La compagnie pétrolière italienne ENI va rembourser la compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach après avoir puisé illégalement le gisement de Sif Fatma. C’est ce qu’a annoncé, ce matin, le Pdg de Sontatrach Amine Mazouzi, lors d’une conférence-débat animée à son siège sur le bilan 2015 de Sonatrach.
Après avoir réglé ce différend qui a duré plusieurs années, Sonatrach a renouvelé sa confiance en cette compagnie étrangère et a signé, la semaine dernière, une série d’accords d’une valeur de 20 milliards de dollars pour une production pétrolière de 11 milliards de mètres cubes. Il est également question dans ces accords de la prolongation des licences de production du réservoir Rhourde Ouled Djemâa (ROD), de ses champs satellites et de trois champs de production situés dans le bloc 403, durant les cinq prochaines années. Pour renflouer son fonds qui devrait prendre en charge le financement les projets de son plan d’investissement 2017-2018, Sonatrach a récupéré plus de 322 millions de dollars de dividendes cumulés ces dernières années.
Un supplément de 100 millions de dollars de dividendes devrait atterrir dans les caisses de l’entreprise d’ici la fin du mois de juin en cours, selon le conférencier. Aucun nouveau plan d’investissement n’a été consentit par Sonatrach pour l’année 2016 étant donné que les actions d’ajustement et d’optimisation lancées par la compagnie en 2015 ont obtenu des résultats satisfaisant, selon Amine Mazouzi. Tout en expliquant à ce propos que la chute erratique des prix du pétrole depuis 2014 n’a pas eu d’effet négatif sur la production primaire. « Nous nous attendons à un retour de croissance important de la compagnie au deuxième semestre de l’année 2016 «, a-t-il souligné. Sonatrach a de ce fait enregistré un rebond de 5% durant les trois derniers mois de 2015 et les toutes les actions menées à travers l’investissement dans le développement des gisements gaziers ont généré des quantités supplémentaires d’hydrocarbures à l’export et à la demande nationale de l’ordre de 3 millions de TEP. 2015 a été marquée par la croissance de 101% des coûts de la commercialisation par rapport à 2014. Par ailleurs, le chiffre d’affaires des exportations a baissé à 33,919 milliards de dollars contre 58,45% en 2014. Ce paradoxe a été expliqué par la chute des devises et la dépréciation du dinar en raison de la crise pétrolière.
Sonatrach prévoit d’exporter des produits transformés en 2019
Dans le détail, le Pdg de Sonatrach a exposé le bilan des différentes réalisations de la compagnie au cours de l’année 2015. Cette dernière a été marquée par le lancement et la maturation de plusieurs projets dans l’exploration et l’exploitation de nouveaux gisements découverts durant cette année. Parmi ces projets majeurs, Amine Mazouzi cite deux qui sont en maturation pour l’activité des E&P. Le premier se réfère à celui de Revamping des satellites Sud de Hassi Messaoud attribué à JGC au début de 2016 et le Boosting phase 3 de Hassi R’Mel qui assurera un apport additionnel de réserves récupérables de 400 milliards m³ de gaz naturel et un volume substantiel de condensat et GPL de 20 millions de tonnes.
En plus de ces projets en cours de réalisation, Sonatrach a finalisé durant l’année 2015 plusieurs études d’engineering ainsi que celui du mécanique du gazoduc GR5 (Reggane-Hassi-R’Mel). Des efforts de partenariats ont été également déployés sur deux nouveaux axes stratégiques inscrits dans la recherche de partenariat pour augmenter la production et la diversification géographique des partenaires potentiels. Citant à titre d’exemple le contrat signé avec General Electric pour la fabrication en Algérie de tête de puits et autres équipement pétroliers dont l’entrée en production est fixée à 2018. Sur la coopération pour la diversification géographique Amine Mazouzi a cité le dernier contrat conclu avec ENI. Plus de quatre projets de forage sont en cours de réalisation tandis que le projet d’exploration et extraction du gaz de schiste, est en phase d’étude selon le Pdg de la compagnie qui estime toutefois que « son extraction n’est pas à l’ordre de jour actuellement ».
Sonatrach vise ainsi à renforcer ses investissements dans le forage, le raffinage et la formation de hauts cadres qualifiés pour diriger les grands projets de la transformation des produits primaires et réduire ainsi ses importations qui ont fléchi à 2,4 milliards de dollars en 2015. L’objectif est de réduire davantage cette facture et exporter les produits transformés en 2019. Tous ces projets sont financés sur fonds propres de la compagnie en prélevant sur ses avoirs bancaires placés dans des banques publiques estimés à 270 milliards de dinars. Sans oublier la contribution des dividendes et du trésor au financement de ces projets. La compagnie nationale compte également investir dans la formation universitaire pour former des compétences nationales. Concernant les investissements de Sonatrach à l’étranger, Amine Mazouzi qui a présenté son bilan en présence du nouveau ministre de l’Energie Noureddine Bouterfa et d’autres cadres, a indiqué que « la compagnie est sur un projet de forage au Niger et au Soudan ». Il n’a pas donné plus de détail sur les projets et sur leurs contributions financières au développement de Sonatrach.