Le Pr Nadjia Zermane, victime elle aussi du courroux de la direction de l’Ensa, vient de recevoir une mutation.
Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique chercherait des faux-fuyants dans l’affaire des deux enseignants chercheurs licenciés de l’École nationale supérieure d’agronomie (Ensa, ex-INA) d’Alger, pour s’en laver les mains. “Nous avons rencontré le ministre, Tahar Hadjar, qui a reconnu qu’il y a des problèmes à l’École d’agronomie, mais il a demandé de suivre les procédures : faire un recours auprès de la commission nationale de recours”, nous a déclaré hier, au téléphone, Farid Boutaba, membre du bureau national (BN) du Conseil national de l’enseignement supérieur (Cnes).
Ce dernier a rappelé que son syndicat “fait partie” de cette commission et qu’il défendra les droits des personnes sanctionnées, précisant que les enseignants doivent “d’abord régler la question du licenciement”, puis celle des “relations avec l’administration (de l’Ensa)”. C’est le 14 novembre dernier, jour du rassemblement de soutien avec les enseignants de l’Ensa, devant le siège du ministère de l’Enseignement supérieur, que le Cnes avait rencontré
M. Hadjar, mais dans l’après-midi. Dans la matinée, lors du sit-in,
M. Boutaba a indiqué que son syndicat “ne se taira pas” et que “cette injustice est réparable”.
Entouré des autres membres du BN, le responsable syndical avait dénoncé “énergiquement” les attaques contre les enseignants de l’Ensa et “ces licenciements arbitraires”.
De son côté, M. Belazhar, un autre membre du BN du Cnes, avait affirmé que “l’Algérie est en guerre contre l’injustice et les dysfonctionnements”, promettant de “porter le message” des manifestants au ministre. Les enseignants licenciés Rosa Issolah et Aïssa Abdelguerfi font partie d’un collectif d’enseignants soucieux de “la préservation du prestige” de l’Ensa, une des plus anciennes écoles du supérieur et donc, de “la formation de qualité” et de “l’égalité des chances” des étudiants. Depuis plusieurs mois, le groupe d’enseignants a dénoncé
les “dérogations” d’inscription en 1re année “sans la moyenne requise” et en doctorat “sans concours”.
Il a même saisi, par écrit, le directeur de l’Ensa, le ministre de l’Enseignement supérieur et le président de la République. L’affaire a été relayée par la presse nationale pour interpeller les plus hautes autorités du pays sur les problèmes posés. La réaction a été rapide : deux enseignants du collectif ont été licenciés de “façon illégale et arbitraire”. Quant au Pr Nadjia Zermane, elle vient de recevoir une mutation.
Il y a quelques jours, le directeur de l’Ensa qui s’est exprimé via le quotidien El Watan, a confié que ces enseignants “ne sont pas encore licenciés”. Que se passe-t-il au juste à l’Ensa ? Et pourquoi la tutelle a-t-elle décidé, plus récemment, de rayer la participation du Pr Abdelguerfi, au Forum régional pour le développement des légumineuses alimentaires, qui se tiendra les 28, 29 et 30 novembre 2016, à Mostaganem, alors que ce dernier a été invité par le recteur de l’université Ibn-Badis, pour intervenir sur la “valorisation de la diversité génétique, biotechnologie” et à présider une session sur la “production de semences de qualité” ?
La réponse—partielle—est venue du Syndicat national des chercheurs permanents (Sncp), affilié à l’UGTA. Dans un communiqué parvenu à la rédaction, le bureau national du Sncp a apporté des “clarifications” sur les dérogations pour l’accès au doctorat LMD, en condamnant “l’instrumentalisation” de ce dossier par “une infime minorité d’enseignants universitaires”. Il a aussi signalé que cette dérogation concerne “exclusivement les chargés d’études recrutés avant le 31/12/2007, dont le grade avait été mis en extinction par le statut du chercheur permanent”. Pour le Sncp, la dérogation de la tutelle est une de ses revendications, qui reste la “seule possibilité de les rétablir dans leurs droits”.