff

La tendance générale est pour le maintien de Christian Gourcuff à la tête de la barre technique de l’équipe d’Algérie. L’éclatante victoire remportée face aux (très faibles) Taifa Stars de la Tanzanie (7-0), mardi en match retour du dernier tour préliminaire des éliminatoires de la Coupe du monde 2018, a redonné espoir aux supporters des Verts.

Ayant opéré des changements tactiques, à plusieurs reprises recommandées par les spécialistes et les analystes, Gourcuff avait pu renverser la situation après le match aller (2-2) avant de dérouler à Blida inscrivant sept bons buts. Les changements de Gourcuff ont donné lieu à des résultats positifs surtout sur la qualité de jeu des Verts. Ces derniers semblent avoir retrouvé, du coup, leur flamboyance, laissée dans les vestiaires depuis l’arrivée de Gourcuff en remplacement du coach Vahid. Le large succès contre les Tanzaniens a suscité l’admiration de tout le monde y compris celle du président de la Fédération algérienne de football (FAF), Mohamed Raouraoua. Le dirigeant en question a déclaré que Gourcuff restera à la tête de la barre technique avant même que le technicien français ne s’y prononce officiellement. Faute de stratégie ? Défaut de communication avec le coach ? L’essentiel est que Gourcuff aura refroidi son employeur demandant un délai de réflexion avant de rendre sa réponse définitive. L’opinion nationale est perplexe, elle est partagée entre ceux qui appellent au changement immédiat à la tête de la barre technique de l’EN et d’autres qui privilégient la carte de la stabilité. Gourcuff n’entend visiblement personne de cette oreille. L’ancien Merlu n’est pas contre l’idée de poursuivre l’aventure, mais sous certaines conditions.

 Manque de protection

Se sentant mal protégé des facteurs exogènes indépendants de l’aspect sportif, Gourcuff conditionne, en effet, son maintien par le règlement de ce problème. C’est dire qu’il appelle la fédération à le protéger de tous les «parasites» en mesure de se répercuter négativement sur le bon fonctionnement de sa mission. Depuis le match remporté contre le Lesotho, sans convaincre, Gourcuff est devenu fragile. Les mauvaises prestations en matches amicaux à Alger en octobre dernier contre la Guinée (défaite par 2 buts à 1) et le Sénégal (victoire par 1 but à 0) ont fait les choux gras des médias locaux. De plus en plus critiques envers l’entraîneur national, les relations entre les deux parties ont pris un sérieux coup de froid après l’annonce de contacts secrets avec certains techniciens étrangers. En particulier avec Hervé Renard, démissionnaire du LOSC Lille. Communicateur avéré et respectueux de ses engagements avec les gens de la plume, Gourcuff déterre la hache de guerre. Il limite ses contacts avec la presse. Selon des proches de Gourcuff, ce dernier soupçonne des personnes influentes au niveau de la FAF qui auraient allumé la mèche pour envenimer les relations entre Gourcuff et les médias. C’est pourquoi le patron de la barre technique de l’EN impose comme seule et unique condition de lui fournir la protection.

 Raouraoua a aussi ses conditions

Le président de la fédération ne veut, de son côté, se mettre en position de faiblesse. Si Gourcuff tente d’imposer ses conditions pour rester, Mohamed Raouraoua, de son côté, aura demandé des garanties au coach pour que des choses (anormales) changent dans la maison des Verts. Raouraoua aura réclamé à l’entraîneur de revoir sa gestion du vestiaire, apprend-on de sources crédibles d’après lesquelles le locataire de la maison de Dely Ibrahim n’a pas aimé les écarts disciplinaires enregistrés dans le groupe. La presse en a fait état. Malgré toutes les tentatives des responsables de l’EN de dissimuler ces affaires d’indiscipline, il reste que les informations rapportées se sont vérifiées par la suite. Le cas le plus frappant est relatif à l’accrochage entre Soudani et Brahimi à la fin du match amical contre le Sénégal au stade du 5-Juillet. C’est juste un exemple parmi tant d’autres. Raouraoua ne veut plus en parler. Il réclame du coup davantage de célérité et de rigueur dans le traitement des cas d’indiscipline pour éviter que le «corps» des Verts en soit gangréné. En termes plus clairs, le président de la FAF n’est pas satisfait de la manière avec laquelle est gérée la sélection nationale. Certains joueurs en profitent pour imposer leur diktat.

 Semaine décisive

L’ancien entraîneur de Lorient, révèlent encore nos sources, devrait rendre sa réponde définitive avant la fin de la semaine en cours. Raouraoua ne veut pas perdre plus de temps et invite le coach à trancher rapidement. C’est dire combien cette semaine s’annonce décisive pour les Verts. Compte tenu des importantes échéances qui attendent l’équipe algérienne, il est clair que le dossier doit être bouclé dans les plus brefs délais pour que le reste des brumes disparaît du ciel de l’EN. Gourcuff devrait poursuivre sa mission, indique-t-on. Mais Raouraoua, en homme averti, aura certainement pris ses dispositions dans les deux cas.

Rafik Khaled