Une note émanant du ministère de l’Éducation concernant l’enseignement de la langue amazighe vient de susciter une vive polémique, autour notamment du statut de Tamazight. Face à cela, la tutelle s’est vite rattrapée en apportant des précisions.
Il s’agit de la circulaire-cadre n°1394 émise le 14 août et qui porte sur l’organisation exceptionnelle de la scolarité dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19. Dans ce document, il était clairement mentionné une baisse du volume horaire de cette matière, mais aussi faisant passer l’enseignement de cette matière au second plan.
Autrement dit, la tutelle a indiqué que l’enseignement de cette langue ne doit pas avoir un emploi du temps fixe. Une fois divulguée, la note a suscité une vive polémique, notamment si l’on prend en compte le statut dont jouit cette langue dans la constitution.
En effet, le statut de langue officielle, dont bénéficie tamazight depuis 2016, oblige les autorités à élargir son enseignement, et à « œuvrer pour sa promotion ».
La réaction du HCA
Outre les enseignants, les parents d’élèves et différents activistes de la cause amazighe, le Haut-Commissariat à l’Amazighité a également réagi, dans un communiqué, à cette annonce, en demandant une rencontre avec le ministère de l’Éducation.
« En réaction aux informations relayées sur les réseaux sociaux concernant la publication de la circulaire du ministère de l’Éducation nationale … y compris le volet enseignement de la matière tamazight, et après avoir relevé une certaine ambiguïté dans la rédaction de ce document, le HCA a adressé une correspondance, classée urgente, à M. le ministre », lit-on dans le communiqué.
Dans sa correspondance, le HCA a demandé au ministère « de surseoir à l’application du contenu de cette circulaire ou d’adresser une note explicative pour lever toute ambiguïté de son application par les directeurs des établissements de l’éducation et de l’enseignement des trois paliers ».
Suite de quoi, « les deux parties ont convenu de tenir une rencontre de concertation dans les prochains jours pour examiner les voies de consécration d’un cadre de concertation permanente dans la sérénité et dans un esprit de dialogue constructif », ajoute le HCA.
Cette réunion intervient également pour « la prise des mesures nécessaires pour poursuivre le renforcement et la consécration de l’enseignement de tamazight conformément aux engagements de l’État », a précisé la même source.
Les précisions du ministère de l’Éducation
Pour sa part, le ministère de l’Éducation nationale a tenu à nier d’avoir mis l’enseignement de Tamazight au second plan en soulignant « qu’il n’était pas mentionné dans la circulaire l’enseignement de Tamazight en dehors du volume horaire officiel ».
Selon lui, ledit document « prévois dans ses dispositions organisationnelles la poursuite de la scolarisation, en dépit des conditions exceptionnelles dictées par la crise sanitaire induite par la pandémie (Covid-19), à savoir la distanciation physique et le maintien du travail par groupes et l’alternance des groupes, les cours devant être dispensés au quotidien, soit la matinée ou l’après-midi ».
Pour rappel, la Constitution prévoit, à ce sujet que « Tamazight est également langue nationale et officielle. L’État œuvre à sa promotion et à son développement dans toutes ses variétés linguistiques en usage sur le territoire national. Il est créé une Académie algérienne de la langue amazighe, placée auprès du président de la République ».
« L’Académie, qui s’appuie sur les travaux des experts, est chargée de réunir les conditions de la promotion de tamazight en vue de concrétiser, à terme, son statut de langue officielle. Les modalités d’application de cet article sont fixées par une loi organique ».