Avant même de savoir marcher, certains bébés manipulent déjà un téléphone portable comme des professionnels. Les enfants sont exposés aux écrans de plus en plus jeunes.
Immergés dans leur bulle, ils sont déconnectés de la vie réelle. Par manque d’autorité ou pour avoir la paix, de nombreux parents laissent faire. Aucune limitation des horaires d’utilisation des réseaux sociaux et autres jeux en ligne n’est imposée. Résultat : les outils numériques prennent trop de place dans la vie familiale. Exit la lecture, les échanges et les jeux parents-enfants. Un nouveau phénomène qui prend de l’ampleur dans notre société.
Yasmine, 32 ans
«J’ai deux enfants âgés respectivement de 7 et 5 ans. Je dois admettre qu’ils ont souvent leurs tablettes entre les mains. Ils jouent à des jeux en ligne et regardent leurs dessins animés préférés. De retour du boulot le soir, je suis tellement lessivée que cette occupation m’arrange. Leur papa est dans le même état que moi. Au début, nous avons essayé d’imposer un timing pour cette connexion, mais nous avons fini par baisser les bras tellement nos enfants nous réclamaient leurs tablettes à grands cris. Pour être tranquille et préparer mon dîner dans le calme, je cède facilement. Le week-end, mes enfants peuvent rester plus de 6 heures en face des écrans. Je pense que je leur ai donné de mauvaises habitudes. Hélas, j’ai du mal à redresser la barre.»
Kahina, 34 ans
«J’ai eu une mauvaise expérience avec les écrans. Mon fils a commencé à m’arracher le téléphone portable des mains alors qu’il n’avait pas encore un an. Puis ce fut autour des tablettes. A l’âge de 3 ans, il avait un retard de langage. Sa pédiatre m’a alertée sur le fait d’avoir substitué les échanges mère-enfant par des outils numériques.
Dès lors, j’ai confisqué la tablette de mon fils. Cela n’a pas été facile car il avait développé une sorte d’addiction aux écrans. J’ai dû changer mon organisation en créant des moments de partage avec mon fils : faire un gâteau ensemble, lire une histoire, aller en promenade… Du coup, son vocabulaire s’est rapidement enrichi et son retard de langage a été vite réglé à mon grand soulagement. Je pense que rien ne peut remplacer l’échange avec les enfants. Aujourd’hui, les petits sont retranchés dans une sorte de bulle.
Les parents cèdent à la facilité en pensant avoir trouvé une sorte de liberté. Ils peuvent regarder le journal télévisé tranquillement et faire des mots croisés, pendant que leurs enfants sont livrés à eux-mêmes. Il ne faut pas que les nouvelles technologies détournent les parents de leur devoir. Les conséquences sur les petits peuvent être désastreuses.»
Djamel, 45 ans
«J’ai trois enfants de 13, 10 et 8 ans. Les règles d’utilisation des écrans sont strictes : une demi-heure pendant la semaine et une heure par jour le week-end. Certes, il faut vivre son époque, les enfants doivent savoir utiliser internet. Mais les dangers qui les guettent sur les réseaux sociaux ne sont pas à occulter.
L’abus d’utilisation des écrans bousille la vue, provoque des troubles du sommeil et aurait, selon des études très sérieuses, des conséquences sur le développement du cerveau. La responsabilité des parents est entièrement engagée. C’est à eux de fixer les règles d’utilisation.»
Khawther, 41 ans
«Oui, je suis consciente que ces joujoux sont dangereux. Pour des raisons pratiques, j’ai acheté des téléphones portables à mes deux filles. L’une est au collège et l’autre au primaire. Comme je travaille toute la journée, j’ai besoin de rester en contact avec elles afin de m’assurer qu’elles sont bien rentrées à la maison. Elles ont leur téléphone scotché à la main même lorsqu’on passe à table. Mes filles échangent beaucoup avec leurs copines sur les réseaux sociaux. Cela peut concerner les devoirs à faire ou de simples commentaires sur les faits marquants de leur journée. Les bips intempestifs des notifications qu’elles reçoivent durant les repas nous énervent leur père et moi-même. Pendant la période des compositions, nous confisquons leurs appareils, mais dès que les examens sont passés, les connexions reprennent de plus belle.» L’ère des écrans va-t-elle sonner la fin des relations familiales et sociales? Les enfants imitent les adultes. Leur regard et leur cerveau sont happés par ces écrans lumineux qui les éloignent de leur entourage. Ce qui n’est pas sans conséquence sur leur santé.
Obésité, retard de langage, troubles du sommeil, baisse de l’acuité visuelle et retard dans le développement du cerveau ont été signalés par les médecins. Trop exposés aux écrans, les enfants passent devant une enfance plus équilibrée. La sonnette d’alarme est tirée. La responsabilité des parents est plus que jamais pointée du doigt.