65% des déchets ménagers sont générés par les habitants des 14 wilayas côtières, selon les conclusions d’une étude réalisée par l’Agence nationale des déchets (AND) présentées lors de l’atelier de formation sur l’environnement, organisé à la Maison de l’environnement de Tipasa.
Au cours de cet atelier, destiné aux journalistes, le directeur de l’AND Naamane Karim a présenté une communication pertinente qui a permis de dévoiler que les 14 wilayas côtières, qui représentent 4% du territoire, sont les plus grandes pourvoyeuses de déchets puisque 65% de la totalité des déchets sont produits sur cette bande du littoral. Pour lui, la gestion moderne des déchets repose sur la séparation des familles de déchets à la source tout en impliquant le producteur et la récupération à outrance. La nouveauté dont il faut tenir compte à l’avenir est que le mode de vie a beaucoup changé ces dix dernières années avec l’arrivée massive du plastique, des emballages, des cartons, etc. Ce qui implique une diminution des déchets organiques, d’où la nécessité de mettre en place un plan national qui tienne compte de tous ces changements.
Il ressort de la communication du directeur sur la gestion intégrée des déchets, les acquis et les perspectives que les pouvoirs publics maîtrisent parfaitement le problème. Ils ont mis en place un arsenal juridique très pointu mais il reste à appliquer la politique tracée et convaincre les citoyens et autres responsables des collectivités locales sur leur responsabilité. Et apparemment, c’est là que le bât blesse. Comment mobiliser toutes ses énergies et éviter les erreurs du passé, qui sont bien identifiées, afin que le casse-tête de la gestion des déchets n’en soit plus un.
L’orateur, dont la présentation a été pédagogique et plaide en faveur de la séparation à la source, « seule solution pour en finir avec ce fléau », insistera sur la définition et la classification des déchets qui obéissent chacun à un mode de traitement particulier et, par conséquent, une politique nouvelle.
Abordant la question de la composition de ces déchets (ménagers, spéciaux, assimilés et inertes), le directeur expliquera que 55% des déchets sont d’origine organique et peuvent être récupérés à travers des actions de compostage, 32% sont des plastiques qui peuvent faire l’objet de récupération et par conséquent de recyclage, 13% de textile 10% sont constitués de cartons, 10% de métaux divers, 1% de verre et 2% classés comme autres.
Le dilemme des centres d’enfouissement technique
Si l’on en juge par l’expérience de ces 20 dernières années en matière d’enfouissement techniques des déchets, il semble qu’on soit devant une impasse, étant donné que le problème de la pollution, au lieu d’être réglé, a seulement été déplacé. Comme l’expliquera de manière pertinente l’orateur, les déchets qui se déversaient avant dans les oueds, en mer, sur les nappes phréatiques et autres places publiques, ont été transférés en un lieu précis. Autrement dit, on est passé de la décharge sauvage qui essaimait toutes nos villes à une décharge contrôlée, installée sur un site bien défini, et dont la majorité est saturée. Alors que faire ? L’expérience aurait pu être concluante si le tri s’était fait à la source. L’expérience a fait son temps et toutes les collectivités locales se trouvent face à un dilemme étant donné que la durée de vie de ces derniers a été très mal calculée. On se trouve alors face à des montagnes de déchets. Au sujet des Centres d’enfouissement technique (CET), qui ont été présentés cette dernière décennie comme la panacée et la solution définitive au casse-tête de la gestion des déchets, on apprendra qu’il existe trois classes de centre selon la famille (ménagers, spéciaux ou inertes), et qu’ils mobilisent énormément de foncier, puisqu’il faut, selon Naâmane Karim, 400 ha de terres, dont 260 pour la partie nord du pays, et 40 pour la ville d’Alger, pour absorber tous les déchets.
Durant l’année 2016, l’AND indique que sur un volume total de 23 millions de tonnes de déchets récupérés au niveau national, 11,5 millions de tonnes sont constitués de déchets ménagers, 11 millions de tonnes de déchets inertes, 400 000 tonnes de déchets spéciaux dont 40 000 viennent des déchets hospitaliers. Il citera l’exemple des Centre de stockage des déchets (CSD) qui sont en cours en Europe et qui, non seulement ne mobilisent pas beaucoup de terrain, mais ne sont le réceptacle que des déchets organiques qui pourront, plus tard, à leur tour, être récupérés.
58 milliards de dinars jetés à la poubelle
Ils constituent un véritable gisement financier qui peut être valorisé pour peu qu’on se donne la peine de le récupérer et le recycler avec à la clé la création de milliers d’emplois.
La valeur estimée de ce gisement, selon le Directeur général de l’AND, a été estimée à 58 milliards de dinars, dont 38 milliards pour les PET (bouteilles en plastique pour l’eau et les jus). L’autre exemple édifiant est celui de la récupération de papier au niveau
de l’administration, dont le volume par agent a été quantifié à 19 kg, l’équivalent de 7 rames de papier. Ce qui équivaut à 2 800 DA à économiser.
S’impliquer dans la défense de l’environnement
La mission de contrôle et de suivi de l’AND a été reprise en main et compte impliquer davantage les citoyens en les incitant à appeler le numéro vert ou intervenir directement dans le site en envoyant des photos et vidéos pour signaler des problèmes liés à l’environnement. L’AND se chargera de transmettre le message aux responsables de la situation. Cela permettra de créer une chaîne pour la préservation et la protection du cadre de vie.
Alors, en attendant que les pouvoirs publics prennent le taureau par les cornes, en optant pour le tri à la source et la récupération, en impliquant également les producteurs et envisager des sanctions, comme cela se fait dans tous les pays du monde, on continue à culpabiliser le citoyen, qui est certes incivique, et a de plus la haine de lui-même puisqu’il pollue son environnement direct.