La presse spécialisée espagnole a annoncé, hier, que Repsol était prête à céder, au profit de la Sonatrach, sa participation de 30 % dans le groupe de gaz et d’électricité Gas Natural Fenosa.
Le groupe pétrolier algérien, qui dispose déjà de 4,007 % du capital de la société espagnole, pourrait devenir le deuxième investisseur après la caisse de retraite, La Caixa, qui se maintient à hauteur de 37%, ajoutent les mêmes sources.
Si cette affaire venait à se concrétiser, elle nécessiterait une enveloppe de 5 milliards d’euros. Ce qui la placerait en tête des placements de la Sonatrach à l’étranger. Mais, pour l’heure, aucune partie n’a souhaité s’exprimer sur cette opération qui risque de chambouler les équilibres énergétiques en Espagne.
Le retrait de Repsol du capital de Gas Natural est le fruit de pressions exercées par Ahorros y Pensiones de Barcelona, une importante institution financière connue sous le nom de La Caixa, qui est présidée par l’homme le plus fort du système politique en Espagne. Etant tous les deux sur l’activité du gaz en Espagne, Repsol influe sur les résolutions du conseil d’administration de GNF pour se maintenir toujours en position de leader.
La Caixa voit d’un mauvais oeil la position de Repsol dans le capital de GNF, car elles sont à la fois partenaires et rivales. Par ailleurs, Repsol commence à ressentir le poids de sa dette nette qui s’élève à plus de 7 milliards d’euros. Cette dette empêche désormais les grandes opérations d’investissement.
Il y a quelques semaines déjà, les actions de GNF à la Bourse espagnole ont été affectées dans leur valeur en raison des informations qui faisaient état du souhait exprimé par des responsables de Repsol de vendre leur participation de cette société. Ces mêmes informations indiquaient également que le groupe pétrolier espagnol avait engagé deux banques d’investissement afin d’évaluer sa participation.
Ces deux banques ont en effet pris contact avec plusieurs investisseurs et groupes pétroliers européens pour leur proposer l’éventuel rachat de la participation de Repsol dans GNF. Le groupe GDF Suez a été le premier à dévoiler les intentions de Repsol. Interrogés par la presse espagnole, les responsables de Gas Natural et de GDF n’ont pas souhaité faire de commentaire.
La Sonatrach encore timide Au terme d’un différend qui a duré plusieurs années, la Sonatrach a fini en juin 2011 par obtenir gain de cause et a décidé d’acquérir 38 183 600 actions dans le capital de GNF pour le prix de 13 48 euros l’action.
L’opération, d’un montant global de 514 millions d’euros, a permis au groupe pétrolier algérien d’accéder à 3,85 % du capital de la société espagnole.
Par la suite, les dividendes de la Sonatrach ont été convertis en actions, ce qui a permis, fin 2012, d’augmenter la participation algérienne à hauteur de 4,007 % avec 40 millions d’actions. On estime aujourd’hui à quelque 720 millions d’euros la valeur de ces actions.
Dès lors, comme le confirme la Sonatrach, la prise de participations dans le capital de GNF est une opération très rentable au vu de la stabilité de ses activités et surtout du créneau qu’elle a développé dans l’électricité et le gaz.
Si la Sonatrach décide d’acquérir les participations de Repsol dans GNF, elle deviendra le principal acteur énergétique en Espagne puisqu’elle intervient dans le transport et la vente du gaz et de l’électricité à travers cette société et Megdaz et même dans la production de l’électricité, par le biais des actions qu’elle détient dans Energia de Portugal (EDP).
M. Benzaki