Les premiers kits «expérimentaux» fonctionnant à l’énergie solaire ont été installés dans le courant des années 70. Depuis, rien de sérieux n’a été accompli.
L’Algérie est classée deuxième dans le Monde arabe en matière de part de l’énergie renouvelable dans la production de l’électricité. Positionnée derrière l’Egypte, dont 10,2% de son électricité proviennent du renouvelable et talonnée par les Emirats arabes unis qui comptent 0,23% de renouvelable dans leur mixe énergétique, l’Algérie pourrait passer pour l’une des nations leader en la matière.
Or, la réalité du terrain démontre tout le contraire, puisque le programme national de développement des énergies renouvelable est l’un des plus anciens. L’Algérie est certainement l’un des premiers pays au monde à disposer d’un Centre de développement de l’énergie renouvelables (Cder). Les premiers kits «expérimentaux» fonctionnant à l’énergie solaire ont été installées dans le courant des années 70.
Il se trouve même que pour une bonne partie, ces installations produisent toujours de l’électricité. En outre, plus de 40 ans plus tard, la part du renouvelable dans la production de l’énergie en Algérie demeure toujours «expérimentale». Quelque 23 centrales produisent moins de 400 MGW d’électricité solaire. Cette portion marginale de l’électricité solaire, dans le pays le plus ensoleillé de la planète, relève de la caricature. Comparée à d’au-tres nations beaucoup moins «arrosées» par le soleil, l’Algérie fait figure de Lilliputien. La Norvège qui tire son électricité à hauteur de 97,9% de source renouvelable est un géant devant l’Algérie. D’autres pays ont pris exemple et développé des énergies alternatives. Le Brésil, la Pologne, le Canada, dont les niveaux d’intégration dépassent les 50% et pointent à plus de 81% pour le Brésil, ont pris une sérieuse avance sur l’Algérie. C’est dire que les autorités du pays et notamment, le département de l’environnement et des énergies renouvelables, n’a pas à exhiber la deuxième position arabe en matière de production d’électricité solaire.
Le retard est donc immense, mais le potentiel national, humain et technologique, à même de le résorber à moyen terme, existe. La volonté politique s’est également exprimée dans ce sens. Un véritable projet ambitieux qui consiste à faire faire à l’Algérie un bond historique en termes de production d’énergie renouvelable a été imaginé. Plus de 4000 MGW, principalement en solaire, devraient à l’horizon 2023 placer l’Algérie dans le club des nations développant une énergie propre. Il s’agit d’une série de stations de production d’électricité co-financées et gérées avec des entreprises étrangères détentrices de technologie, censée faire l’objet d’un transfert vers l’Algérie, avec à la clé une véritable industrie du renouvelable. Le projet a séduit beaucoup d’opérateurs spécialisés, d’autant que l’Algérie est destinée à rayonner sur toute l’Afrique. Il reste à lancer les appels d’offre pour concrétiser la «révolution» industrielle de demain.
Mais plus d’une année après la mise en oeuvre du processus et des dizaines d’heures d’entretiens avec des entreprises majors dans le domaine, le projet a visiblement pris le chemin d’un tiroir poussiéreux, au ministère de l’Environnement et de l’Energie renouvelable. Fatma-Zohra Zerouati n’évoque le sujet que superficiellement. Autant dire que les 4 000 MGW de mix énergétique durable et l’objectif de 23% d’électricité tiré du renouvelable dans la production électrique du pays se transforment, par la force de l’inertie en slogans creux.
Et dire que cette industrie du futur est créatrice de valeur ajoutée et de dizaines de milliers d’emplois pour l’économie du pays.
En 2017 et dans une conjoncture économique, énergétique et internationale des plus critiques, l’Algérie s’offre le luxe de rater un virage stratégique. Il n’existe aucune autre explication à l’immense retard de plus de 8 mois dans le lancement des appels d’offres devant permettre à l’Algérie de donner le coup d’envoi à son industrie du renouvelable.
Le manque apparent de volonté politique a freiné une dynamique prometteuse et installé le pays dans une léthargie dangereuse pour son développement. Le signal envoyé aux partenaires étrangers, comme à l’opinion nationale est très mauvais. Le coup d’arrêt donné au processus est, en effet, de nature à provoquer l’effondrement de la confiance et, partant, décrédibilise le discours du gouvernement sur la question.
En un mot comme en mille, l’Algérie a certes été pionnière dans l’imagination d’un monde fonctionnant à l’énergie durable. Mais dans les faits, les gouvernements successifs ont fait montre d’incompétence dans la traduction de cette imagination en actions positives pour la nation.