Abdelhak Boudraâ, directeur général de l’Office national des œuvres sociales (Onou), a été démis de ses fonctions hier. Majid Kaci, vice-recteur chargé de la planification, de l’orientation et de l’information à l’université Alger 1 le remplace à la tête de cet organisme.
Les raisons de ce changement à la tête de l’Onou sont dues essentiellement « aux dépassements qu’a connus le secteur engendrés par la situation catastrophique des œuvres universitaires », que le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Tahar Hadjar, avait lui-même reconnus. En effet, il y a quatre mois, il a affirmé que plusieurs dépassements perturbent les œuvres universitaires, ce qui devait alors conduire à la tenue d’une réunion d’évaluation – en septembre 2016 – mais maintes fois reportée. D’ailleurs, à ce jour, elle n’a toujours pas eu lieu.
Des reports motivés par la nécessité d’identifier les « dysfonctionnements » avant la préparation de la conférence d’évaluation qui s’inscrivait dans le cadre de la restructuration de l’office des œuvres universitaires, appelée de leurs vœux par les organisations estudiantines qui sont allées jusqu’à demander la dissolution de l’Onou après le constat d’anomalies, entre autres dans l’attribution de plusieurs contrats publics au niveau de plusieurs wilayas, dont s’est rendu coupable notamment la Direction des œuvres sociales d’Es-Senia à Oran. A la nouvelle de l’éviction du directeur général de l’Onou, l’Union générale estudiantine libre (Ugel) s’est félicitée, par l’intermédiaire de son secrétaire général Salaheddine Daouadji, de l’annonce du changement par le ministre.
« Nous avons publié plusieurs rapports et communiqués autour de ce qu’a eu à gérer le secteur des œuvres universitaires comme dossiers que l’ex-directeur n’a pas réussi à résoudre », indique un communiqué de l’organisation estudiantine. Salaheddine Djaoudi est, par ailleurs, revenu sur le quotidien des résidences universitaires depuis plusieurs mois, ponctué par les protestations et les grèves provoquées par « l’obstruction de la voie du dialogue par le même responsable » des œuvres universitaires, selon le représentant syndical. « Le secteur a fait les gros titres de la presse (…) Ceci après la mise en lumière des dossiers de mauvaise gestion et de corruption, ce qui a conduit de nombreux responsables à être entendus par la justice », rappelle le secrétaire général de l’Ugel. En effet, en 2015, pas moins de 18 responsables de résidences universitaires ont été cités dans des affaires de mauvaise gestion et de malversations. Le secrétaire général de l’Ugel a également fait part de son espoir de voir « cette initiative positive » amener Majid Kaci, le nouveau directeur général de l’Onou, à « entamer le dialogue avec les différents partenaires sociaux et engager sérieusement la réforme des œuvres universitaires suivant une vision novatrice qui assurera à l’étudiant ses droits ». M. Daouadji a, en outre, fait part du vœu de son organisation de voir s’ouvrir « une enquête approfondie sur plusieurs questions épineuses qui minent le secteur ». Il semble que le décès de deux étudiantes résidant au niveau de deux cités universitaires à Sétif, mais également la grève des résidentes de la cité universitaire Mohamed-Yousfi d’Alger ont précipité l’éviction de Abdelhak Boudraâ. Pour rappel, ce dernier a été nommé en janvier 2014 directeur général de l’Onou après avoir été à la tête de la Direction des œuvres sociales de la wilaya de Béjaïa. L’aide que gère l’Office national des œuvres universitaires comprend essentiellement l’hébergement, la restauration, le transport et la bourse.
Le tout pour une somme estimée à 120 milliards de dinars annuels, soit plus de 47% du budget alloué au secteur.