Liberté : Sofiane, un match héroïque, une bataille dantesque mais, à la fin, une cruelle défaite et une élimination qui font mal…
Sofiane Feghouli : Nous savions que nous avions tiré l’équipe la plus difficile de ce Mondial, un favori en puissance, une équipe expérimentée qui accède souvent en demi-finale.
Avant ce tournoi, nous avions à cœur de démontrer que l’Algérie était une grande nation de football en devenir. Aujourd’hui, nous sommes fiers de ce que nous avons réalisé.
Nous avons tenu tête à l’Allemagne et le match s’est joué sur quelques détails. Malheureusement, nous ne sommes pas passés. Félicitations aux Allemands.
Vous quittez le Brésil et ce Mondial avec, on imagine, beaucoup de souvenirs en tête…
La Coupe du monde, c’est le summum pour un footballeur. C’est ce qui se fait de mieux.
Ce sont des moments magiques, extraordinaires que seul un footballeur peut vivre ou raconter. C’est difficile à expliquer, mais ce ne sont que de grands souvenirs.
Vous ne vous dites pas que vous êtes passés à côté d’un énorme exploit ?
Cela s’est joué à rien. Nous avons marqué un beau but – je ne sais pas s’il était hors jeu -, nous avons joué un très grand football.
Nous n’avons rien à dire. Cela s’est joué sur des détails comme lors des grands rendez-vous.
Avant votre exploit de passer aux huitièmes, on parlait souvent de la génération 1982.
Dorénavant, parlera-t-on de celle de 2014 ?
L’équipe de 82 restera à jamais gravée dans l’histoire du football algérien. 2014, c’est autre chose, cette génération est composée de jeunes avec beaucoup de joueurs inexpérimentés. Elle promet pour l’avenir, si elle reste soudée et continue de mouiller le maillot pour le pays.
Sofiane, quelle image vous a le plus marqué durant cette Coupe du monde ?
La combativité de tous les Fennecs. Je suis fier de la solidarité que nous avons montrée sur et hors des terrains, avec des joueurs qui se sont battus. C’est la combativité de tous mes coéquipiers. Nous nous sommes tous battus pour un même objectif.
Quand je les voyais faire des sprints pour moi, j’avais envie de faire le double. C’est cela que nous cherchons dans le sport de haut niveau. C’est très rare de le trouver. Malheureusement, il y a beaucoup d’égoïsme, mais nous, nous avons démontré que chacun se battait pour l’autre.
Je suis vraiment ravi d’avoir participé à ce grand rendez-vous avec mes 23 coéquipiers. C’est une très belle aventure collective.
On vous a vu en larmes en toute fin du match. La cruauté de la défaite, peut-être ?
C’est toujours difficile d’accepter la défaite.
Nous avons fait un grand parcours jusque-là et personnellement, je n’aime pas perdre et c’est encore plus cruel quand nous voyons le match que nous avons réalisé. C’est le football et ce sont les meilleurs qui passent à la fin.
D’autant plus que le public brésilien scandait en chœur “Argelia, Argelia” en fin de match comme une belle marque de reconnaissance à votre héroïque prestation…
Je pense que les Brésiliens ont dû se régaler. Nous sommes une équipe qui se donne à fond, qui mouille le maillot et qui essaye de procurer du plaisir aux spectateurs. Nous ne trichons pas. Merci à eux de nous avoir soutenus.
Il y aura la CAN pour confirmer cette inoubliable épopée, d’autant plus que vous serez plus en confiance, plus expérimentés ?
Oui. Les éliminatoires arrivent vite, dès septembre. Il va falloir tout d’abord évacuer cette frustration. Après, nous aurons le temps de bien préparer les éliminatoires.
Cette expérience est exceptionnelle. Nous n’avons jamais joué des équipes aussi fortes. C’est chose faite, c’est un acquis. Maintenant, il faudra s’appuyer sur ce qui a été fait durant ce Mondial pour progresser davantage.