Les enlèvements et les disparitions mystérieuses d’enfants dans plusieurs régions du pays suscitent beaucoup d’interrogations sur ce phénomène qui a pris des dimensions alarmantes et la psychose a gagné toutes les familles.
Que cachent les assassinats de Haroun et Ibrahim à Constantine, de Sanaa à Sebdou et tant d’autres enfants innocents, ainsi que les tentatives avortées du rapt d’enfants à Hennaya, à Azzedine (Béni Saf), à Sidi Ahmed, dans la commune de Remchi, et la liste est encore longue.
Que veulent ces ravisseurs que le commun des mortels qualifie de monstres sans foi ni loi ? Les tuer et vendre leurs organes ? Les utiliser dans des rituels de charlatanisme ? Se servir d’eux pour exhumer des trésors enfouis sous terre depuis des siècles ?
Plusieurs interrogations sans réponse se posent, et à ce jour, les enquêtes menées par les différends services de sécurité n’ont abouti à aucune affirmation privilégiant telle ou telle piste.
Ce phénomène est nouveau en Algérie, mais dans le pays voisin, le Maroc, les enlèvements d’enfants sont légion, comme rapporté quotidiennement par les médias marocains.
Dans ce pays, dit-on, les enfants «Zouhris» sont enlevés et égorgés à titre d’offrande aux «Djinns» pour déterrer des trésors.
Nous sommes à Bab El Assa, ville frontalière avec le Maroc, où quatre enfants, embarqués à bord d’un véhicule de type J5, ont réussi à échapper à leurs ravisseurs qui se sont évaporés dans la nature.
Selon les témoignages recueillis auprès des citoyens de la ville, «les enfants étaient certainement drogués par les malfaiteurs et devaient être conduits vers le Maroc. Profitant d’un arrêt au niveau d’une station d’essence, les enfants sont sortis du véhicule et ont pu être sauvés des mains de ces criminels qui ont pris la fuite».
L’on se rappelle qu’en mai 2008, les services de la gendarmerie de Maghnia ont mis hors d’état de nuire un réseau de trafic international d’organes dans lequel était impliqué un Marocain, S. M., âgé de 30 ans, qui a tenté d’enlever un enfant de 2 ans à Maghnia et qui avoua, lors de son audition par les enquêteurs de la Gendarmerie nationale, qu’«il appartenait à un important réseau de trafic d’organes implanté à Oujda, au Maroc, où un certain Abdeljalil Amar les attendait pour transférer l’enfant dans une clinique privée».
Selon D. Abdelkader, un trabendiste connu à Bab El Assa et très au fait de ce qui se passe à Oujda, «cette clinique appartient à un juif, mais les enfants sont aussi enlevés pour leurs particularités physiques qu’on appelle les ‘Zouhris’ que les ravisseurs vendent à des prix excessivement élevés, 450 000 dirhams par enfant, aux ‘Fkihs Soussis’ qui les utilisent pour trouver des trésors et cette pratique de la magie noire est très courante au Maroc».
Qu’est-ce qu’un enfant «Zouhri» ?
D’après un imam qui a tenu à garder l’anonymat, «les Fkihs Soussis» pratiquent ce genre de magie noire depuis des lustres et ce sont les juifs qui leur ont enseignés cette forme de charlatanisme qui croit en l’existence de trésors gardés depuis des siècles sous terre par des diables et des Djinns communément appelés «aâwarides» et de souligner que pour eux «enfant Zouhri» veut dire enfant chanceux.
Ces Fkihs estiment que la découverte et l’exhumation de ces trésors cachés nécessite une offrande au Djinn-gardien afin qu’il parte et abandonne le trésor.
C’est une sorte de pacte satanique entre le charlatan et le diable, caractérisé par l’offrande d’un enfant «Zouhri» qui sera égorgé sur les lieux du trésor. L’enfant en question présente quelques particularités pour ces chercheurs de trésor.
«Il doit être blond avec des yeux très clairs et dissymétriques et présente une ligne continue qui traverse la paume de sa main», indique-t-on. C
es charlatans sont tous originaires de la région de Souss, au Maroc, et dans les années soixante, beaucoup d’entre eux ont sillonné l’ouest et le sud-ouest algérien à la recherche des trésors perdus.
A cet époque déjà, beaucoup d’enfants avaient disparu, d’après les personnes âgées, et on appelait ces charlatans «ben-nas-nas». Toutes les mères mettaient en garde leurs enfants contre ces vautours.
Toujours selon notre imam, «la cérémonie d’exhumation de trésors se déroule en présence de plusieurs charlatans qui viennent généralement avec un croquis indiquant la description du lieu du trésor.
Les Fkihs marocains l’appellent «takyéda» et commencent alors le rituel par la lecture des oraisons qu’ils appellent «taâzima» afin de chasser les Djinns protecteurs du trésor qui leur demandent un enfant ‘Zouhri’ en offrande. C’est à ce moment que les charlatans égorgent l’enfant et le sacrifient pour un trésor imaginaire».
La légende marocaine atteste de cette forme de sorcellerie. Autrefois, les terres, les puits et les cimetières faisaient office de «caches de richesses» pour de nombreuses familles à défaut de banque.
Ces personnes emportaient généralement leurs secrets dans la tombe et ces trésors disparus deviennent à jamais, selon la légende soussie, la propriété des Djinns.
Pour les retrouver, il fallait offrir à ces esprits le sang des enfants «Zouhris» dont le direction prise par son écoulement désigne le lieu exact du trésor.
Cela montre à quel point l’obscanturisme aveugle était répandu chez une large frange de notre société qui croit encore en ces pratiques barbares et irrationnelles.
Lors d’une émission télévisée sur la chaîne marocaine 2M, beaucoup de Marocains sont venus témoigner de la disparition de leurs enfants présentant des caractéristiques de «Zouhris».
On a rapporté que plusieurs enfants de moins de six ans, portés disparus, ont été affreusement mutilés dans les régions rurales marocaines où la sorcellerie, le charlatanisme et les actes sataniques de la magie noire ont jeté l’effroi sur l’ensemble du territoire chérifien.
Les exemples cités lors de cette émission se sont déroulés à Adjelmous, région de Khenifra, où des dizaines d’enfants ont été enlevés entre 1999 et 2003 par des adeptes de la magie noire.
Leurs corps ont été retrouvés dans la forêt avoisinante, affreusement mutilés. L’un des enfants victimes a été retrouvé, selon ces témoignages, sans yeux.
Ce qui corrobore la thèse selon laquelle ces chérubins sont aussi enlevés pour leurs organes, notamment la cornée.
Les enfants enlevés au centre d’un vaste réseau international de trafic d’organes
D’aucuns ne s’accordent à dire que l’enlèvement et la disparition tragique de ces innocents en bas âge ne sont que des actes isolés de certains sadiques et autres aliénés mentaux.
On est en présence, certainement, de réseaux maffieux de trafic d’organes et certains enlèvements ou tentatives d’enlèvements à des fins sadiques n’ont été commises que pour fausser les pistes aux enquêteurs et dissimuler les véritables desseins de ces malfaiteurs, évoluant en réseaux organisés, et pour lesquels le gain est au-dessus de toute considération humaine.
A Bab El Assa, tous les citoyens étaient unanimes pour affirmer que «les enfants enlevés sont acheminés au Maroc pour leurs organes et que ce sont des juifs qui sont à la tête de ce trafic».
Les citoyens côtoient quotidiennement les populations marocaines, vu la proximité de la frontière, et ils n’ont pas tord de le dire.
L’on se rappelle qu’au mois de juillet 2009, le FBI arrêtait à New-York et à le New Jersey, un réseau de malfaiteurs spécialisé dans le trafic d’organes humains composé de juifs et de rabbins.
44 personnes, toutes des juives, ont été arrêtées, dont le rabbin Lévy Shaki, considéré comme l’un des principaux artisans du trafic d’organes humains en provenance de pays pauvres ou en guerre.
Au mois d’août 2009, un tabloïde suédois accusait les autorités israéliennes d’être impliquées dans le vol et le commerce notamment de la cornée et des reins.
Le journal accusait les forces du tsahal de kidnapping de jeunes Palestiniens sains pour les tuer et prélever leurs organes aux fins de commercialisation.
En août 2009, la section marocaine d’Interpol confirme les enquêtes menées par la Gendarmerie nationale et le FBI, selon lesquelles les accusations du tabloïde suédois Aflonbladet sont fondées et que le réseau du rabbin juif Lévy Ishak Rosenbaum s’approvisionnerait en organes humains à partir de l’Algérie via le Maroc, par l’intermédiaire de réseaux composés d’Africains, de Marocains et d’Algériens, spécialisés dans les enlèvements de jeunes Algériens, dirigés clandestinement vers le Maroc dans des cliniques situées à Oujda, afin de prélever leurs organes. Selon les mêmes rapports d’enquête, ces organes sont payés par les trafiquants à plus de 40 millions de centimes (dinars algériens) et revendus aux USA entre 20 000 et 10 000 dollars l’organe.
C’est le même Lévy Ishak Rosenbaum qui a révélé au FBI, lors de son audition, l’existence de trafic d’organes d’enfants algériens à partir du Maroc et a reconnu être le commanditaire.
Tous ces éléments avérés amènent à dire que les enlèvements et les disparitions d’enfants algériens ne relèvent pas du pur hasard, de cas isolés ou d’un quelconque concours de circonstances.
Le phénomène a pris des proportions plus qu’alarmantes et la société vit au quotidien dans la peur et la psychose.
Selon les estimations de l’Organisation internationale des migrations, une structure onusienne, 3000 enfants seraient victimes chaque jour de trafiquants et les gains générés par ce trafic humain est estimé à plus de 10 milliards de dollars par an tout en soulignant que ces trafiquants s’organisent en agissant par le biais de grands réseaux internationaux qui se livrent à de multiples activités comme le trafic de drogue, la fausse monnaie et la prostitution et d’indiquer que la pauvreté est l’une des principales causes du trafic d’enfant dans le monde.
Ce fut le cas de Haïti, par exemple, lors du séisme qui a frappé ce pays en 2010. Les trafiquants ont profité de la situation pour enlever des centaines d’enfants, selon le rapport de l’ONU.
Donc seules des campagnes de sensibilisation par le biais de médias lourds mais aussi dans les établissements scolaires peuvent conduire à limiter les risques d’enlèvements d’enfants L’accès à l’information est primordiale et les familles doivent connaître les risques que représente ce trafic et l’Etat doit renforcer son système répressif vis-à-vis de ces trafiquants en se dotant d’instruments juridiques dissuasifs à l’encontre des trafiquants.
B. Soufi