En raison des opportunités non exploitées dans le cadre de l’accord d’association avec l’UE, L’Algérie doit approfondir ses réformes

En raison des opportunités non exploitées dans le cadre de l’accord d’association avec l’UE, L’Algérie doit approfondir ses réformes

Un engagement de l’État algérien et un soutien coordonné et continu de l’UE sont indispensables.

“Il est constaté que la dynamique macroéconomique de l’Algérie n’a pas été modifiée par l’entrée en vigueur de l’Accord d’association (AA). Certains indicateurs, comme l’évolution des prix, les évolutions de la balance des services, du taux de change effectif réel et de l’emploi révèlent que la politique économique dispose de marges de manœuvre pour permettre une transition vers une économie compétitive permettant d’exploiter les avantages de l’Accord d’association”.

C’est ce qui ressort du bilan final de la mise en œuvre de l’Accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne. Pour atteindre cet objectif et compte tenu du retard de compétitivité de l’économie, un engagement de l’État algérien et un soutien coordonné et continu de l’UE sont indispensables.

Les conclusions de ce rapport final de 2009, faut-il le souligner, reprennent globalement les mêmes constatations contenues dans un précédent pré-bilan dont Liberté a eu déjà en exclusivité une copie. Néanmoins, ce nouveau document apporte plus de détails.

Ainsi, il y est mentionné : “Si les coûts à court terme de l’AA qui recouvrent l’impact sur les recettes fiscales, le creusement du déficit commercial hors hydrocarbures, les difficultés face à l’ouverture des entreprises domestiques en termes de compétitivité sont incontestables, la situation financière très saine de l’Algérie malgré la crise économique, autorise les réformes économiques pour accompagner l’économie de transition vers une économie compétitive et atténuer les coûts de l’ouverture”.

En ce qui concerne l’investissement direct européen, son niveau reste, selon les termes du rapport, inférieur à celui des investissements des pays en dehors de l’UE mais leur croissance rapide en fin de période leur a permis de rattraper le retard observé depuis 2003.

Il convient également de préciser que de nombreux investissements réalisés par les pays en dehors de l’UE ont concerné jusqu’à une date récente le secteur des hydrocarbures, peu investi jusqu’à une date récente par les pays de l’UE. Le bilan indique que la crise économique “a remis au premier plan la fragilité des équilibres macroéconomiques de l’Algérie qui reposent principalement sur le prix des hydrocarbures.

Au 1er semestre 2009, le déficit budgétaire représentait 1,9% du PIB et le déficit de la balance des paiements courants 1,3% du PIB”. Pour les rédacteurs de ce document, cette dépendance devrait conduire les autorités algériennes “à, d’une part, améliorer le pilotage macroéconomique en introduisant davantage de flexibilité dans les dépenses publiques et à relever, d’autre part, le défi de la compétitivité dans l’industrie et les services en ouvrant les marchés à la concurrence”.

En effet, alors que la plupart des pays connaissent du fait de la crise une désinflation rapide, l’écart d’inflation entre l’Algérie et l’UE s’est significativement accru (5%) au 1er semestre 2009. “Ce phénomène traduit une rigidité interne des prix probablement liée à des comportements de marge des entreprises, notamment importatrices, dans un contexte de baisse du prix des matières premières et de désarmement tarifaire. L’un des facteurs de la rigidité des prix à la baisse est sans aucun doute l’existence de marchés peu concurrentiels dans les secteurs-clés comme les infrastructures et le BTP”, notent les experts chargés de cette étude.

Abordant l’impact de l’accord d’association sur le commerce extérieur de l’Algérie et l’UE, ils estiment que le volume des échanges entre l’UE et l’Algérie ne représente que 1,8% des importations de l’UE et 1,2% des ses exportations. Par ailleurs, les déséquilibres des échanges hors hydrocarbures restent “faibles comparés aux excédents résultant des exportations d’hydrocarbures. Aussi, convient-il de relativiser les enjeux commerciaux des débats autour de l’AA”.

La part de l’UE dans les importations de l’Algérie a légèrement diminué

L’AA n’a, en outre, pas eu d’effet significatif sur les importations en provenance de l’UE et sur les exportations à destination de celle-ci. Si, à l’importation, la part des produits de la première liste en provenance de l’UE a légèrement augmenté, celle des autres catégories de produits a diminué.

De manière générale, la part de l’UE dans les importations de l’Algérie a très légèrement diminué. La part de marché de l’UE dans les importations algériennes a régressé passant de 57,4% en 2002 à 51,9% en 2007 au bénéfice de la Chine dont la part de marché a sensiblement augmenté de 2,8% en 2002 à 8,6% en 2007, passant ainsi devant les États-Unis.

“Les quatre premiers produits importés par l’Algérie représentent 43,9% des importations totales. Les produits sont dispersés dans à peu près toutes les branches et toutes les listes de l’AA. Des produits à faible valeur ajoutée côtoient des biens incorporant une technologie avancée. Le spectre des produits importés révèle les faiblesses de l’industrie (métallurgie, pharmacie, robinetterie) et de l’agriculture (lait concentré) malgré les réformes engagées dans le cadre de la nouvelle politique industrielle”, lit-on dans le rapport. Hors hydrocarbures, l’UE reste de très loin le premier client de l’Algérie. La proximité géographique mais probablement également l’Accord d’association qui est un aboutissement d’un ancrage de l’Algérie à l’Europe font de l’Europe un partenaire commercial incontournable de l’Algérie.

Autant pour les importations que les exportations, les échanges commerciaux entre l’Algérie et l’Europe sont concentrés sur trois pays méditerranéens. Ce phénomène structurel a des conséquences sur l’impact de l’AA dans la mesure où ces pays doivent s’impliquer particulièrement compte tenu des enjeux stratégiques dans la mise en œuvre de ce partenariat.

“À cet égard, les coopérations bilatérales qu’ils développent devraient être davantage coordonnées avec les actions engagées par la Commission européenne pour créer un effet de levier. Par ailleurs, l’Algérie devrait, de son côté, s’efforcer de diversifier ses partenaires européens pour mieux exploiter ses avantages comparatifs notamment dans le secteur énergétique”, suggèrent les auteurs de ce bilan.

Badreddine Khris