La demande de recensement des élèves absents le jour de l’Aïd el-Fitr par des policiers n’est pas passée inaperçue en France. Plusieurs partis se sont dressés contre la décision d’enquête, et le ministère de l’Intérieur et des Outres-mers n’a eu d’autres choix que de s’exprimer publiquement pour clarifier la situation.
À travers un communiqué public, ce dernier prône l’incompréhension des partis concernés et la « maladresse » des agents chargés de transmettre la consigne. Cette réponse vient apporter les clarifications demandées par certaines associations antiracisme et comités musulmans, qui avaient exprimé leur indignation face à la situation.
Enquête sur l’absentéisme en France : le ministère de l’Intérieur dément les accusations de « fichage »
Plus tôt dans le mois, certaines écoles de Haute-Garonne (notamment à Toulouse et Montpellier) ont reçu une demande très spécifique qui a pour ainsi dire choqué l’opinion publique. Les services de police régionaux ont demandé aux chefs d’établissements scolaires d’établir des rapports sur le taux d’absentéisme à la date précise de 21 avril 2023.
L’enquête sur cette date précise, qui coïncide avec le jour de l’Aïd el-Fitr, a amené l’opinion publique à penser que l’État français souhaite « ficher » les élèves de confession musulmane.
À LIRE AUSSI : Quand la police française enquête sur l’absentéisme des élèves musulmans durant l’Aïd el-Fitr
Contrairement à ce qui a pu être affirmé au cours des derniers jours, le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer ne pratique bien évidemment aucun fichage des élèves en fonction de leur confession.
Aucune donnée nominative n’a été ni demandée ni recensée à aucun moment. pic.twitter.com/U8rs5t3rtH
— Sonia Backes (@SoniaBackes) May 21, 2023
Le mouvement a très vite tourné à la polémique et la gronde populaire s’est d’abord faite entendre sur les réseaux sociaux. Plusieurs politiciens et députés se sont notamment indignés de l’extrémisme de la mesure et de son fondement islamophobe. Ce fut ensuite au tour des associations de protection des collectivités religieuses d’exprimer leur mécontentement et leur inquiète face à la situation.
SOS-Racime, une des plus influentes, va jusqu’à demander explicitement au Gouvernement de s’expliquer sur ses agissements « Cette demande est particulièrement choquante en ce qu’elle associe la pratique religieuse musulmane à une question de sécurité ou de renseignement intérieur…. ».
?Après le scandale du comptage par la police de l’absentéisme le jour de l’Aïd-el-Fitr, le ministère de l’@Interieur_Gouv se justifie en assumant et en se moquant du monde ! #Toulouse #aidelfitr
Notre communiqué ? pic.twitter.com/v6R7dCMslW
— SOS Racisme – #NonAuRacisme (@SOS_Racisme) May 21, 2023
La réponse du ministère ne s’est pas faite attendre suit à ça. Le secrétariat d’État, présidé par Sonia Backès, publie un communiqué explicatif où le ministère se défend de toute accusation de « fichage ».
Il s’agirait ainsi d’une simple étude sur l’impact des fêtes religieuses sur le fonctionnement des services publics, dont le système scolaire. « Aucune donnée nominative n’a été demandée ni recensée à aucun moment » ajoute le communiqué.
La Grande Mosquée de Paris réagit à la polémique sur l’absentéisme des élèves musulmans
Peu convaincue par la réponse de Sonia Backès, la Grande Mosquée de Paris demande de son côté des éclaircissements plus spécifiques sur la nature de cette étude.
Selon cette dernière, une circulaire permet aux élèves de s’absenter pendant les célébrations religieuses. Tout recensement des absences dans ce sens porte alors atteinte à la liberté de culte et outrepasse le principe de laïcité de la nation.
À LIRE AUSSI : En France, les Républicains lèvent le voile sur leur projet anti-immigration
« Alors qu’un dispositif réglementaire donne la possibilité aux élèves d’être absents à l’occasion de leurs fêtes religieuses, cette demande d’évaluation porte atteinte à la liberté religieuse et jette encore une fois l’opprobre sur les musulmans de France » explique le communiqué.