Energies alternatives : L’heure des grands choix

Energies alternatives : L’heure des grands choix

L’éventail des solutions qui s’offrent à la transition énergétique en Algérie se développe et s’étoffe avec le rythme des découvertes et des recherches scientifiques menées dans ce domaine.

Les quelques expériences menées ici et là montrent que les possibilités techniques et les avantages naturels qu’offre la position géographique de l’Algérie (intensité d’insolation, exposition au vent) sont des facteurs encourageants, mais qui ont visiblement tardé à être exploités et mis à profit pour préparer l’alternative de demain et assurer une véritable transition énergétique.

Ce sont, en revanche, des pays financièrement peu opulents (Maroc, Espagne) qui se sont frontalement investis dans ce secteur innovant. L’énergie de source solaire et éolienne, les carburants biologiques (ou biocarburants) générés par la transformation de certains produits agricoles et, enfin, l’énergie nucléaire, sont aujourd’hui puissamment investis par les gestionnaires et les techniciens afin de supplanter progressivement les énergies fossiles qui ne tarderont pas à atteindre leurs limites historiques, aussi bien sur le plan des réserves géologiques que sur le plan de leur pouvoir pollueur. Cela, outre les aléas de la géostratégie mondiale qui impacte presque toujours le commerce des hydrocarbures.

Il demeure entendu que, d’après le coût de production de chaque type d’énergie appelée à servir d’alternative à l’énergie fossile, les voies techniques permettant sa production à grande échelle et sa généralisation domestique, ainsi que les menaces que présentent certaines autres sources d’énergie, comme le nucléaire, les choix techniques, économiques et politiques commencent à s’opérer avec plus de visibilité.

Le projet Desertec temporairement mis en veilleuse

C’est ainsi que, malgré un certain développement des éoliennes dans des pays comme la France et l’Allemagne, le continent européen dans sa majorité a rapidement opté prioritairement pour l’énergie solaire. Au milieu des années 2000, en plus de ces deux pays, c’était toute l’Europe qui avait opté pour le projet pharaonique intitulé Desertec. Ce dernier cible l’exploitation de gisement de soleil exploitable dans le grand Sahara pour alimenter l’Europe en électricité.

Ce projet, après les premières études d’exploration et de faisabilité, est aujourd’hui mis quelque peu en veilleuse, en raison surtout de son coût exorbitant (plus de 400 milliards de dollars). Mais, il demeure un projet techniquement viable, qui peut être exhumé à tout moment. L’Algérie se trouve largement concernée par ce projet futuriste. Notre Sahara accueillera des dizaines de stations de conversion connectées entre elles et reliées avec d’autres stations implantées en Libye, au Niger, au Mali, en Mauritanie etc.

Dans le cadre de l’investissement dans le créneau des énergies nouvelles et renouvelables, l’Algérie a déjà commencé à produire ses premiers panneaux solaires, dits photovoltaïques. L’usine abritant cette activité industrielle est installée à Rouiba, dans la banlieue est d’Alger, sur un périmètre de 4 hectares. La Sonelgaz est censée mobiliser pour ce projet un montant de 100 millions de dollars. Quant à la capacité de l’usine, elle a été prévue pour une fourchette de 50 à 120 mégawatts.

Vecteur du développement industriel

L’ancien ministre de l’Energie, Youcef Yousfi, avait affirmé, en 2011, que le programme national des énergies renouvelables sera à même d’induire la création, à terme, de 200.000 emplois. Le premier jet dans ce domaine d’activité compte quelque 65 projets pouvant assurer une production de 2.600 mégawatts d’électricité dans un premier temps. Les horizons en matière de production d’électricité ne se limiteront pas aux besoins nationaux. Les possibilités d’exportation pourront atteindre la puissance de 2.000 mégawatts.

Le ministre soutenait que le programme de production des énergies renouvelables est vu « comme un vecteur de développement industriel ». Il sera mis en œuvre selon un schéma d’intégration impliquant la « promotion des capacités nationales de réalisation, de production, d’exploitation et de maintenance ».

Les potentialités naturelles de l’Algérie dans le domaine du renouvelables sont connues et majoritairement répertoriées. La formation technique du personnel et de l’encadrement, même si elle est perfectible et devrait bénéficier des dernières connaissances dans le domaine, est quand même mise à l’épreuve dans les projets d’envergure moyenne, à l’image des foyers et de certains hameaux du Sud et des Hauts Plateaux raccordés à l’électricité solaire.

Des possibilités d’exportation des excédents de production

Par ailleurs, depuis 2013, deux grands projets de production d’électricité avec des énergies alternatives, sont lancés au sud du pays. Il s’agit de la centrale à alimentation hybride (gaz-solaire) de Hassi R’mel, d’une capacité de 150 mégawatts, et de la ferme éolienne à Adrar d’une capacité de 10 mégawatts.

Des partenaires étrangers, que l’Algérie sollicite pour des activités liées aux énergies renouvelables, il est attendu, selon l’ancien ministre de l’Energie, l’acquisition de technologies en ce qui concerne les laboratoires de recherche et l’expertise, la fabrication des équipements nécessaires au développement des énergies renouvelables en Algérie -car le coût de leur importation serait excessif- et l’exportation des excédents d’électricité produite à partir de ces énergies vers des marchés extérieurs, notamment européens.

Le glissement vers l’utilisation des énergies propres, et en particulier de l’énergie solaire, se fera progressivement, au rythme des facilités techniques et technologiques dont bénéficient l’industrie et la recherche dans ce domaine. Avant qu’un pic technologique soit atteint -ce qui supposera une massification de l’utilisation du solaire et une démocratisation de sa distribution-, l’énergie issue des hydrocarbures continuera logiquement à bénéficier de toute l’attention des pays producteurs et des pays consommateurs.