Des hommes armés l’ont jetée dans un pick up qui n’avait pas de plaques d’immatriculation. Depuis samedi en fin de journée, plus personne n’a de nouvelles de Sophie Pétronin, une humanitaire française enlevée vers 17 heures, dans son orphelinat installé dans un quartier populaire de Gao, située au nord-ouest du pays. Les recherches se poursuivent alors que le parquet de paris a ouvert dimanche une enquête.
Sophie Pétronin connaît bien le Mali. Installée dans le pays depuis une vingtaine d’années, ce médecin originaire de la région de Bordeaux, âgée de 66 ans, dirige une petite ONG. Avec « Aide à Gao », elle vient en aide aux enfants mal nourris dans son orphelinat, installé dans un quartier populaire de la plus grande ville du nord du Mali, qui lui sert également de domicile. Basée depuis 2001 à Gao, elle avait lancé la construction de sa maison en 2003 avant de créer l’Association d’entraide Nord Gao, avec des amis suisses.
L’humanitaire connaissait bien les risques de la région jugée instable par les observateurs. En 2012, elle a échappé de justesse aux islamistes armés qui avaient pris le contrôle de la zone. Elle avait alors été exfiltrée vers l’Algérie avant de revenir à Gao. « Elle n’avait pas de mesures de sécurité particulières parce qu’elle avait une toute petite ONG (…), assure sur BFMTV Michel Galy, spécialiste de l’Afrique. Au contraire, les grosses ONG agissent que par intermédiaires d’Africains, et de Maliens en particulier, dans toute cette zone. »
Et d’ajouter: « Elle a voulu rester et c’est tout à son honneur. »
Oeuvre d’islamistes?
Pour l’heure, aucune revendication n’a été reçue. Le ministère français des Affaires étrangères a assuré « qu’en lien avec les autorités maliennes, les autorités françaises sont pleinement mobilisées pour rechercher et libérer, le plus vite possible, notre compatriote ». « Nous poursuivons les recherches pour retrouver Sophie. Nous avons des hommes sur le terrain pour la retrouver. Mais jusque-là, il n’y a pas de résultat », a confié dimanche matin à l’AFP une source de sécurité malienne.
Le contrôle de la région de Gao échappe aux autorités maliennes et étrangères qui tentent de chasser les groupes islamistes. « Il y a plusieurs groupes que ce soit al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ou que ce soit le Mujao (le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest, NDLR), que ce soit Ansar dine, mais tant que l’on n’a pas de revendication c’est très difficile de le dire », détaille Michel Galy. Pour le spécialiste, il pourrait également s’agir d’un rapt crapuleux destiné à obtenir une rançon pour « acheter des armes et payer les combattants ». Même si la position officielle de la France est qu’elle ne paie pas pour la libération de ses otages.